Le 14 juillet 1936, quatre jours avant le déclenchement de la Guerre Civile, le cimetière de la Almudena à Madrid fut le théâtre de deux enterrements. Le premier était celui du lieutenant José Castillo, dont le cercueil, enveloppé dans un drapeau rouge, fut salué par une foule de socialistes, de communistes et de gardes d’assaut.Quelques heures plus tard, le corps de l’ancien ministre des Finances, José Calvo Sotelo, revêtu d’un habit de capucin, descendait dans une autre tombe, entouré d’une foule immense qui saluait à la manière fasciste. Le gouvernement avait interdit la veillée funèbre de Calvo Sotelo,mais son enterrement public eut lieu malgré les avertissements concernant le climat délétère et la violence qui régnaient dans les rues.
Un mois auparavant, au Congrès des députés, Calvo Sotelo déclarait : « Un pays peut vivre en monarchie ou en république, en système parlementaire ou présidentiel, en système soviétique ou fasciste, mais il ne peut vivre dans l’anarchie. Et l’Espagne, aujourd’hui, malheureusement, vit dans l’anarchie […]. Nous assistons aux funérailles de la démocratie. »
Le leader du parti catholique et conservateur CEDA décrivait ainsi la crise que traversait l’Espagne durant les derniers jours de la Seconde République. Son discours provoqua une explosion de cris, d’approbations et de critiques, reflétant les désordres que la gauche et la droite semaient dans les rues, encouragés par les partis politiques qui allaient jusqu’à former leurs militants aux tactiques militaires. Ni le président du Conseil des ministres, Santiago Casares quiroga, ni Gil-Robles, figures importantes de la Seconde République, ne parvenaient à maîtriser la situation.
En réalité, leur maintien au pouvoir dépendait des votes de députés aux objectifs divergents. Les élections de février avaient opposé deux grandes alliances : le Front Populaire et le Front National. Le premier regroupait, outre les libéraux de Casares Quiroga, le PSOE, le PCE et d’autres groupes de la classe ouvrière, ainsi que le puissant syndicat UGT. Le second comprenait la CEDA de Gil-Robles, les monarchistes, les agrariens, les grands propriétaires terriens, d’autres partis de droite et des représentants de l’armée, de l’Église et de la bourgeoisie.
### Castillo et Calvo Sotelo
Les deux camps étaient déjà formés avant le déclenchement de la Guerre Civile. L’étincelle fut l’assassinat du lieutenant José Castillo et de l’ancien ministre des Finances, José Calvo Sotelo. Castillo fut abattu le 12 juillet 1936. La Phalange l’avait désigné comme une cible. Il avait reçu une lettre anonyme lui prédisant une mort prochaine.
La nouvelle de la mort de castillo provoqua la colère des gardes d’assaut.Ses camarades critiquèrent le gouvernement et réclamèrent vengeance contre la Phalange. Le 13 juillet 1936, des gardes d’assaut se rendirent au domicile de Calvo Sotelo, dans un épisode encore mystérieux aujourd’hui.
Le lendemain, le journal ABC titrait : « M. José Calvo Sotelo assassiné à Madrid dans la nuit. » La nouvelle se répandit rapidement.### La fausse arrestation
Les gardes d’assaut et les militants du PSOE étaient porteurs d’un faux mandat d’arrêt. Calvo Sotelo fit ses adieux à sa famille, promettant de téléphoner à son arrivée. L’historien Hugh Thomas rapporte dans *La guerre Civile espagnole* qu’il aurait dit à sa femme : « À moins que ces messieurs ne m’emmènent pour me donner quatre balles. » Au lieu d’être conduit au commissariat, il fut assassiné dans le véhicule.
Le 14 juillet eurent lieu les deux enterrements au cimetière de la Almudena. Plus de trente mille personnes assistèrent aux funérailles de l’ancien ministre. Antonio Goicoechea, son lieutenant à la renovación Española, jura de venger sa mort :
« Nous ne t’offrons pas de prier Dieu pour toi ; nous te demandons de prier pour nous. devant ce drapeau placé comme une croix sur ta poitrine, devant Dieu qui nous entend et nous voit, nous jurons solennellement de consacrer notre vie à une triple tâche : imiter ton exemple, venger ta mort et sauver l’Espagne, car tout est un et même ; car sauver l’Espagne sera venger ta mort, et imiter ton exemple sera le chemin le plus sûr pour sauver l’Espagne. »
Antonio Goicoechea, Renovación Española
Le vice-président et le secrétaire permanent des Cortes furent pris à partie par des femmes qui les accusaient d’avoir permis un tel crime, sans mentionner celui du lieutenant Castillo. Peu après,les cortèges funèbres se croisèrent et des échanges de tirs eurent lieu entre les phalangistes et les gardes d’assaut.
