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Monaco pour la finance – Défis économiques en 2025: les États-Unis en leader, en Europe, confrontés à ses choix

by Nouvelles

Le 29 janvier, Monaco a salué une conférence exceptionnelle organisée par Edmond de Rothschild Monaco, accueillant Mathilde Lemoine, économiste en chef du groupe Edmond de Rothschild, et Sébastien Cavernes, directeur de placement chez Edmond de Rothschild Monaco. Au cours de cet événement, Mathilde Lemoine a souligné les perspectives et les défis spécifiques à l’Europe et aux États-Unis.

Vous avez souligné une performance économique exceptionnelle des États-Unis en 2024. Quels éléments expliquent ce dynamisme?

Depuis le premier mandat de Donald Trump, les États-Unis ont adopté une politique économique basée sur la croissance et la souveraineté. Cela comprend des mesures ambitieuses telles que la loi sur la réduction de l’inflation (IRA), la loi sur les puces et les réductions d’impôts massives, qui ont toutes des sociétés massivement soutenues.
Résultat ? Une augmentation de la productivité, avec un taux annuel de 1,7% contre 1,3% avant la pandémie. Ce choix de politique économique, partagé par les républicains et les démocrates, a permis une augmentation du potentiel de croissance des États-Unis. En 2024, ils ont atteint une croissance impressionnante de 2,8%, tandis que la zone euro a eu du mal à 0,6%.

Quelles leçons l’Europe pourrait-elle obtenir de cette stratégie américaine?

L’Europe souffre d’un manque de pragmatisme dans ses choix économiques. Alors que les États-Unis investissent massivement, la zone euro reste enfermée dans des politiques budgétaires restrictives visant à réduire les déficits, tout en favorisant les dépenses de retraite. Depuis 2017, l’investissement privé soutenu par des crédits d’impôt a cru 19% aux États-Unis lorsqu’il a chuté de 14% dans la zone euro!
De plus, l’Europe n’a pas de politique unifiée pour réduire le coût de l’énergie pour ses entreprises, ce qui affecte leur compétitivité. Par exemple, les prix du gaz sont cinq fois plus élevés en Europe qu’aux États-Unis, poussant des secteurs tels que la chimie ou l’industrie alimentaire pour déplacer leurs activités à travers l’Atlantique.

Les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe semblent s’intensifier. Quelles sont les implications?

Donald Trump a déjà décrit l’Europe comme une “mini-china” en raison de son déficit commercial croissant avec les États-Unis, qui atteint désormais 235 milliards de dollars (selon les chiffres du Bureau of Economic Analysis). Les secteurs les plus exposés sont l’automobile, la drogue, les bateaux, le luxe et l’agriculture, en particulier en France, en Allemagne et en Italie.
Cette guerre commerciale crée une profonde incertitude, car les entreprises hésitent à investir face à des menaces constantes de tâches de douane. Cela ralentit la croissance européenne et amplifie son abandon par rapport aux États-Unis.

Quels risques identifiez-vous pour l’Europe à court terme?

L’Europe est prise en vice entre deux pouvoirs:

  • Les États-Unis, avec un coût d’énergie et une infrastructure d’innovation attrayante.
  • La Chine, qui domine les technologies nécessaires à la transition énergétique, telles que les batteries électriques et les panneaux solaires.

Sans une stratégie cohérente, l’Europe risque de devenir dépendante de ses importations, ce qui affaiblirait sa souveraineté économique et nationale. En outre, les restrictions budgétaires limitent sa capacité à soutenir l’investissement des entreprises dans les secteurs clés, ce qui augmente son retard face aux grandes puissances. Enfin, il abandonne le capital humain.

