Sociétés écrans, fausses factures, voitures achetées à crédit puis revendues : dix personnes sont jugées à partir de ce lundi 17 avril 2023 à Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour une vaste escroquerie à plus d’un million d’euros.
Parmi les prévenus figure l’automobiliste français qui avait écrasé l’Israélienne Lee Zeitouni à Tel-Aviv en septembre 2011 avant de prendre la fuite, et son passager. Les deux hommes n’en sont pas à leur coup d’essai. Déjà condamnés pour escroquerie, ils sont soupçonnés d’être les cerveaux de cette nouvelle fraude qui a fait près d’une centaine de victimes entre 2013 et 2014.
« Tonio le ferrailleur » et « Manu le banquier »
Pour mener à bien leur affaire, les protagonistes ont appliqué un véritable manuel de l’escroc. D’abord, ils ont réactivé des sociétés dormantes qui possèdent toujours une immatriculation auprès du registre du commerce, afin d’appuyer leur crédibilité auprès des banques. Un certain « Tonio le ferrailleur » a apporté une mise de fonds de 100 000 € pour les aider à démarrer leur activité. À la tête de ces compagnies, ils ont placé des gérants de paille, souvent des proches comme leur femme ou leur oncle. Les prête-noms vont ouvrir des comptes bancaires grâce à des bilans comptables falsifiés, des faux avis d’imposition et la complicité de « Manu le banquier ».
Cet ex-banquier à la HSBC a servi d’entremetteur entre les institutions bancaires et les membres du réseau d’escroquerie. L’argent en poche, une flopée d’entreprises, dont la principale, Métaux Europe, ont pu acheter des voitures en leasing, changer les plaques, puis les revendre à des prix défiant toute concurrence à des garages peu scrupuleux.
Lors des perquisitions dans les locaux de Métaux Europe à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), les enquêteurs ont découvert un site épuré de… 6 m², composé d’un bureau, d’une chaise et d’un ordinateur. L’argent collecté par la vente d’au moins 18 véhicules (Smart, Mercedes-Benz, Clio) a été transféré grâce un montage financier sophistiqué vers la Pologne, la Hongrie ou Israël.
Les fonds ont ensuite été rendus aux malfaiteurs en cash moyennant quelques commissions à différents intermédiaires dont un comptable, surnommé « Majax, le prestidigitateur ». Sur le dos de son employeur SAF, partie civile, il a créé de faux comptes fournisseurs avec de fausses factures et a permis de décaisser l’argent.
Caviar etcapade à Marrakech
Ce mode opératoire rodé a été dupliqué via la société Groupe Allianz de France (GAF) qui jouait avec l’ambiguïté du nom de l’assureur Allianz. Ce dernier a obtenu leur condamnation pour concurrence déloyale en 2014. GAF a embauché des femmes de l’entourage des deux principaux mis en cause sous des fausses identités et les a fait passer pour des commerciales.
Elles ont démarché des artisans trouvés sur les pages jaunes qui pensaient être lien avec une filiale du groupe d’assurance et leur ont proposé la création d’un site internet et la mise à disposition d’un portefeuille clients pour 5 000 €. Les contrats n’ont jamais été honorés et l’escroquerie a délesté une cinquantaine d’entreprises pour un préjudice estimé à plus de 200 000 €. Les chèques encaissés ont été transférés et récoltés en Pologne, les cartes de crédit des sociétés utilisées à des fins personnelles pour acheter du caviar ou s’offrir une escapade à Marrakech ou Tel-Aviv.
Au total, huit hommes et deux femmes, âgés de 41 à 61 ans, sont jugés à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour escroquerie, blanchiment ou recel en bande organisée. Plus d’une vingtaine de sociétés se sont constituées parties civiles. Le procès doit s’achever vendredi 21 avril. Les dix prévenus, commercial, comptable, professeur de sport, directeur financier, architecte d’intérieur ou analyste, ont reconnu à des degrés divers leur participation à l’escroquerie.
2023-04-17 10:00:00
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