Il y a un an, je déplorais ailleurs la fin de Comixene, un magazine allemand de bandes dessinées paru il y a cinquante ans, en novembre 1974, alors publié par trois très jeunes. Par ordre alphabétique décroissant et croissant d’âge : Andreas C. Knigge, alors dix-sept ans, Thilo Rex, dix-huit ans, René Lehner, dix-neuf ans. C’est Lehner qui semble avoir enterré le problème avec le numéro 147. Rex était déjà mort en 2009, et c’est maintenant Knigge qui a relancé le « Comixene ».
Chronique BD d’Andreas PlatthausFAZ
Et cela a peut-être chatouillé Knigge, car le « Comixene » a toujours été considéré comme son œuvre. Il est donc redevenu rédacteur lui-même et ce qui a été crucial, c’est qu’un partenaire expérimenté, les Editions Alfons, qui publie déjà les magazines spécialisés « Reddition » et « Alfonz », ait pris l’initiative de la relance actuelle. Le directeur de l’édition Volker Hamann est l’égal de Knigge en termes de connaissances et d’importance journalistique, et tous deux s’entendent bien. Cela laisse présager un avenir radieux pour le magazine.
Concept complètement nouveau
Le concept est cependant différent d’avant. Lehner fit publier le « Comixene » tous les trimestres, avec de nombreuses rubriques d’actualité, comme le magazine le faisait depuis le début. Désormais, Comixene ne paraîtra qu’une fois par an, en décembre, et la première édition de ce format, le numéro 148, donne un avant-goût de la façon dont cela va changer le journalisme de bande dessinée qu’il propose. L’étiquette repose désormais sur un concept lexical.
Une couverture alternative pour le numéro 148 de « Comixene » aurait montré « Corto Maltese » de Hugo Pratt. Et le classement aurait dû commencer avec la première aventure de ce héros. Elle est désormais devenue la « souris » de Spiegelman.Édition 2024 Alfons
La première édition sous son égide propose une liste des « 111 meilleurs romans graphiques » déterminés par neuf experts. Parmi ces neuf, Paul Gravett et Didier Pasamonik, il y avait aussi deux représentants de pays non germanophones, ce qui a certainement aidé la cause (sinon il y aurait probablement plus de quatorze titres en langue allemande parmi les 111 meilleurs, et cela – pour votre miséricorde – a été jugée trop généreuse). Il ne fait aucun doute qu’une telle sélection est subjective, mais il y a plus d’Allemands que de Japonais ?
Sur les 111 titres, il n’y en avait que neuf que je n’avais pas lus, et je suis d’accord avec au moins les trois quarts de la sélection. Le fait que quatre morceaux de Will Eisner aient été enregistrés et un seul de Chris Ware – eh bien, les classiques ont toujours la tâche un peu plus facile.
Clarté? Pas dans le classement
Le tri est opaque. Tout commence avec « Maus » d’Art Spiegelman – quoi d’autre ? Mais d’après une note dans le livret, vous pouvez voir qu’à l’origine, la « Ballade des mers du Sud » de Hugo Pratt aurait dû figurer au début. Cela aurait favorisé la chronologie sur le sens, ce qui n’aurait gêné personne. Et cela aurait ensuite rendu l’ordre clair. Maintenant, Spiegelman est suivi d’un joli chaos, qui a probablement plus de raisons pour la publication que pour le contenu. Un mot ou deux sur l’arrangement aurait été le bienvenu – également pour comprendre pourquoi certains titres occupent une page entière, d’autres seulement une demi-page.
Cette conception de couverture supplémentaire pour le premier numéro sous un nouveau concept aurait honoré le roman graphique autobiographique de Lewis Trondheim « Approximate Continuum Comics ».Édition 2024 Alfons
Le recueil est utile et, espérons-le, se vendra bien dans les kiosques. L’image de couverture joue peut-être un rôle : un dessin de Gaston d’André Franquin de 1975, qui n’a rien à voir avec le sujet de la bande dessinée (“Gaston” n’apparaît bien sûr pas comme une série de gags), mais montre au moins un pile de livres tombante, dans laquelle on peut assumer la sélection des revues (même s’il n’y a que 33 livres que Gaston y effondre). D’ailleurs, le numéro de décembre 2025 a déjà été annoncé : il portera sur l’histoire de la bande dessinée franco-belge. On ne pouvait espérer de meilleurs experts en la matière que Knigge et Hamann.
Mais tout cela ne ressemble-t-il pas beaucoup à « Reddition », l’autre magazine spécialisé des Editions Alfons qui se concentre sur des sujets majeurs ? Cependant, le « Comixene » a plus à offrir que ce que promet la photo de couverture, à savoir de nombreux articles plus longs qui sont regroupés dans la section « Journal » et également intercalés entre les entrées de la liste des romans graphiques.
Et une autre alternative de couverture rejetée : le décor déserté de Jacques de LoustalÉdition 2024 Alfons
Et comme beaucoup d’entre eux sont historiques (dans le meilleur sens du terme), certains d’entre eux perpétuent la tradition actuelle du « Comixène » de la plus belle des manières. Par exemple, un aperçu de la nouvelle littérature secondaire qui mérite d’être lue ou encore un aperçu des programmes des éditeurs pour l’année 2025 qui vient de commencer. Avec en plus quelques potins et de belles trouvailles, dont une qui me concerne et dont je ne savais rien jusqu’à présent, alors que tout cela datait d’il y a 26 ans. Vous pouvez voir que « Comixene » est également utilisé dans des endroits inattendus. Les surprises sont ce qui a toujours fait partie de leur attrait.
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