Au Cameroun, une avocate risque sa vie pour défendre les homosexuels.
Malgré les diffamations, les menaces et les humiliations publiques, une avocate camerounaise chevronnée reste déterminée à défendre les droits des personnes homosexuelles dans son pays.
Une ONG de défense des droits humains qu’elle dirige a été récemment suspendue par le gouvernement. Elle a été convoquée pour répondre à des accusations de blanchiment d’argent et de financement de groupes terroristes, qu’elle nie.
L’avocate, âgée de 80 ans, affirme que les autorités camerounaises entravent son travail. Elle pense être ciblée en raison de l’assistance juridique qu’elle apporte à la communauté LGBT.
« Je défendrai toujours les homosexuels, parce qu’ils risquent leur liberté tous les jours et sont jetés en prison comme des chiens », déclare-t-elle avec fermeté.
« Mon travail est de défendre les gens. Pourquoi ne défendrais-je pas les homosexuels ? »
Vêtue d’une robe noire, elle transmet son message percutant d’une voix posée, reflet d’années d’argumentations juridiques réfléchies.
Selon le code pénal du pays, hommes et femmes peuvent être condamnés à une peine de prison et à une amende s’ils sont reconnus coupables de relations homosexuelles.Les membres de la communauté LGBT sont également confrontés à l’ostracisme de leurs familles et de la société en général.
Elle est considérée comme une « mère adoptive » pour certaines personnes qui n’occultent pas leur orientation sexuelle dans le pays.L’avocate a des enfants, mais des centaines, voire des milliers d’autres personnes, la considèrent également comme leur protectrice, en raison de son travail de plus de deux décennies à défendre les accusés d’homosexualité.
« Elle est comme notre père et notre mère. C’est la mère que nous trouvons quand nos familles nous abandonnent », témoigne un activiste LGBT sous couvert d’anonymat.
Attachée à la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui est incluse dans la Constitution du Cameroun, elle soutient qu’être à l’abri de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle doit être considéré comme un droit fondamental qui prévaut sur le code pénal.
« Il ne faut pas emprisonner les droits fondamentaux, il ne faut pas les réprimer — il faut les protéger », affirme-t-elle.
Ce combat l’a mise en danger.
Elle raconte avoir été menacée physiquement à plusieurs reprises dans la rue. Elle révèle que, lorsqu’elle a commencé à exercer dans ce domaine, elle a dû engager des gardes du corps.
En 1969, à 24 ans, elle est devenue la première avocate noire du pays, après avoir étudié en France et au Cameroun.
Elle dit avoir été encouragée à poursuivre ses études par son petit ami de l’époque, qui est devenu plus tard son mari.
Son travail juridique a d’emblée consisté à représenter les plus défavorisés, mais c’est une rencontre fortuite en 2003 qui l’a amenée à s’impliquer dans la lutte pour la dépénalisation de l’homosexualité.
L’avocate se trouvait au siège du ministère public de Douala lorsqu’elle a observé un groupe de jeunes menottés par paires, qui n’avaient même pas le courage de lever les yeux.
« quand j’ai vérifié l’historique du procès,j’ai réalisé qu’ils étaient poursuivis pour homosexualité »,dit-elle.## Tentative d’homosexualité
Voir les jeunes menottés a été un affront à son sens des droits humains. Pour elle, il n’y avait aucun doute : les minorités sexuelles devaient être incluses parmi ceux dont les droits sont protégés par la Constitution.
« J’ai décidé de me battre pour garantir que ce droit fondamental à la liberté soit respecté », ajoute-t-elle.
L’avocate a fondé l’Association pour la défense de l’homosexualité (ADEFHO) en 2003.
Depuis lors, elle s’est impliquée dans des dizaines d’affaires.L’une des plus connues ces dernières années a été la défense de la célébrité transgenre Shakiro et de son amie Patricia en 2021.
Toutes deux ont été arrêtées alors qu’elles mangeaient dans un restaurant, puis accusées de « tentative d’homosexualité ».
