Séoul. Le président sud-coréen destitué, Yoon Suk Yeol, a été arrêté mercredi matin dans le cadre d’une opération d’application de la loi à grande échelle dans l’enceinte présidentielle. Cette décision fait suite à des semaines de défiance de la part de Yoon, qui avait refusé de coopérer à une enquête sur l’imposition de la loi martiale le mois dernier.
Dans un message vidéo préenregistré avant d’être escorté au siège de l’agence anti-corruption, Yoon a dénoncé la situation, déclarant : « L’État de droit s’est complètement effondré dans ce pays ». Ses avocats avaient tenté de négocier une comparution volontaire pour un interrogatoire, mais les enquêteurs ont malgré tout exécuté le mandat de détention.
Le Bureau d’enquête sur la corruption des hauts fonctionnaires a confirmé que Yoon avait été arrêté après que des centaines d’agents soient entrés dans le complexe résidentiel de Hannam-dong, à Séoul. Il s’agissait de la deuxième tentative de l’agence de l’arrêter, après une tentative infructueuse au début du mois. Des SUV noirs escortés par la police ont été vus quittant l’enceinte, et un véhicule qui transportait Yoon est arrivé plus tard au bureau de l’agence à Gwacheon, à proximité.
Yoon était enfermé dans la résidence présidentielle depuis des semaines, s’engageant à « lutter jusqu’au bout » contre les tentatives visant à le destituer. Il a défendu sa déclaration de la loi martiale du 3 décembre comme une réponse nécessaire à ce qu’il a qualifié d’opposition « anti-État » utilisant sa majorité parlementaire pour bloquer son programme.
L’agence anti-corruption enquête pour savoir si la déclaration de la loi martiale constitue une tentative de rébellion. Ils avaient adressé plusieurs convocations à Yoon, qu’il avait toutes ignorées. Après que les services de sécurité présidentiels ont fait obstacle à leur première tentative de détention le 3 janvier, les enquêteurs se sont engagés à prendre des mesures plus strictes.
Impasse tendue au complexe présidentiel
L’opération de détention s’est déroulée après une longue impasse à l’entrée du complexe. Les forces de l’ordre ont utilisé des échelles pour escalader les barricades érigées par les services de sécurité présidentiels, qui avaient fortifié la zone avec des bus et des barbelés.
Les responsables de la lutte contre la corruption et la police ont finalement atteint une porte métallique près de la résidence de Yoon. Suite à des discussions avec l’équipe juridique de Yoon et le chef de cabinet, les services de sécurité ont retiré les barricades, permettant aux agents d’entrer dans l’enceinte.
Malgré le mandat d’arrêt émis par le tribunal, les services de sécurité présidentielle ont affirmé qu’ils étaient obligés de protéger le président destitué. Si les enquêteurs ne parviennent pas à obtenir un mandat d’arrêt formel dans les 48 heures, Yoon sera libéré.
Ramifications politiques et juridiques
Le leader par intérim de la Corée du Sud, le vice-Premier ministre Choi Sang-mok, a appelé au calme, appelant les forces de l’ordre et les services de sécurité présidentiels à éviter les affrontements physiques.
Le Parti démocrate d’opposition, qui a mené la campagne de destitution de Yoon le 14 décembre, a demandé aux services de sécurité de coopérer avec la détention. Pendant ce temps, les députés du Parti du pouvoir populaire de Yoon ont manifesté près de la résidence, condamnant la détention comme étant illégale.
La Police nationale, qui aurait déployé plus de 1 000 agents, a averti que les gardes du corps qui feraient obstacle à la détention pourraient être arrêtés. Les avocats de Yoon ont soutenu que le mandat de détention était invalide, citant les lois protégeant les lieux liés aux secrets militaires. Le mandat reste valable jusqu’au 21 janvier.
La détention de Yoon a déclenché des manifestations concurrentes près du complexe. Ses partisans ont juré de le défendre, tandis que ses critiques ont appelé à son emprisonnement. Des milliers de policiers ont surveillé les manifestations pour maintenir l’ordre.
Yoon a déclaré la loi martiale le 3 décembre, déployant des troupes autour de l’Assemblée nationale pour tenter d’empêcher les législateurs de se réunir. Cette décision s’est retournée contre lui lorsque les législateurs ont brisé le blocus et voté la fin de la mesure en quelques heures.
Le 14 décembre 2024, l’assemblée dirigée par l’opposition a destitué Yoon, l’accusant de rébellion. Ses pouvoirs présidentiels ont été suspendus, dans l’attente d’une décision de la Cour constitutionnelle quant à savoir s’il fallait maintenir la destitution ou le réintégrer.
Le tribunal a tenu sa première audience mardi, à laquelle Yoon a refusé d’assister. Une deuxième audience est prévue jeudi, et la procédure devrait se poursuivre, que Yoon soit présent ou non.
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