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Les messes en latin du pèlerinage de Chartres sous surveillance du Vatican

by Nouvelles

Le Vatican pourrait-il interdire la célébration de la messe tridentine au pèlerinage de Chartres, le rassemblement traditionaliste le plus symbolique dans l’Église catholique en France ? Selon des informations concordantes à Paris comme à Rome, le dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements estime que ce rassemblement annuel soulève des questions de conformité avec les règles en vigueur sur la messe en rite ancien. Et songerait bel et bien à interdire certaines célébrations.

L’édition 2025 du pèlerinage organisé par l’association Notre-Dame de chrétienté, qui devrait encore voir des milliers de pèlerins converger vers la cathédrale de Chartres du 7 au 9 juin 2025, est dans le viseur de ce dicastère, dirigé par le cardinal britannique Arthur Roche. Auteur des textes restreignant le recours aux missels préconciliaires, celui-ci estime que les organisateurs de l’événement ne respectent pas les normes.

« La messe de clôture dans la cathédrale de Chartres est une zone de non-droitaffirme un très bon connaisseur du dossier. La question de l’interdiction de cette messe semble envisagée. » La célébration de la messe de clôture dans la cathédrale sans autorisation est pointée du doigt.

« Incompréhension » des organisateurs

Depuis un rescrit pontifical publié en 2023 clarifiant le motu proprio Gardiens de la traditiontoute célébration dans le rite tridentin doit faire l’objet d’une approbation du Vatican et ne peut se dérouler dans une église paroissiale sans une autorisation du même type demandée par l’évêque diocésain. De la même manière, l’usage des livres liturgiques préconciliaires sur les plaines du Bassin parisien n’a pas été approuvé par les autorités romaines.

Comment cette décision éventuelle serait perçue par les intéressés ? Jean de Tauriers, président de Notre-Dame de chrétienté, exprime par avance son « incompréhension » et dit se sentir « dépassé » par la « bureaucratie ». Il regrette une potentielle limitation qui pourrait « être difficile à expliquer » aux futurs participants. En 2024, ils avaient été 18 000 à sillonner les chemins vers Chartres.

Sollicités, les responsables du dicastère pour le culte divin n’ont, quant à eux, pas souhaité s’exprimer sur le sujet. « On sent que la question agace profondément au-delà du Tibreindique une autre source, consultée par La Croix. D’autant que 2025 est l’année du Jubilé et de l’anniversaire du concile de Nicée, avec ainsi une attention plus particulière au respect de l’autorité doctrinale de l’Église. »

Célébrer la messe ordinaire

Outre la célébration d’une messe tridentine dans une cathédrale pour autant de pèlerins, l’impossibilité pour des prêtres de célébrer la messe ordinaire dans le contexte de ce pèlerinage déplaît tout aussi fortement. « Nous n’avons pas le pouvoir d’interdire telle ou telle liturgiebalaie le président de l’association organisatrice. Nous rappelons que notre spiritualité est liée à la messe tridentine : si vous n’aimez pas le Sacré-Cœur, vous n’allez pas à Paray-le-Monial ! »

Ce refus de pouvoir célébrer avec les livres liturgiques en vigueur suscite la déception de l’évêque de Chartres, Mgr Philippe Christory, qui espère un geste d’ouverture de la part des organisateurs. « Nous avons un avenir ensemble »veut-il croire, insistant sur les « nombreux fruits » de l’événement, qui rassemble bien au-delà du monde traditionaliste. Sur la légalité des messes, l’évêque renvoie à Rome une éventuelle décision. « Si quelqu’un doit décider de quelque chose, c’est le pape »souligne-t-il.

Trois ans après les avoir édictées, le Vatican réfléchirait donc à faire respecter ses propres règles. Le dicastère pour le culte divin «s’interroge sur une situation qu’il juge anormalefait-on savoir dans l’épiscopat français. Mais les responsables ne veulent pas créer de crise, et veulent d’abord mesurer l’impact des décisions qui pourraient être prises. On sent qu’ils ne veulent pas laisser la question en suspens ».

Un cas précédent

Le pèlerinage Notre-Dame de chrétienté ne serait pas le premier pèlerinage « tradi » à faire l’objet de limitations imposées par Rome. Depuis l’an dernier, le pèlerinage annuel Summorum Pontificum à Rome s’est vu retirer l’autorisation de célébrer le rite tridentin dans la basilique Saint-Pierre, en vertu de l’application du décret papal.

De son côté, Jean de Tauriers dit ne pas s’inquiéter d’une possible sanction romaine. « Ce pèlerinage a commencé en dehors des cathédralesoppose-t-il. Peut-être que ce sera le cas en 2025, ce serait triste mais ça ne nous empêchera pas et ça ne limitera ni notre ardeur, ni notre nombre. »

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Trois années de restrictions de la liturgie tridentine

En juillet 2021, le motu proprio Gardiens de la tradition a drastiquement restreint la possibilité de recourir aux missels antérieurs au concile Vatican II pour célébrer la messe. Un rescrit pontifical publié en 2023 exige désormais une autorisation du Vatican pour toute célébration.

Le décret papal interdit également l’usage des autres livres liturgiques pour les sacrements de confirmation et de baptême.

Selon des informations de La Croixle cardinal Arthur Roche, préfet du dicastère pour le culte divin, a signifié au mois de mai 2023 aux évêques de France l’interdiction de célébrer des mariages dans l’ancien rite.

2024-12-04 11:00:00
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