L’exploit de chercheurs italiens : deux paraplégiques marchent grâce à des stimuli électriques

Écoutez la version audio de l’article

Deux patients atteints d’un traumatisme médullaire sont capables de marcher à nouveau grâce à des stimuli électriques ciblés à haute fréquence et l’un des deux a pu marcher 175 mètres sans avoir besoin de stimulation. L’exploit a été réalisé par une équipe de médecins et de chercheurs de l’hôpital Irccs San Raffaele de Milan et de l’Université Vita-Salute San Raffaele et de bio-ingénieurs de l’École Supérieure Sant’Anna de Pise. Le neurostimulateur de la moelle épinière, déjà utilisé dans le traitement de la douleur, est une technique qui peut avoir un impact positif sur les maladies du système nerveux central comme la sclérose en plaques, ou sur les lésions traumatiques de la moelle épinière qui interrompent la communication avec le cerveau et peuvent entraîner des difficultés à marcher, provoquant paralysie des membres et spasticité musculaire.

Comment fonctionne le neurostimulateur de la moelle épinière

Décrite dans la revue « Science Translational Medicine », la technique consiste en l’implantation d’un neurostimulateur de la moelle épinière ayant la double fonction de stimuler les fonctions motrices et de réduire la spasticité musculaire. Il s’agit d’un appareil adopté depuis un certain temps à d’autres fins, comme le contrôle de la douleur, mais dans cet essai, il a été utilisé pour moduler les signaux électriques afin d’interférer avec ceux qui provoquent des spasmes et des contractions. Les chercheurs ont appliqué des stimulations ciblées à haute fréquence qui, combinées à la rééducation, ont considérablement amélioré la force musculaire, la marche et le contrôle moteur. Le protocole de stimulation appliqué a également réduit les réflexes pathologiques et les contractions musculaires involontaires à l’origine de la spasticité musculaire, favorisant des mouvements plus fluides et naturels. Ce succès est dû à la recherche coordonnée par Sylvestre Micerade l’École Polytechnique de Lausanne (EPFL) et de la Scuola Superiore Sant’Anna de Pise, et par Pietro Mortinide l’hôpital San Raffaele de Milan et de l’Université Vita-Salute San Raffaele.

L’accent est mis sur les contractions musculaires involontaires

« L’un des problèmes les plus fréquents chez les patients souffrant de lésions de la moelle épinière – a déclaré Micera – est la spasticité, qui rend toute tentative de contrôle moteur très difficile, voire presque impossible. Notre nouveau travail s’est concentré précisément sur la réduction de ce trouble. Depuis quelque temps, on étudie les neurostimulateurs qui, implantés chez des personnes paraplégiques ou tétraplégiques, sont capables de stimuler correctement les muscles et de restaurer les mouvements, en contournant la lésion de la moelle épinière. Un obstacle majeur, cependant, est le fait que près de 70 % des personnes paraplégiques souffrent de rigidité et de spasmes involontaires, qui se produisent naturellement, probablement pour favoriser des réflexes rapides et normaux et qui sont équilibrés par le cerveau, ce qui inhibe l’activité de certains circuits moteurs. «En cas de lésion médullaire, le patient perd les messages inhibiteurs provenant du cerveau qui régulent l’hyperréactivité spinale», a observé le premier auteur de l’étude, Simone Romeni, de l’Université Polytechnique de Lausanne et de l’Hôpital San Raffaele.

Tests sur de nouveaux patients et autres indications cliniques

La solution a été testée auprès de deux personnes paraplégiques, obtenant des résultats plus que satisfaisants : toutes deux étaient capables de marcher et l’une d’entre elles a parcouru 175 mètres sans avoir recours à une stimulation active. Les chercheurs prévoient prochainement de nouveaux essais sur d’autres patients. « Les prochaines étapes comprendront d’autres études cliniques sur un plus grand nombre de patients pour confirmer ces résultats préliminaires. Nous envisageons d’étendre les indications à plusieurs pathologies cliniques que nous définirons dans les prochains mois. Nous sommes au début d’une nouvelle ère prometteuse pour la neurorééducation motrice », a ajouté Mortini. L’expert souligne également comment la combinaison de technologies avancées et d’approches personnalisées de rééducation réduit également les effets secondaires associés aux thérapies pharmacologiques et chirurgicales actuellement disponibles.