Home » Économie » ENTRETIEN. Donald Trump : « La maison brûle et l’Europe regarde ailleurs »… Pourquoi les Européens font-ils profil bas devant le président américain ?

ENTRETIEN. Donald Trump : « La maison brûle et l’Europe regarde ailleurs »… Pourquoi les Européens font-ils profil bas devant le président américain ?

by Nouvelles

l’essentiel Dès son arrivée à la Maison Blanche, lundi 20 janvier, Donald Trump a pris une série de décrets et de prises de position. Menace douanière, défense militaire en danger… L’Europe est la principale victime. Toutefois, peu de pays européens semblent réagir. Une attitude qui risque d’avoir de graves conséquences pour le vieux continent, analyse Dominique Simonnet, journaliste et spécialiste des questions américaines.

La Dépêche du Midi : Pourquoi l’Europe reste-t-elle silencieuse face aux nombreuses provocations de Donald Trump ?

Dominique Simonnet : Les élus européens pensent sûrement qu’en diplomatie, il faut être prudent, qu’il sera possible de négocier avec Donald Trump. Mais cette approche n’est pas vraiment la bonne technique puisque le président américain opère avec brutalité. Il ne connaît que les rapports de force ou la logique du marché. Sa diplomatie repose sur le bras de fer et les deals.

Dominique Simonnet est un spécialiste des Etats-Unis. Photo X Dominique Simonnet

Certes, nous avons entendu quelques réserves de la part de François Bayrou et du président Macron, mais celles-ci restent limitées. Mais l’Europe est directement concernée par l’arrivée de Trump à la Maison Blanche.

En quoi pensez-vous que cette stratégie européenne contre Trump est inefficace ?

Quand on est face à quelqu’un qui ne travaille que dans les relations de pouvoir, cela ne sert à rien de chercher à l’épargner par des gestes diplomatiques. Je pense que c’est une erreur car l’Europe doit être forte, déterminée et prête à réagir. Vous devez démontrer votre propre détermination et montrer que vous pouvez être aussi fort que lui. C’est la seule solution.

Cela ne signifie pas adopter des mesures brutales ni sortir du cadre démocratique. Il s’agit de rester dans les limites démocratiques tout en affichant une position ferme. L’Europe doit clairement faire preuve de plus de détermination qu’elle ne le fait aujourd’hui. Il existe des solutions, comme nouer des alliances ou prendre des initiatives spécifiques, par exemple dans les domaines de la défense ou de l’économie.

Mais la situation est compliquée, car Trump bénéficie, contrairement à son premier mandat, du soutien de certains des pays européens les moins démocratiques, comme Giorgia Meloni en Italie ou Viktor Orbán en Hongrie. Ces alliances rendent difficile la constitution d’un front européen commun capable de résister à d’éventuelles attaques de Donald Trump.

Quels risques l’Europe court-elle en maintenant une posture passive à l’égard du président des États-Unis ?

D’un côté, Donald Trump pourrait annoncer des mesures protectionnistes qui affecteraient l’Europe. Sur le plan géopolitique, il semble vouloir conclure un accord avec Poutine sur l’Ukraine. Cela reviendrait à laisser les territoires conquis aux Russes et à placer l’Ukraine hors de l’Europe et de l’OTAN. Ce scénario pose un sérieux problème de sécurité pour l’Europe, notamment pour des pays comme la Pologne et les Pays-Bas, qui se retrouveraient en première ligne.

Il existe une réelle prise de conscience de la situation parmi les Européens. Mais simplement, la maison brûle et l’Europe regarde ailleurs. Il faut aller très très vite. Nous n’avons pas l’impression que l’Europe soit très vivante.

Quelle place occupe le continent européen dans la vision politique de Donald Trump ?

Donald Trump semble particulièrement indifférent à l’Europe. En tant que magnat de l’immobilier, il réduit tout à des considérations d’échanges commerciaux, de rapport de force et de deals. Voilà comment ça marche. L’Europe, à ses yeux, est avant tout un client et un partenaire commercial.

Il n’a jamais mis en avant les valeurs communes entre démocraties, même lors d’événements symboliques comme les commémorations du Débarquement. Ces sujets – liberté individuelle, valeurs démocratiques – ne l’intéressent pas du tout. Ce qui le préoccupe, c’est l’argent et la mise en place d’une oligarchie marchande. L’Europe n’est pas pour lui un ennemi, mais un partenaire avec lequel il doit négocier. Cela implique pour l’Europe d’affirmer sa force économique et politique.

#ENTRETIEN #Donald #Trump #maison #brûle #lEurope #regarde #ailleurs #Pourquoi #les #Européens #fontils #profil #bas #devant #président #américain

You may also like

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.