2025-01-11 18:14:00
Grâce à des impôts peu élevés et à un soutien politique actif, le canton de Zoug est devenu un paradis pour les entreprises. Des milliers d’entreprises boîtes aux lettres sont enregistrées à Zoug. Environ 400 entreprises russes y sont également implantées.
Les Alternatives vertes de Zoug ne sont pas les seules à critiquer vivement cette situation. L’accusation : Zoug remplit le trésor de guerre de la Russie. Le directeur financier Heinz Tännler s’y oppose. Sa boussole est la primauté du droit ; la moralité n’y a pas sa place.
SRF : Que répondez-vous à l’accusation selon laquelle vous contribuez au financement de la guerre en Ukraine ?
Heinz Tännler : C’est totalement infondé. Nous sommes en guerre parce que nous avons d’un côté un agresseur et de l’autre l’Union européenne, l’OTAN et les États-Unis. C’est une question d’intérêts. En fin de compte, si vous agissez comme si le petit canton de Zoug, où le commerce des matières premières joue un rôle, était responsable des querelles de guerre en Ukraine – ce que je regrette d’ailleurs profondément – alors c’est incorrect et pas décent. C’est pourquoi je pense que l’accusation selon laquelle nous avons du sang sur les mains est complètement erronée.
La politique de sanctions doit être mise en œuvre proprement au niveau européen et non sans enthousiasme.
Mais c’est précisément ici à Zoug que se trouve l’entreprise Novatek. Elle est chargée de vendre du gaz GNL russe en Europe.
Oui, elle s’est donné ce but. Apparemment depuis 15 ans ou plus. L’Europe en a particulièrement profité. La politique de sanctions doit être mise en œuvre proprement au niveau européen et non sans enthousiasme. Au cours des trois dernières années, j’ai constaté que la politique de sanctions de l’UE n’était appliquée que dans la mesure où elle plaisait à ses membres. Là où il y avait un intérêt personnel, les gens étaient prudents.
Grâce à la politique fiscale du canton de Zoug, toutes les entreprises russes sont toujours là et peuvent faire ce qu’elles veulent.
Ce n’est pas vrai. Ils doivent respecter la constitution, les lois et notre cadre. Vous m’avez dit avant l’entretien que l’entreprise n’avait pas du tout été sanctionnée. Oui, pourquoi pas ? Parce que la politique étrangère est faite par le gouvernement fédéral et que le gouvernement fédéral ne m’a évidemment pas envoyé de lettre disant que l’entreprise devait être sanctionnée. Je l’aurais fait il y a longtemps. Ils ne veulent pas sanctionner l’entreprise parce que tel ou tel gouvernement pourrait en bénéficier au niveau européen.
Ce qui fait la force de la Suisse, c’est qu’elle ne mène pas de politique arbitraire, mais qu’elle met plutôt l’État de droit au premier plan.
Mais le canton de Zoug n’en a-t-il pas également profité ?
Le canton de Zoug en a peut-être profité. Mais je ne vérifie délibérément pas si certaines recettes fiscales proviennent de ces sociétés. Nous ne pouvons pas expulser une telle entreprise du canton de Zoug. S’ils respectent la loi, s’ils respectent la constitution, ils ont alors le droit d’avoir un domicile ici. Il faut en prendre note. Cela a également donné à la Suisse la force de ne pas poursuivre une politique arbitraire, mais de mettre plutôt l’État de droit au premier plan. La morale n’y joue aucun rôle.
L’entretien a été réalisé par Pascal Schumacher et Manuela Siegert.
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