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Avec les emplois précaires, les identités professionnelles changent, y compris pour les universitaires contractuels

by Nouvelles

Plus plus de 2,1 millions de Canadiens occupent aujourd’hui des emplois temporaires, à temps partiel ou autrement instables. Pour ces travailleurs, l’idéal d’un «relation de travail standard» – le modèle d’emploi prédominant pendant des décennies dans la seconde moitié du 20e siècle – ne définit plus leurs expériences ou leurs attentes en matière d’emploi.

Il y a des décennies, les postes permanents à temps plein a accordé à la plupart des employés de nombreux avantages et protections de la part de leur employeur qu’ils pouvaient s’attendre à recevoir jusqu’à leur retraite.

Aujourd’hui, le travail temporaire se caractérise en grande partie par peu ou pas de protections ou même de garanties de l’employeur. que les contrats des employeurs seront renouvelés.

Comment devrions-nous comprendre les expériences et les réalités vécues de ces travailleurs ? La montée de la précarité de l’emploi nécessite reconceptualiser la nature de l’emploi.



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Une façon d’y penser est la suivante : plutôt que les « fils » largement simples qui caractérisent les relations de travail standard, il est préférable de considérer le travail contractuel comme un patchwork de différents emplois ou tissus. Certaines se chevauchent et les sections prennent des tailles et des textures différentes.

Cette métaphore nous permet de conceptualiser les expériences de ces travailleurs comme étant entrelacées ou se chevauchant. De nombreux travailleurs doivent assumer différents emplois en succession rapide ou en même temps.

La montée de la précarité de l’emploi nécessite de reconceptualiser la nature de l’emploi. Une personne traverse le campus de l’Université Simon Fraser, à Burnaby, en Colombie-Britannique, en décembre 2020.
LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck

Universitaires sous contrat

Cette réalité disparate est probablement vécue par de nombreux professeurs contractuels dans les universités canadiennes. En 2019, près de 54 pour cent des universitaires canadiens étaient embauchés sur une base contractuelle. La moitié des sciences sociales et 56 pour cent des sciences humaines les facultés sont également composées d’universitaires contractuels.

J’ai interviewé 40 universitaires contractuels à travers le Canada afin de mieux comprendre à quoi ressemblaient leurs expériences de travail lorsqu’elles étaient explorées par rapport à leurs antécédents professionnels et à leurs études plus larges. J’espérais comprendre comment ces travailleurs donnent un sens émotionnel à leur travail et à leurs modalités de travail qui, souvent, n’ont pas de sens logique.

Mon analyse d’entretien a révélé de nombreux les professeurs s’appuient sur leurs expériences professionnelles antérieures et actuelles de manière à inspirer confiance et à donner à leur travail une profonde signification personnelle..

Cela a permis aux universitaires contractuels de posséder des compétences précieuses que je conceptualise dans mes recherches comme un capital émotionnel. Le capital émotionnel fait référence à ressources psychosociales qui proviennent des expériences professionnelles et de l’éducation antérieures des individus qu’ils transfèrent aux situations de travail actuelles.



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Capital émotionnel et la gestion des émotions permet ces travailleurs à donner un sens au travail qu’ils effectuent au sein des universités, qui les traitent souvent comme secondaires par rapport aux professeurs menant à la permanence, tout en leur offrant peu de soutien et d’opportunités de contribution.

Deux femmes assises à une table et discutant.

Les universitaires contractuels possèdent de précieuses ressources psychosociales issues de leurs expériences professionnelles et de leurs études antérieures.
(Pexels/Divinetechygirl)

Des voix précaires

Dans des emplois contractuels universitaires comme celui-ci, comment les ressources émotionnelles des professeurs leur permettent-elles de se sentir compétents, engagés et épanouis dans leur travail ?

Pour Deirdre (pseudonyme), chargée de cours en sociologie dans une grande université ontarienne à forte intensité de recherche, ses expériences en tant que serveuse lui ont permis de parler de manière plus crédible des inégalités sociales lors de ses cours. Cela lui a permis de faciliter les interactions avec ses étudiants, sur la base de leurs expériences de travail et de leurs parcours de classe partagés. Selon Deirdre :

«J’enseigne la théorie sociologique. Il s’agit en grande partie de différentes manières d’interagir avec le monde social, et [the] La population étudiante est majoritairement de statut socio-économique inférieur, 90 pour cent d’entre eux travaillent. Quand je peux parler des tables d’attente, cela semble trouver un écho auprès de beaucoup de gens.