La Chine est néanmoins confrontée à des défis …

La Chine reste un acteur clé de l’économie mondiale, cependant, son modèle est sous pression. Il doit faire face à des problèmes structurels, tels que le vieillissement de sa population et l’augmentation des tensions géopolitiques, en particulier avec les États-Unis.
Malgré tout, la Chine compense en se concentrant sur ses exportations, en particulier en Europe, dans les secteurs liés à la transition énergétique (véhicules électriques, batteries, panneaux solaires). Alors que les États-Unis tentent de réduire ses importations chinoises, la Chine se tourne vers les marchés européens pour maintenir son rythme.
En parallèle, Pékin continue d’investir massivement dans les infrastructures nationales et en technologie, deux piliers essentiels pour sa souveraineté. Enfin, l’État chinois développe une stratégie pour contourner les obstacles aux douanes européennes, en particulier via des investissements directs dans des usines locales en Europe de l’Est, comme en Hongrie.

L’Europe a donc renforcé sa dépendance à l’égard de la Chine?

En particulier pour les technologies nécessaires à la transition énergétique. Par exemple, la part des importations européennes en provenance de Chine a augmenté de trois points depuis 2017, avec des produits tels que des batteries et des composants pour les panneaux solaires à l’esprit.
Cette dépendance est doublement problématique:

  1. Il affaiblit la souveraineté technologique européenne.
  2. Il crée une vulnérabilité aux perturbations commerciales potentielles, telles que les restrictions chinoises ou les tâches de douane européennes.

L’Europe doit donc investir rapidement dans sa propre infrastructure industrielle pour réduire cette dépendance, mais cela nécessite des choix stratégiques clairs et des politiques budgétaires plus ambitieuses.

L’intelligence artificielle est au cœur des développements économiques mondiaux. Quel rôle joue-t-il dans cette compétition entre les grandes puissances?

L’intelligence artificielle (IA) est l’un des leviers clés de la compétitivité mondiale. Les États-Unis, avec ses géants technologiques, et la Chine, grâce aux investissements publics colossaux, dominent largement ce secteur.
Pour l’Europe, le retard est flagrant. Alors que certaines initiatives émergent, comme les pôles technologiques en France ou en Allemagne, ils restent insuffisants face aux avancées américaines et chinoises. Par exemple, l’Europe ne maîtrise pas encore des infrastructures critiques, telles que les semi-conducteurs ou les centres de données, qui sont essentiels pour développer l’IA.
De plus, l’IA est très consommateur d’énergie. Les coûts énergétiques élevés en Europe ralentissent les entreprises dans ce domaine, les rendant moins compétitifs face à leurs homologues américains ou asiatiques. Si l’Europe veut rester dans la course, elle devra non seulement investir dans des technologies d’IA, mais aussi réduire le coût de l’énergie et soutenir davantage la recherche.

Quelles priorités pour l’Europe face à ces défis?

L’Europe doit impérativement établir des priorités claires pour rester compétitives dans ce nouveau monde bipolaire dominé par les États-Unis et la Chine. Je vois trois axes essentiels:

  1. Réduisez le coût de l’énergie pour les entreprises, afin d’améliorer leur compétitivité et leur capacité à innover.
  2. Investissez massivement dans l’industrie de la recherche et de la technologie, en soutenant les projets européens stratégiques sur l’IA et la transition énergétique.
  3. Renforcer la cohésion sociale, en particulier par le biais de programmes de formation pour mieux intégrer les employés dans un monde technologique en évolution rapide.

Sans ces actions, l’Europe risque de rester spectateur de la concurrence mondiale, au détriment de sa souveraineté économique et de ses valeurs.

Comment voyez-vous la dynamique de la croissance mondiale en 2025?

Je prévois une croissance mondiale de 2,5% en 2025, légèrement inférieure à celle de 2024. Les États-Unis continueront de mener la danse avec une prévision de 2,1%, soutenue par un déficit budgétaire élevé et des taux d’intérêt à court terme en déclin.
D’un autre côté, la zone euro devrait être à la traîne, avec une croissance attendue de seulement 0,6%. Cet écart est amplifié par des choix budgétaires inadaptés et une compétitivité énergétique insuffisante. La Chine, pour sa part, devrait enregistrer une croissance de 4,7%, toujours transportée par ses exportations, en particulier vers l’Europe dans les secteurs liés à la transition énergétique.

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