En stage durant trois jours avec l’équipe de France le week-end dernier, il se prépare à vivre sa 4 eCoupe du monde d’improvisation théâtrale, avec une entrée en lice mercredi 18 mars, à La Cigale à Paris, face aux Québecois, maîtres et inventeurs du genre à la fin des années 1970.
Igor Potocnzy, qui a épousé l’esprit de l’impro théâtrale, n’y va pas forcément pour brandir le trophée, même s’il concède que la finale, à L’Olympia, le 24 mars, est plutôt tentante. Non, l’effervescence est ailleurs. Tout l’or du monde, c’est d’abord la rencontre de l’autre.
Que ressent-on sous le maillot tricolore ? « Ce n’est pas le titre qui importe. C’est de l’ordre de l’excitation, de l’émulation artistique de la rencontre avec d’autres comédiens qui ont d’autres cultures mais qui doivent jouer avec les mêmes codes. C’est assez exceptionnel, je me sens comme un vrai privilégié de participer à ces moments super-forts sur le plan humain, j’ai hâte notamment de voir les Marocains entrer en scène »répond celui qui, à la tête d’Aline & Cie depuis deux ans, cultive l’école de la rigueur.
“ On ne sait pas ce qu’on va jouer on est gonflé finalement… ”
Il a commencé l’impro en 1990, de manière professionnelle en 1997. « Vouloir faire de ces rencontres un spectacle de qualité demande une vraie rigueur dans le travail, c’est ce qui fait la différence avec le spectacle amateur. J’aime le fait qu’on ne joue jamais la même chose, le fait de me dire qu’on va faire un spectacle avec des gens qu’on connaît plus ou moins bien, mais que ça va bien se passer. On ne sait pas ce qu’on va jouer : on est gonflé finalement de dire aux gens de venir nous voir alors que 90 % du spectacle n’est pas prévu, le reste étant les règles et le décorum. Tout va être au bon vouloir de notre énergie et notre inspiration. C’est une vraie mise à nu, on ne peut pas tricher. Tout est basé sur l’écoute de l’autre, la disponibilité et la réactivité »,explique celui qui partage la vie d’Aline & Compagnie avec dix autres comédiens ou musiciens professionnels, et Élodie Pairault, permanente chargée de la production.
La compagnie a aussi son univers de créations comme le spectacle « In Situ » ou « L’Inattendue », en préparation. Plus sa troupe amateur, Alinéa.
Issu de l’éducation populaire
A 43 ans, ce Rochelais d’origine qui vit entre Niort et La Rochelle a été bercé par l’éducation populaire des Maison pour tous et centres socioculturels, comme de nombreux comédiens niortais passés professionnels. Enfant, il a écumé les ateliers de cirque de la Tour-Chabot à Niort avec Joël Picard et Pascal Fournier, alias Calou, alors animateurs. A l’âge des premières grandes questions, à la vingtaine, il a lâché l’ébénisterie, le design mobilier et la décoration intérieure auxquels il se destinait. « Jusqu’alors, le cirque, le théâtre, c’était un loisir, comme on fait du dessin ou du tir à l’arc. Je me suis demandé si ma passion ne pouvait pas se transformer en métier. Et j’ai découvert les stages d’impro avec Christian Goichon chez Aline… »,se souvient-il.
Vingt-cinq ans plus tard, l’improvisateur savoure son bonheur d’être à chaque match à la fois un auteur, un interprète et un metteur en scène. C’est ça aussi, l’impro, tout l’or des rencontres des arts de la scène.
2015-03-01 11:00:00
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