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À 14 ans, il dort dans la rue avec sa mère au Havre : “C’est dur, on est très fatigués”

À 14 ans, il dort dans la rue avec sa mère au Havre : “C’est dur, on est très fatigués”

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Les histoires de vie des familles se succèdent, se répètent d’une année à l’autre, avec un dénominateur commun : les nuits dans la ruesans savoir de quoi demain sera fait.

Au Havre, environ 60 enfants dorment dans la rue en cette fin d’année 2023, « peut-être même plus », souffle Véronique, membre du RESF (Réseau éducation sans frontières). Un chiffre qui n’a de cesse de croître (l’an passé, on en recensait une cinquantaine).

Ahmed, 14 ans, dort dans la rue

Parmi eux, Ahmed 14 ans. Originaire du Yémen, il a fui son pays, en proie à la guerre, avec sa mère. Tous les deux sont arrivés en France en juin 2022.

Son quotidien oscille entre ses journées au collège, et les nuits où les toits se font rares. « C’est difficile, car en ce moment en plus, il commence à faire froid« .

Fuir la guerre

Dans un sourire presque déconcertant, Ahmed décrit son histoire. Celle d’un jeune adolescent qui ne voulait pas faire la guerre. [Le pays est en guerre civile depuis 2014, entre mars 2015 et novembre 2022, plus de 11 000 enfants ont été tués ou gravement blessés, selon l’Unicef, Ndlr]. « Ils ont voulu m’emmener à la guerre deux fois », lâche-t-il.

« Ma mère a voulu me protéger alors, on a fui le pays », explique-t-il en regardant fièrement sa mère à côté, qui ne parle pas encore très bien Français. Tous deux se sont d’abord rendus à Djibouti où il a appris le français pendant huit mois.

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Puis, ils sont arrivés au Havre l’an passé. Ahmed avait déjà la double nationalité, mais pas sa mère, toujours en attente de papiers pour régulariser sa situation.

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Au départ, ils ont logé un peu plus de deux mois chez l’oncle de la famille, avant de finalement, se retrouver à la rue.

« Je n’en parle pas à mes copains »

Alors tous les jours, Ahmed et sa mère appellent le 115 pour obtenir une place dans un hébergement d’urgence. Parfois, pour une nuit ou deux, ils arrivent à trouver un logement. Mais depuis quelques jours, rien.

On dort dans un garage où il y a deux matelas. C’est dur et on est très fatigués.

Ahmed

Une situation d’autant plus compliquée qu’ Ahmed est scolarisé dans un collège des quartiers Sud, en classe de troisième. Et ce n’est pas évident de jongler entre les cours et les nuits dans la rue. « J’ai de bonnes notes, mais j’ai du mal à me concentrer sur mes devoirs », note-t-il.

Au collège, sa professeure d’anglais est au fait de son quotidien et c’est d’ailleurs elle qui en a parlé au RESF. « Mes copains de collège ne sont pas au courant de ma situation. C’est dur, je ne peux pas leur dire. »

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Quant au brevet des collèges qu’il doit passer à la fin de l’année scolaire, « je vais y arriver, je suis sûr de moi », lâche-t-il, confiant.

La galère du 115

La situation d’Ahmed et de sa mère n’est pas un cas isolé. Toutes les personnes concernées rencontrent la même problématique : l’hébergement.

« Un jour, j’ai appelé 60 fois le 115 pour avoir une place pour mes enfants et moi, explique Nakuella, « mais il n’y en avait pas ».

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Martine, membre de l’Ahseti (Association Havraise de Solidarité et d’Échanges avec Tous les Immigrés) constate que « des familles dorment dans des caves d’immeuble. Il y en a même une qui dort dans un magasin désaffecté ». Et quand aucun lieu, même les plus insalubres, n’est trouvé pour dormir, certains se réfugient à l’hôpital la nuit afin d’être au chaud.

10 000 places d’hébergements d’urgence supplémentaires

Près de 3000 enfants dormaient à la rue début octobre en France, selon les chiffres de l’Unicef, un chiffre en forte croissance. En une nuit “on a décompté 8 351 demandes non pourvues au 115 le soir du 2 octobre”, note l’organisme. A la suite de ce constat alarmant, des associations et des collectifs ont rédigé une tribune commune, signée par une cinquantaine de parlementaires, pour réclamer au gouvernement d’augmenter la capacité du parc d’hébergement et la mise en œuvre « d’une programmation pluriannuelle de la rue au logement ». Il a été demandé au gouvernement la création de 10 000 places d’hébergement supplémentaires pour que plus personne, et particulièrement les enfants, ne dorme à la rue.

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Des situations qui se règlent difficilement

Demandes d’asile, OQTF, titres de séjour… Il existe tout un tas de situation pour lesquelles ces familles se retrouvent à la rue et, surtout, dans une impasse : les enfants sont scolarisés, mais les mères ne peuvent pas travailler, faute de papiers, et obtenir un toit.

« C’est une vie épouvantable au jour le jour pour ces familles », lâche Véronique. « Des familles sont là depuis huit ou neuf ans et ne sont pas régularisées. »

Alors les enseignants et les associations se battent pour changer la donne. À plusieurs reprises, ils ont sollicité la sous-préfecture, qui les a reçues. Mais aucune réponse ne leur a été apportée. « Et la mairie, nous renvoie vers l’État ».

Une sorte de ping-pong administratif avec, à la place du filet, les mères et leurs enfants toujours dehors. « Le gouvernement dit qu’aucun enfant ne doit dormir dans la rue ? Alors, agissez ! »

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2023-11-26 21:52:01
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