Le moment est toujours « fondateur » pour un tribunal, « entre continuité et renouveau », souligne le président du tribunal judiciaire de Bobigny, Peimane Ghaleh-Marzban, ce mercredi, dans son discours, à l’audience solennelle de rentrée. Face à lui se tient le nouveau procureur de la République de Bobigny, Eric Mathais, à la tête des 57 parquetiers depuis le 1er septembre mais installé officiellement depuis ce milieu de semaine à la tête du deuxième parquet de France.
Une « structure (qui) reste fragile pour des causes multiples », précise le procureur de la République adjoint, Loïc Pageot. « Le turn-over » et le « déficit d’assistance du greffe, sous-doté, mais pourtant la cheville ouvrière de l’œuvre de la justice, sans laquelle le fonctionnement au quotidien d’une juridiction ne peut être assuré », en sont deux.
Le nouveau visage de la justice balbynienne en fait l’expérience jour après jour, depuis plus d’un mois. À l’audience, Eric Mathais a affiché son désir de travailler en « confiance », avec « loyauté » et « transparence », en « collaboration » mais aussi en « toute liberté » et « indépendance ». Il veut s’inscrire dans la lignée de la politique pénale de sa prédécesseure, Fabienne Klein-Donati, dont le travail, le dévouement et l’abnégation n’ont cessé d’être salués.
« La Seine-Saint-Denis est une terre d’exigence, rappelle le président du tribunal, née dans l’asymétrie économique et sociale. » Le département cumule le taux de pauvreté le plus important de France. Les difficultés sont nombreuses et majeures.
430 dossiers en souffrance
« Mais les espoirs sont grands et le département est en pleine mutation », poursuit-il, qualifiant les magistrats de Bobigny de « cohorte de valeureux ». « On pourrait rester éternellement ici, on n’en a jamais fini », reprend le procureur adjoint, citant ainsi l’ancienne procureure emblématique de Bobigny, à la main ferme et au verbe haut, qui « s’est employée à laisser une maison propre, en ordre de marche ».
Malgré tout, le tribunal judiciaire de Bobigny croule sous les dossiers. L’activité pénale est particulièrement importante. « 206 200 plaintes et procès-verbaux reçus en 2020, détaille Loïc Pageot. Avec une activité intense du tribunal pour enfants, qui le place au premier rang national des juridictions pour mineurs ». Pour répondre à « ces enjeux, le parquet de Bobigny se doit d’adopter une politique pénale pragmatique afin d’orienter dans les meilleures conditions les quelque 50 000 affaires poursuivables ».
Et pourtant, « le stock reste important », répètent les magistrats. Plus de 430 dossiers sont en attente de traitement devant une chambre spéciale, poursuit le président. Seule la présence de trois magistrats à temps plein sur deux ans pourra permettre d’épurer ces dossiers, selon lui. Un contrat d’objectif a donc été demandé en ce sens au regard de ce surplus.
Les priorités : les trafics, la violence, l’habitat indigne et la prostitution
« Les défis à relever dans cette juridiction ne manquent pas », poursuit le procureur adjoint en laissant son siège à Eric Mathais. L’ancien procureur de Dijon en est bien conscient. Fort de plus de trente ans d’exercice en tant que magistrat du parquet, l’homme affiche modestie et humilité, relatant « ses expériences provinciales dans des petites et moyennes juridictions ».
Et oubliant de dire qu’il est aussi le président de la conférence nationale des procureurs de la République, comme le relève le procureur adjoint en lui accordant sa « totale légitimité ». Eric Mathais compte s’appuyer sur son équipe, dont il met en avant la richesse et la diversité, pour définir son « cap ».
Notamment, lutter en priorité contre les trafics en tous genres, dont les stupéfiants et les fraudes, l’habitat indigne, les violences dont les violences conjugales, et la prostitution. Le quinquagénaire certifie par ailleurs que la « justice française est l’une des plus efficientes », et celle rendue en Seine-Saint-Denis ne fait, là non plus, pas exception.
2021-10-14 10:00:00
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