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Trump et le globe du Jour des Trois Rois | Avis

by Nouvelles

Chaque Noël, quelque part dans le monde, un enfant reçoit un globe. Je pense qu’il y a une double intention. Premièrement, contredire les théorèmes de la Terre plate ; deuxièmement, initier les enfants à la notion du monde. La réaction est toujours la même : de la joie et un enfant assis par terre qui fait tourner le globe et s’exclame « c’est à moi, ce pays est à moi ! »

Et maintenant, quelque chose de (pas si) complètement différent… Donald Trump a confirmé qu’il avait reçu le globe le jour de l’attaque du Capitole américain, pardon, le jour du Roi, et a bientôt commencé à pointer son indicateur.

Lors de sa première tournée mondiale, il a déclaré que l’enfer se déchaînerait sur le Moyen-Orient si les garçons, en particulier les mauvais Arabes, n’arrêtaient pas leurs jeux. Lundi, il a averti les enfants d’Europe d’arrêter de toucher son globe et d’aller parler ailleurs. Donnez-leur maintenant six mois pour le faire. Dans la troisième, il a montré du doigt son voisin du dessus et a promis qu’il lui causerait un préjudice économique. Le garçon est parti, résigné (!), sans risquer la confrontation. Mercredi, il a averti les jeunes orientaux de ne pas toucher à sa chaîne. Je l’avais déjà regardé. Ne touchez pas à ce qui lui appartient !

Ne perdez pas votre souffle, il en reste encore deux. Jeudi, il a pointé du doigt et a dit aux enfants du Mexique qu’ils ne méritaient pas le golfe du même nom. Ils ont besoin de changement : « Golfe d’Amérique – quel beau nom. Et c’est approprié”, s’est-il exclamé. Lors de son dernier tour du monde, il a tendu son index vers un énorme morceau de glace. Cela ne semblait pas avoir beaucoup d’intéressés, mais il menaçait quand même les autres garçons : si quelqu’un obtient plus proche, ils deviendront plus agressifs. Cependant, pour éviter de trop s’énerver, il peut utiliser quelques billets de banque pour acheter du Groenland – il y a toujours quelqu’un qui reçoit une nouvelle version du Monopoly pour Noël.

En fait, le monde est légèrement différent de celui fondé sur les règles, le multilatéralisme, l’autodétermination, l’intégrité territoriale et les droits de l’homme qui ont émergé après la Seconde Guerre mondiale. Cette idée du mondialisme – oui, ce gros mot – semble dépassée par la position renouvelée et symptomatique du garçon qui s’apprête à retourner vivre à la Maison Blanche. Aujourd’hui, l’intégrité territoriale semble valoir autant que loi historique sur les colonies, défendu par le Portugal à la Conférence de Berlin (1884-85). Le tout nouvel ordre international impose, comme à l’époque, qu’un État doive détenir la possession réelle d’un territoire pour en revendiquer la souveraineté.

Trump tourne le globe et voit, au Moyen-Orient, Israël pratiquer ouvertement des activités néocoloniales sans conséquences internationales graves. Comprenez qu’en Ukraine, mais pas seulement, la Russie définit sa sphère d’influence, envahissant et annexant des territoires et qu’il n’existe aucune force juridique ou militaire internationale ayant la capacité et/ou la volonté de la contrer. Continuez à avancer et comprenez l’efficacité de la nouvelle route de la soie chinoise. Voyez comment la prétendue non-ingérence chinoise dans les affaires intérieures, notamment dans les pays du Sud, est, du fait de sa puissance économique, très efficace pour interférer dans les destinées de ces mêmes pays. Il regarde un territoire (le Groenland) d’un pays de l’OTAN (le Danemark) et menace de l’envahir, s’ils ne veulent pas lui vendre ce monument de glace qui, en 2035, grâce au changement climatique, pourrait être intégré à la mer transpolaire. Une voie que les États-Unis suivent déjà.

Le droit international n’empêche pas un pays d’acheter du territoire à un autre, pour autant que les principes de cession soient respectés. Cependant, ce nouvel élan néocolonial apporte, c’est l’idée que l’intégrité territoriale, principe fondamental du système international, vaut moins aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été. Cela amène l’idée que les tentatives de projection du pouvoir du leader du monde libre ne sont pas si différentes de celles du monde libre. Empire du Mal. Cela amène l’idée que le moralisme culturel occidental a cédé la place à un autre moralisme culturel et sécuritaire, typique du monde de la fin des années 1800 : un État doit avoir des droits sur un autre territoire si, entre autres, il est la force économique ou militaire dominante.

Or, ce moralisme laisse aux relations internationales une voie plus ouverte que jamais à la discrétion des axes du bien ou du mal, du souverain ou de l’appropriation, de ce qui est à moi ou à toi, tout comme à l’image de l’enfant assis sur le le sol fait tourner le globe. Est-ce que ce sera le nouveau habitus des relations internationales ? Cela n’a-t-il jamais été le cas ? Bref, obéissez à ceux qui le doivent, commandez à ceux qui ont le globe. Vive les rois !

L’auteur écrit selon le nouvel accord orthographique

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