Le cessez-le-feu tant attendu entre Israël et le Hamas est finalement entré en vigueur, avec près de trois heures de retard, pendant lesquelles les forces israéliennes ont continué à frapper Gaza, accusant le groupe militant de ne pas avoir divulgué les noms des otages qui devraient être libérés dimanche.
Le cessez-le-feu a finalement commencé à 9h15, heure irlandaise (GMT), après que le Hamas a publié les noms des trois otages sur ses réseaux sociaux.
L’agence de défense civile dirigée par le Hamas a déclaré que huit personnes avaient été tuées dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza dans les heures qui ont suivi l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Trois Palestiniens ont été tués dans l’est de la ville de Gaza par des drones israéliens, ont annoncé dimanche les médecins du territoire. L’armée israélienne a déclaré qu’elle avait frappé des « cibles terroristes » dans le nord et le centre de Gaza et qu’elle continuerait à attaquer tant que le Hamas ne répondrait pas à ses exigences.
Le Hamas a désigné les trois femmes otages comme étant Romi Gonen (24 ans), la Britanno-israélienne Emily Damari (28 ans) et Doron Steinbrecher (31 ans). Ils seront libérés par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, en échange de 30 prisonniers palestiniens chacun.
Mme Damari est le dernier otage britannique détenu depuis l’attaque d’octobre 2023 contre Israël. Elle est en captivité depuis 470 jours. Un avocat de sa famille a déclaré qu’il n’y avait eu aucune « vérification indépendante » quant à sa libération.
Le cessez-le-feu ouvre la voie à une possible fin d’une guerre de 15 mois qui a bouleversé le Moyen-Orient. Mais ce retard rappelle à quel point le processus risque d’être fragile.
Les forces israéliennes ont commencé à se retirer des zones de Rafah, dans la bande de Gaza, vers le couloir de Philadelphie, le long de la frontière entre l’Égypte et Gaza, ont rapporté dimanche les médias pro-Hamas.
L’armée israélienne a averti les habitants de Gaza de ne pas s’approcher de ses troupes ni de se déplacer sur le territoire palestinien avant la date limite du cessez-le-feu, ajoutant que lorsque les mouvements seraient autorisés, « une déclaration et des instructions seraient publiées sur les méthodes de transit sûres ».
Environ 200 camions de livraison d’aide, dont 20 transportant du carburant, ont commencé à arriver dimanche au point de passage de Kerem Shalom sous contrôle israélien avant l’entrée dans la bande de Gaza, ont indiqué deux sources égyptiennes.
Les camions humanitaires utilisaient le point d’entrée de Kerem Shalom en attendant l’achèvement de la maintenance au poste frontière de Rafah vers le sud de Gaza depuis l’Égypte, ont indiqué les sources.
L’accord de cessez-le-feu en trois étapes fait suite à des mois de négociations intermittentes négociées par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis, et est intervenu juste avant l’investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis lundi.
Sa première étape durera six semaines, au cours desquelles 33 des 98 otages restants – femmes, enfants, hommes de plus de 50 ans, malades et blessés – doivent être libérés en échange de près de 2 000 prisonniers et détenus palestiniens.
Parmi les prisonniers figurent 737 hommes, femmes et adolescents, dont certains sont membres de groupes militants reconnus coupables d’attaques qui ont tué des dizaines d’Israéliens, ainsi que des centaines de Palestiniens de Gaza détenus depuis le début de la guerre.
Une affiche avec des photos des otages Emily Damari et Doron Steinbrecher (à droite), que le Hamas doit libérer aujourd’hui, dans le quartier où ils ont été kidnappés lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, dans le sud d’Israël. Photographie : Amir Levy/Getty
Après la libération des otages dimanche, selon le principal négociateur américain Brett McGurk, l’accord prévoit la libération de quatre otages supplémentaires après sept jours, suivie de la libération de trois autres otages tous les sept jours par la suite.
Au cours de la première phase, l’armée israélienne se retirera de certaines de ses positions à Gaza et les Palestiniens déplacés des zones du nord de Gaza seront autorisés à rentrer.
L’équipe du président américain sortant Joe Biden a travaillé en étroite collaboration avec l’envoyé de M. Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour faire avancer l’accord.
À l’approche de son investiture, M. Trump avait réitéré sa demande qu’un accord soit conclu rapidement, avertissant à plusieurs reprises qu’il y aurait « un enfer à payer » si les otages n’étaient pas libérés.
Mais la suite des événements à Gaza reste incertaine, en l’absence d’un accord global sur l’avenir du territoire après-guerre, dont la reconstruction nécessitera des milliards de dollars et des années de travail.
Des soldats égyptiens accompagnent des camions transportant des maisons préfabriquées le long d’une route du nord de la péninsule égyptienne du Sinaï en direction de la frontière avec la bande de Gaza, le 19 janvier 2025, peu après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Photographie : Khaled Desouki/AFP/Getty
Bien que l’objectif déclaré du cessez-le-feu soit de mettre fin complètement à la guerre, il pourrait facilement s’effondrer. Le Hamas, qui contrôle Gaza depuis près de deux décennies, a survécu malgré la perte de ses plus hauts dirigeants et de ses milliers de combattants.
Israël a juré qu’il ne permettrait pas au Hamas de revenir au pouvoir et a dégagé de vastes étendues de terrain à l’intérieur de Gaza, dans une démarche largement considérée comme une démarche vers la création d’une zone tampon qui permettra à ses troupes d’agir librement contre les menaces sur le territoire.
En Israël, le retour des otages pourrait apaiser une partie de la colère du public contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son gouvernement de droite suite à l’échec sécuritaire du 7 octobre 2023 qui a conduit à la journée la plus meurtrière de l’histoire du pays, au mains du Hamas, avec plus de 1 200 morts.
Le ministre de la Sécurité nationale, le parti d’extrême droite d’Itamar Ben-Gvir, Otzma Yehudit, a annoncé dimanche matin avoir officiellement quitté la coalition gouvernementale en raison de la mise en œuvre du cessez-le-feu, soulignant la fragilité persistante du gouvernement israélien.
L’offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza a tué au moins 46 913 Palestiniens et blessé 110 750 depuis le début du conflit en octobre 2023, a indiqué dimanche le ministère de la Santé de l’enclave palestinienne dans un communiqué. – Gardien/Reuters
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