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comment travaille aujourd’hui la rédaction de Charlie Hebdo, cachée et ultrasécurisée

by Nouvelles

2025-01-07 17:24:00

Si les journalistes de Charlie Hebdo brandissent toujours leur volonté de défendre la liberté d’expression et leur utilisation de l’humour à cette fin, leurs conditions de travail ont quant à elles été affectées depuis les attentats du 7 janvier 2015. La rédaction oeuvre désormais dans des locaux tenus secrets, sous une étroite protection policière.

“Non, ils n’ont pas tué Charlie Hebdo”. Le rédacteur en chef du journal satirique, Gérard Biard est catégorique au micro de Culture française: malgré les attentats du 7 janvier 2015, dix ans après, “Charlie Hebdo est toujours vivant. Charlie Hebdo est toujours là. Y compris les dessinateurs et les rédacteurs, et nos amis, qu’ils ont tués ce jour-là”.

Dans le numéro spécial, paru ce mardi, Riss, le directeur de la publication affirme que “l’envie de rire ne disparaîtra jamais”. En Une, un lecteur assis sur un fusil d’assaut lit, ravi, ce Charlie “historique” de 32 pages qui comprend quatre pages de caricatures de Dieu envoyées par des dessinateurs du monde entier. Le journal satirique se dit “increvable!”

“Je n’ai pas envie de m’interdire d’être libre”

Plusieurs jeunes journalistes ont rejoint le journal depuis l’attentat commis par les frères Kouachi qui a fait douze morts, dont huit membres de la rédaction. Parmi eux, Lorraine Redaud, qui assure au micro de BFMTV que si cette “entreprise a une lourde histoire”, elle “arrive à avancer”.

“Quand on arrive à Charlie, c’est vrai qu’on a un peu cette peur qu’il y ait une démarcation entre les survivants et les nouveaux arrivants. Et en fait, dès qu’on passe la porte on se rend compte qu’il n’y a pas du tout ça. Riss, Gérard sont dans la transmission de l’héritage des disparus”, abonde-t-elle.

L’un des jeunes dessinateurs de Charlie Hebdo, qui se fait appeler Juin, a quant à lui rejoint la rédaction seulement trois mois après les attentats “pour participer à la renaissance du journal” explique-t-il à BFMTV. Il assure ne pas avoir peur.

“Mes proches sont inquiets, on n’en parle pas trop mais je sais que ça peut être compliqué pour eux. Ils savent que c’est important pour moi de vivre cette vie-là à 100%, je ne me pose pas plus de questions que ça”, affirme Juin. “Je n’ai pas envie de m’interdire d’être libre”, ajoute-t-il.

Surveillance policière, pièce blindée…

Une liberté toutefois indéniablement empiétée depuis dix ans. La rédaction et les journalistes vivent sous une étroite surveillance policière.

70 à 80 policiers sont affectés en permanence à la protection des locaux désormais tenus secrets. Seule une poignée de personnes connaissent la nouvelle adresse du journal. Pour accéder à la rédaction, il faut franchir des portes spéciales, des ascenseurs, des sas ultra-sécurisés. Aucune vitre ne donne sur l’extérieur, un nom de code a été défini en cas de danger et une pièce blindée existe pour se réfugier en cas d’attaque.

“Le niveau de sécurité qui a été adopté est celui d’une ambassade en milieu sensible”, affirme sur BFMTV Frédéric Aureal, ancien chef du Service de la protection de la police nationale (SDLP).

Il explique qu’un “certain nombre de process” sont réservés “aux personnels les plus menacés” comme les officiers de sécurité, la mise en place de véhicules blindés, “et toute une série de protections sur lesquelles” il ne souhaite pas “trop s’étendre”.

“La première fois que je suis arrivé, je me souviens de plusieurs portes blindées à pousser, et de Riss qui me dit ‘bienvenue à la Société Générale'”, se souvient Juin.

“On est dans une pièce où il n’y a pas vraiment de fenêtre. Je m’étais juré que je ne bosserais jamais sous des néons, et je bosse sous des néons”, plaisante-t-il.

“Un bunker”

Coline Renault, l’une des nouvelles plumes de Charlie, compare la rédaction à un “bunker” dans les colonnes du Journal de Québec. “Il n’y a aucun problème de dire si on a peur, si on n’a pas envie de participer à un événement en dehors du journal, si on ne veut pas avoir notre photo”, note-t-elle.

Avant d’ajouter: “On nous a proposé à plusieurs reprises de signer sous pseudo. Ils sont très respectueux des peurs et des ressentis de chacun. Mais pour moi, ça n’a pas été une question, parce que les locaux sont quand même très bien protégés”.

Le rédacteur en chef, Gérard Biard, estime que cette protection leur permet de faire ce journal comme ils “doivent le faire”.

“C’est-à-dire avec une certaine légèreté, en déconnant, en se disputant parfois, mais on ne doit pas être obnubilé par quelque chose qui nous parasite”, déclare-t-il sur France Bleu.

Les journalistes les plus menacés ont également vu leur vie privée être bouleversée. “Le quotidien n’est plus du tout le même, on ne peut pas improviser, on ne peut pas se dire ‘il fait beau’, je vais aller acheter du pain, il faut en quelque sorte tout planifier”, nous confie Gérard Biard.

Mais pour lui, avant tout, “ce qui doit interroger”, c’est le fait qu’un “journal satirique”, un “journal politique”, doit “être placé sous protection pour pouvoir exercer”.



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