Deirdre s’appuie sur ses expériences dans le secteur des services, ce qui lui permet de nouer des relations amicales mais professionnelles avec les étudiants afin de respecter les règles prescrites par l’université en matière d’enseignement et de gestion des étudiants.

Cybil (ce n’est pas son vrai nom) était simultanément employée comme inspectrice de la santé lors de sa nomination en tant que professeur à durée limitée. Elle décrit comment ce parcours lui a permis de maintenir une dichotomie entre convivialité et professionnalisme. Elle a dit que « tant que [students] suivez les règles que j’ai établies, nous n’aurons pas de problème. Je fais un travail décent en franchissant la frontière entre être gentil et accommodant et être capable de faire respecter une règle ou un règlement.

Ces commentaires démontrent comment ces professeurs universitaires contractuels sont capables de nouer à la fois de la dignité et des relations significatives avec les étudiants dans le cadre de leur poste. Ces instructeurs transmettent un sentiment d’autorité en s’appuyant sur les dimensions émotionnelles de leur vie et de leurs expériences passées.

Une femme s'adressant à un groupe.

Les universités traitent souvent les instructeurs contractuels comme secondaires par rapport aux professeurs titulaires.
(Pexels/Campus)

Manque de « bouclier de statut » de mandat

L’action émotionnelle des instructeurs a également été limitée à des degrés divers par les attitudes institutionnelles à l’égard des universitaires contractuels et, dans certains cas, par les attitudes sexistes et racistes de la part des étudiants.

Manquant de certains des importants « boucliers de statut » en matière d’emploi auxquels les professeurs titulaires ont accès, les universitaires contractuels ont souvent eu recours à la gestion des émotions pour se protéger contre les attaques contre leur crédibilité et leurs perspectives d’emploi.

Par exemple, Giselle, professeure à temps partiel, reconnaît qu’être une jeune femme de couleur d’origine trinidadienne peut rendre les interactions avec certains étudiants plus tendues, car « être une femme à la peau brune et [younger]dans certains cas, cela joue contre moi.

Cependant, elle a également décrit comment cette identité peut être avantageuse à certains égards et désavantageuse à d’autres : « Parfois, ils disent, j’ai entendu ton accent, et ils veulent en savoir plus sur les voyages, parce que j’ai grandi à Trinidad, et leur mes proches sont originaires de là-bas. Grâce à ces interactions, Giselle et ses élèves « créent des liens ». Comme elle le note, « ce sont des étudiantes qui viennent me voir et discutent entre filles ». La capacité de Giselle à s’engager dans des « conversations entre filles » constitue un capital émotionnel qui fonctionne selon des critères de genre et de race.

Travail contractuel et travail émotionnel

Dans un contexte d’augmentation de l’emploi temporaire et contractuel dans la plupart des secteurs des lieux de travail au Canadacette recherche ouvre la voie à une voie importante vers la compréhension.

Les emplois et les expériences de ces travailleurs représentent une mosaïque composée de multiples emplois et expériences dans lesquels les travailleurs évoluent et donnent un sens émotionnel à l’utilisation du capital émotionnel.

Alors que l’emploi contractuel devient de plus en plus répandu et que les travailleurs contractuels dominent de nombreux secteurs, leur vie professionnelle et émotionnelle mérite d’être prise au sérieux et explorée plus en profondeur.



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Cette recherche met en lumière la façon dont les travailleurs universitaires contractuels donnent un sens émotionnel à leur travail. Parfois, cela se produit en prenant le contrôle de situations émotionnelles dans leur travail en transmettant de l’autorité et en créant des relations significatives avec les autres.

Sur les marchés du travail qui ont largement abandonné la relation de travail standard et les protections et la stabilité qui l’accompagnaient, les travailleurs utilisent souvent leur travail émotionnel et leurs compétences comme substitut pour créer un sentiment de stabilité personnelle, d’épanouissement et de but.

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