Elles ont été condamnées à cinq ans de prison pour avoir violé le code pénal et commis un outrage à la pudeur.« C’est un coup très dur. C’est la peine maximale prévue par la loi. Le message est clair : les homosexuels n’ont pas leur place au Cameroun », avait déclaré l’avocate à l’époque.
Shakiro et Patricia ont été libérées par la suite, en attendant un recours — et ont fui le pays.
Depuis lors, la situation des personnes LGBT ne s’est pas améliorée.Un activiste LGBT, qui dirige une institution caritative pour soutenir les familles avec des enfants homosexuels, estime que la situation s’est récemment aggravée.
L’année dernière, une chanson basée sur le *mbolé*, un rythme local populaire, a été lancée avec un titre et des paroles qui incitent les gens à attaquer et à tuer les homosexuels.
La chanson est toujours largement partagée — et est jouée régulièrement dans les établissements les plus branchés des principales villes du pays.
« Les gens nous attaquent à cause de cette chanson, qui glorifie le crime », déplore l’activiste.Les personnes LGBT doivent dissimuler leur identité sexuelle,mais « certains individus préparent des pièges pour se rapprocher de nous,et nous attaquent ou nous dénoncent à la police »,ajoute-t-il.
L’avocate raconte que, lorsque Brenda Biya, la fille du président du Cameroun, Paul Biya, s
Au Cameroun, une avocate défend les droits des homosexuels au péril de sa vie
Une avocate camerounaise de 80 ans, risque sa vie pour défendre les droits des personnes LGBT au Cameroun. Malgré les menaces, les diffamations et la suspension de son ONG par le gouvernement (accusations de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, qu’elle réfute), elle poursuit son combat. Elle a été la première avocate noire du Cameroun en 1969. Son engagement pour la communauté LGBT a commencé en 2003 après avoir vu des jeunes menottés pour homosexualité au ministère public de Douala. Elle a fondé l’association pour la défense de l’homosexualité (ADEFHO) et défend les droits des personnes LGBT face à un code pénal qui criminalise les relations homosexuelles, entraînant prison et amendes. Elle est considérée comme une figure maternelle pour de nombreux membres de la communauté LGBT, les protégeant face à l’ostracisme familial et social. Son combat s’appuie sur la Déclaration universelle des droits de l’homme, intégrée à la Constitution Camerounaise, pour dénoncer la discrimination basée sur l’orientation sexuelle. L’aggravation récente de la situation, exemplifiée par une chanson incitant à la violence contre les homosexuels, met en lumière les risques quotidiens encourus par les personnes LGBT au Cameroun.L’affaire shakiro et Patricia, condamnées à 5 ans de prison en 2021 pour “tentative d’homosexualité”, illustre la sévérité des sanctions. L’avocate, ayant déjà dû engager des gardes du corps, continue de défendre son point de vue avec fermeté : “Je défendrai toujours les homosexuels, parce qu’ils risquent leur liberté tous les jours et sont jetés en prison comme des chiens”.
La situation des personnes LGBT au cameroun
| Aspect | Description |
|——————————-|——————————————————————————————————————————————-|
| Législation | L’homosexualité est illégale et punie par la loi. |
| Discrimination | Les personnes LGBT subissent une discrimination généralisée de la part de la société et de leurs familles. |
| menaces et violence | Les personnes LGBT sont victimes de menaces, de violence et d’agressions. Une chanson incitant à la violence contribue à l’augmentation des agressions.|
| Défense des droits | Une avocate chevronnée et son ONG défendent les droits des personnes LGBT, malgré les risques. |
| Conséquences | Condamnations à de lourdes peines de prison,exil,nécessité de dissimuler son identité sexuelle. |
L’engagement d’une avocate
L’avocate, première avocate noire du Cameroun, défend les plus vulnérables depuis des décennies. Son engagement envers la communauté LGBT découle d’une conviction profonde en l’égalité des droits et de la nécessité de protéger les droits fondamentaux, même ceux qui sont criminalisés par la loi. son combat au Cameroun met en lumière la lutte pour les droits LGBT en Afrique.