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« Je travaille dans la pêche aux appâts et j’étais à la plage en me rendant au travail lorsque le tsunami a frappé. Alors que je me préparais pour le travail de la journée, j’ai entendu une sorte de bruit. Tout le monde se tourna et regarda vers la mer. Je l’ai vu aussi. L’eau montait jusqu’à un nuage.
—Arjunan Anjappan, survivant du tsunami de 2004 dans l’océan Indien
Exposition UNESCO « Tsunami : un changement radical pour la résilience »
Un tsunami, souvent interprété à tort comme une simple vague océanique surdimensionnée, est l’une des forces naturelles les plus destructrices. Barry Hirshorn, sismologue au Scripps Institution of Oceanography, s’efforce de fournir des alertes aux tsunamis aux populations côtières aussi précisément et rapidement que possible.
« Un tsunami est essentiellement une onde gravitationnelle », explique Hirshorn. Ce terme, utilisé dans les communautés scientifiques, met l’accent sur le rôle de la gravité dans les oscillations des colonnes d’eau. Les déplacements importants sont souvent causés par l’activité tectonique : la source la plus courante de tsunamis réside dans les zones de subduction, où une plaque tectonique glisse sous une autre. Au fil du temps, les contraintes s’accumulent le long de ces lignes de faille et, lorsqu’elles sont relâchées, le fond marin monte ou descend, déplaçant des volumes d’eau colossaux.
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Hirshorn cite comme exemple le tsunami du 26 décembre 2004 dans l’océan Indien : « Le fond marin s’est soulevé sur une longueur plus longue que l’État de Californie, créant une énorme colonne d’eau… lorsque la colonne d’eau s’effondre, cette énergie rayonne vers l’extérieur, créant le tsunami », ajoute-t-il. Ce phénomène produit en fait non pas une seule vague mais une série d’ondes, qui peuvent parcourir de vastes distances avec une énergie immense.
Cela ressemble plus à un rouleau compresseur fait d’eau, une vague rapide traversant la terre.
Même si l’énergie d’un tsunami se disperse dans toutes les directions, son impact n’est pas uniforme. “Vous obtenez un tsunami beaucoup plus fort à 90 degrés de la faille”, explique Hirshorn, ce qui s’est produit lors du tsunami de 2004. Cette direction de la rupture sous-marine, survenue au large des côtes indonésiennes, a déterminé l’intensité et la direction du tsunami, provoquant des ravages disproportionnés dans certains pays comme le Sri Lanka, mais des dégâts et des morts jusqu’en Tanzanie et en Thaïlande.
Si la ceinture de feu du Pacifique est un foyer de tsunamis en raison de ses nombreuses zones de subduction, aucun océan n’est à l’abri. Le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 a généré un tsunami qui a dévasté la côte atlantique de l’Europe, rappelant qu’ils peuvent prendre naissance partout où une activité sous-marine massive pourrait en déclencher un. Et ces événements ne doivent pas nécessairement être le mouvement de plaques continentales entières. Hirshorn raconte également l’éruption volcanique sous-marine record de 2022 près des Tonga, qui a créé un tsunami et généré des vagues qui ont fait le tour du globe.
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En haute mer, un tsunami peut sembler bénin, avec une hauteur inférieure à un mètre. Cependant, à mesure qu’elle s’approche du rivage, la vague ralentit et croît de façon exponentielle. “L’énergie cinétique se convertit en énergie potentielle, créant l’imposant mur d’eau que nous associons aux tsunamis”, explique Hirshorn.
Une idée fausse très répandue à propos des tsunamis est qu’ils ressemblent à une seule vague géante déferlante. Hirshorn précise : « Cela ressemble plus à un rouleau compresseur fait d’eau, une vague rapide traversant la terre. » Cette force permet aux tsunamis d’inonder des zones situées à des kilomètres à l’intérieur des terres, provoquant des destructions généralisées au-delà de la côte.
Une autre caractéristique étrange des tsunamis est que les ports se vident parfois avant que la vague ne frappe. “Cela dépend de la position du port par rapport à la faille”, explique Hirshorn. Dans certains cas, l’océan recule considérablement, ce qui constitue un signe avant-coureur naturel d’une vague imminente. Le tremblement de terre de 1964 en Alaska a provoqué le vidage des ports avant qu’une vague massive ne frappe, ce dont Hirshorn se souvient comme un moment déterminant dans la prise de conscience du tsunami.
Mais le tsunami de 2004 dans l’océan Indien se distingue par son ampleur et par la révolution qui a suivi dans la science des tsunamis.
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Avant 2004, la création de systèmes d’alerte était souvent une réponse à la catastrophe d’un tsunami. Cependant, après le tsunami de 2004, le paradigme a évolué vers une surveillance proactive en créant des alertes aux tsunamis dans davantage de bassins océaniques. “Nous pouvons désormais caractériser la magnitude d’un tremblement de terre et le potentiel de tsunami en quelques minutes”, explique Hirshorn. Cette avancée est cruciale pour les régions du monde entier, y compris Cascadia aux États-Unis, où un tsunami massif, selon les scientifiques, n’est qu’une question de temps et non de si.
Toutefois, prévoir l’ampleur et l’impact exacts d’un tsunami reste complexe. Tout comme la communication des risques au public. « La réponse du public est essentielle », déclare Hirshorn, soulignant la nécessité d’une éducation et d’exercices continus. Les tsunamis peuvent frapper en quelques minutes, ne laissant aucune place à l’hésitation. Il souligne l’importance de l’éducation du public, notant : « Même en l’absence d’avertissements officiels, les secousses du sol sont un signal pour se diriger vers l’intérieur des terres. Il vaut mieux réagir de manière excessive que sous-estimer le risque.»
Les idées de Hirshorn révèlent la double nature des tsunamis, à la fois impressionnante et dévastatrice. Comprendre leurs mécanismes, améliorer les prévisions et favoriser la préparation du public sont essentiels pour atténuer leur impact.
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Pour en savoir plus :
Montre Tsunami : course contre la montre; tous les épisodes sont désormais diffusés sur Disney+ et Hulu.
Ou visitez le Tsunami : un changement radical pour la résilience exposition à l’UNESCO Paris jusqu’au 31 décembre.
Image principale : Benny Marty / Shutterstock
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Publié en partenariat avec :
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