Le monde de Lucio Corsi c’est de la poésie et de la couleur. Toscano, 32 ans, est l’auteur-compositeur-interprète un peu martien du prochain Sanremo et de la musique italienne. Nous l’avons rencontré dans son petit bout du monde, à Milan, dans le quartier de Niguarda, dans le restaurant où il déjeune tous les jours. «Dans la ville où je suis né et où j’ai grandi, ma grand-mère a ouvert un restaurant en 1959, elle y est toujours. Pour moi, le restaurant est un lieu de rencontre fondamental”, dit-il assis à une table de l’Antica Trattoria Ambrosiana. “Ici”, poursuit-il, “j’ai retrouvé ce sentiment d’être chez moi, depuis six ans je viens manger avec lui. tous les jours». Et à côté de lui se trouve Mario, connu sous le nom de mille lires, avec une longue barbe blanche, témoin de mille histoires: «J’aime m’entourer de gens qui gardent les pieds sur terreJ’en ai beaucoup besoin pour rester ancré dans le quotidien.”
La musique, comme nous le disent bien ses chansons (Ce que nous ferons quand nous serons grands, Trieste, platine de vaisseau spatial et le dernier, Tu es le matin)pour Lucio Corsi, c’est plutôt fantaisie, imagination : «Avec des chansons j’aime m’évader ailleurs, déambuler avec mon esprit, voyager dans le temps”il explique : « J’essaie de me mettre dans une autre peau, de me cacher du monde qui m’entoure parce que lorsqu’une chanson raconte la réalité telle qu’elle est, elle m’ennuie à mort. La musique sert à nous tromper, alors que dans la vie de tous les jours, je crois qu’il est important de ne pas mentir, de ne pas faire semblant.”
Il l’amènera sur la scène de Sanremo Je voulais être dur. «On ne peut pas écrire une chanson pour aller à Sanremo», il dit : « J’en ai choisi un que j’ai écrit il y a un an et demi, ça aurait été l’un des singles du nouvel album. Il y a ceux qui disent qu’il ne faut pas expliquer les chansons mais seulement les jouer, mais j’aime le faire. Je voulais être dur parler du fait que souvent tu ne parviens pas à devenir ce que tu rêvais d’être et ça nous rêvons souvent de quelque chose qui, en réalité, n’est guère meilleur que ce que nous sommes déjà. Ce monde veut que nous soyons indestructibles, inrayables, parfaits et solides comme des pierres mais nous sommes bien plus dans la balance. L’équilibre est précaire, il suffit de l’accepter”. Et que rêvait de devenir Lucio Corsi ? « Paléontologue, puis chasseur d’insectes. Dans la Maremme, je cherchais des larves de cétonie sous des troncs pourris. Quand j’avais 10 ans, j’ai même écrit une chanson à ce sujet. Je rêvais aussi d’être un chanteur Mon père et ma mère m’avaient montré Le Frères Blueset un enfant ne peut s’empêcher d’être ravi en regardant ce film : il contient toutes les plus belles musiques de l’histoire et le musicien est une sorte de super-héros.” Au fil des années à l’école, il n’a pas changé d’avis : «Je n’ai rien appris des professeurs, mais tout de mes camarades de classe. À mon avis, c’est la meilleure leçon que le lycée m’a donné. J’étais un scientifique et j’étais le seul à avoir les cheveux longs, à jouer, j’étais identique à maintenant. Là, j’ai appris à trouver une manière de vivre avec d’autres personnes qui n’ont pas les mêmes passions que moi, qui sont différentes de moi.”
Lucio Corsi
SIMONE BIAVATI
Première fois chez Ariston ? «Je suis curieux, j’ai passé des années de lutte interne à me demander “dois-je essayer ou pas ?”. Beaucoup de musiciens que j’aime ne sont jamais allés à Sanremo, comme Battiato et surtout Paolo Conte, d’autres comme Dalla et Ivan Graziani y sont allés. Cette année, je me suis dit « c’est peut-être le bon moment ». J’ai un album qui sort et j’y suis déjà allé sur un coup de tête avec la série de Carlo Verdone, La vie de Carlo”. Si cela s’était produit il y a cinq ans, Lucio Corsi ne se serait pas reconnu : « J’aurais regardé mon reflet dans le miroir et je lui aurais dit “Comment es-tu arrivé là ?” C’est une question de chemin, de croissance. Je joue depuis des années, depuis que je suis enfant, je me promène avec ma guitare dans les trains. J’ai aussi joué dans la rueà Milan, et c’est une expérience qui apprend beaucoup. Quand on joue dans la rue, il faut être capable de faire arrêter les gens et ensuite il faut les faire rester. Sanremo est un mixeur, si vous y allez avec une bonne base je pense que c’est plus simple. Mieux vaut avoir un parachute.” Et encore : “Derrière la télé, il y aura ceux qui me verront pour la première fois, il y aura un large public, différent du mien. J’aime beaucoup cette idée, elle m’intrigue.” Le soir des reprises, l’auteur-compositeur-interprète donne quelques petites avant-premières : « Ce sera un duo, ce sera une chanson du passé mais aussi du futur ».
La tournée débutera ensuite en avril : Bologne, Turin, Florence, Naples, Rome et enfin Milan : « Mon rêve est de tourner toute ma vie, comme Bob Dylan. Vivre tous les jours avec les instruments sous le bras, l’harmonica dans la poche, le piano à portée de main, et tourner dans toute l’Italie avec les gars avec qui je partage la scène et qui sont mes amis depuis le lycée.”
#Lucio #Corsi #Avec #les #chansons #jaime #mévader #ailleurs #Sanremo #est #mixeur #mais #cest #bon #moment #Jai #joué #dans #rue #cest #là #quon #apprend #vraiment