### La fusillade
La tension était à son comble. Des personnes présentes à l’enterrement de Calvo Sotelo tentèrent de se rendre au center-ville, mais furent fouillées par la Garde d’assaut. une fusillade éclata,faisant cinq morts et 34 blessés. Les lieutenants España, Artal et le capitaine Gallego furent arrêtés pour avoir protesté contre cette violence. Les personnes rassemblées devant le domicile de Calvo Sotelo furent également dispersées par la force.
Hugh Thomas écrivait : « Ces deux enterrements furent les deux dernières réunions politiques qui eurent lieu en Espagne avant la guerre Civile. » Un climat d’excitation régna à Madrid. Le gouvernement suspendit les journaux de droite *Ya* et *Epoca* pour avoir publié des récits sensationnalistes de l’assassinat de Calvo Sotelo sans censure préalable. Les sessions des Cortes furent également suspendues.
Les dirigeants des partis de droite protestèrent et menacèrent de se retirer des Cortes. Largo Caballero, de retour de londres, fut débarqué du train près d’El Escorial à la demande du gouvernement pour éviter les manifestations à son arrivée à Madrid. Casares Quiroga affirma qu’Emilio Mola n’avait pas été arrêté et qu’il était « un général loyal à la République ». Il se trompait.
Les Enterrements de Madrid : Prélude à la Guerre Civile espagnole
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Contexte Général
En juillet 1936, l’Espagne était au bord de la guerre civile. Les tensions politiques étaient extrêmes, les divisions profondes et les affrontements fréquents.L’assassinat du lieutenant José Castillo et de l’ancien ministre des Finances José Calvo Sotelo ont été des événements déclencheurs.
Les Enterrements du 14 Juillet
Le 14 juillet 1936,quatre jours avant le déclenchement de la Guerre Civile,le cimetière de la Almudena à Madrid fut le théâtre de deux enterrements qui symbolisèrent la division croissante en Espagne.
Lieutenant José Castillo: Son cercueil, enveloppé dans un drapeau rouge, fut salué par des socialistes, des communistes et des gardes d’assaut.
José Calvo Sotelo: L’ancien ministre des Finances a été enterré avec une cérémonie où la foule saluait à la manière fasciste.
Le Rôle des Assassinations
L’assassinat du lieutenant José Castillo a été suivi par la mort de Calvo Sotelo, ce qui a enflammé encore plus les tensions.
José Castillo: Assassiné le 12 juillet 1936.
José Calvo Sotelo: Fut assassiné le 13 juillet 1936 par des gardes d’assaut et des militants du PSOE, porteurs d’un faux mandat d’arrêt.
Conséquences Immédiates
Les enterrements se sont déroulés dans un climat de grande tension, conduisant à des affrontements et à la violence.
Une fusillade a éclaté lors de l’enterrement de Calvo Sotelo, faisant plusieurs morts et blessés.
Le gouvernement a suspendu les journaux de droite et les sessions des Cortes.
Déclaration de calvo Sotelo
Un mois avant sa mort, Calvo Sotelo a déclaré au Congrès des députés : « Un pays peut vivre en monarchie ou en république, en système parlementaire ou présidentiel, en système soviétique ou fasciste, mais il ne peut vivre dans l’anarchie. Et l’Espagne, aujourd’hui, malheureusement, vit dans l’anarchie […]. Nous assistons aux funérailles de la démocratie. »
Tableau Récapitulatif : Les Événements Clés
| Événement | Date | Détails |
| :—————————————— | :————– | :———————————————————————————– |
| Assassinat de José Castillo | 12 juillet 1936 | Ciblé par la Phalange. |
| Assassinat de José Calvo Sotelo | 13 juillet 1936 | Assassiné par des gardes d’assaut et des militants du PSOE. |
| Enterrements au Cimetière de la Almudena | 14 juillet 1936 | Funérailles de Castillo et de Calvo Sotelo, marquées par des tensions et des affrontements. |
| Déclaration de Calvo Sotelo | Un mois avant | Critiques de l’anarchie et de la crise de la démocratie. |
| Suspension des Journaux et des Cortes | Après Enterrements | Mesures prises par le gouvernement suite aux événements. |
FAQ
Q: Quand ont eu lieu les enterrements ?
R: Le 14 juillet 1936.
Q: Qui était José Castillo ?
R: Un lieutenant.
Q: Qui était josé Calvo Sotelo ?
R: Un ancien ministre des Finances.
Q: Quelle fut la réaction à la mort de Castillo ?
R: La colère des gardes d’assaut qui réclamèrent vengeance.
Q: Qu’a déclaré Calvo Sotelo concernant l’Espagne ?
R: Qu’elle vivait dans l’anarchie et assistait aux funérailles de la démocratie.
Q: Quel fut le résultat des enterrements ?
R: Ils ont mené à une fusillade.