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À Chartres, l’opposition critique des projets “toujours plus chers”, la majorité défend son programme d’investissements

by Nouvelles

En 2024, la Ville de Chartres prévoit de consacrer ses plus gros investissements au déménagement du centre technique municipal, qui laissera sa place à l’usine Novo Nordisk, et au chantier des abords de la cathédrale. Le rapport d’orientations budgétaires 2024, présenté lors du dernier conseil municipal, a été contesté par plusieurs élus de l’opposition.

C’était l’un des gros points à l’ordre du jour du conseil municipal de Chartres, jeudi 21 mars. Les élus se sont penchés sur le rapport d’orientations budgétaires 2024 de la Ville, qui prévoit 47,79 M€ d’investissements. La présentation de Franck Masselus, adjoint aux finances, a été suivie d’un débat tendu entre des élus de la majorité municipale et de l’opposition.

Des recettes à trouver

En 2024, la Ville de Chartres devrait bénéficier de 6 M€ de dotation globale de fonctionnement (DGF), versée par l’État. “Cette DGF a fortement baissé depuis une dizaine d’années. En 2013, on percevait un peu plus de 10 M€ ; c’est 4 M€ de perdus. Il faut trouver d’autres recettes”, pointe l’adjoint aux finances.

Orientations budgétaires 2023 de la Ville de Chartres : deux visions s’opposent au conseil municipal

Chartres Métropole trouvera des aides du côté de Chartres Métropole (11,7 M€ d’attribution de compensation et 5,8 M€ de dotation de solidarité communautaire), de la Région Centre-Val de Loire, du Conseil départemental d’Eure-et-Loir ou encore de l’État, notamment dans le cadre de financements pour les travaux des abords de la cathédrale, la réfection des ateliers Lorin, etc.

Les taux des impôts locaux stables

La majorité municipale prévoit de maintenir les taux de fiscalité, en 2024, par rapport à 2023. Le taux de la taxe foncière devrait rester à 47,97 %, celui de la taxe sur le foncier non bâti à 37,63 % et celui de la taxe d’habitation (pour les résidences secondaires et les logements vacants) à 17,31 %.

Cela ne veut pas dire que les contribuables ne verront pas leurs impôts locaux augmenter, puisque l’État prévoit de revaloriser les bases fiscales de 3,9 % (contre 7,1 % en 2023).

Investissements : l’effet Novo Nordisk

La Ville entend “maintenir un niveau d’investissement satisfaisant”, affirme Franck Masselus. Tous budgets confondus (hors aménagements), un programme d’investissement de près de 116,3 M€ est prévu entre 2024 et 2026, dont 47,79 M€ en 2024.

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Le rapport d’orientations budgétaires 2024 est marqué par “l’effet Novo”, comme le précise la Ville dans le document présenté aux élus. Le développement du groupe pharmaceutique Novo Nordisk, qui a annoncé fin 2023 un investissement de 2,1 milliards d’euros sur son site de Chartres, a entraîné la vente du centre technique municipal, rue Edmond-Poillot, au groupe danois, pour un montant de 7 M€. Cet imprévu a des conséquences pour la collectivité.

La Ville va devoir transférer son CTM dans les anciens locaux de Maflow, situés au Jardin d’entreprises. 10,6 M€ sont fléchés pour cette acquisition, à laquelle devraient s’ajouter 2,5 M€ de travaux, en 2024, pour réaménager les lieux. L’Agglomération, qui bénéficiera en grande partie des retombées fiscales de l’extension de Novo Nordisk, “va aider la Ville de Chartres à hauteur de près de 3 M€ sur cette opération”, précise Franck Masselus.

7 M€ en 2024 pour le réaménagement des abords de la cathédrale

Parmi les autres gros investissements de 2024, un peu plus de 7 M€ seront affectés au réaménagement des abords de la cathédrale. La première phase, qui a commencé en 2023, est consacrée à la réfection des espaces publics autour des portails de l’édifice.

2,7 M€ sont prévus pour des opérations de voirie significatives, notamment dans les rues des Grandes-Filles-Dieu, du Faubourg-la-Grappe et d’Allonnes. Une ligne de trésorerie de 2,1 M€ est réservée pour d’éventuelles acquisitions foncières.

Au chapitre des chantiers de restauration du patrimoine, plusieurs opérations sont programmées, de 2024 à 2026 : 720.000 € pour l’église Saint-Pierre, 600.000 € pour l’église Saint-Aignan ou encore 1,2 M€ pour le site de la maison Picassiette, qui devrait bénéficier d’une enveloppe de 220.000 € cette année.

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Plusieurs équipements sportifs bénéficieront de travaux : 590.000 € sont budgétés cette année pour le complexe de la Madeleine, 105.000 € pour le stade des Bas-Bourgs ou encore 350.000 € pour la sécurisation des accès des équipements sportifs. Par ailleurs, 560.000 € sont prévus pour financer des travaux d’équipements dans les écoles, en 2024.

Côté sécurité, la majorité souhaite créer deux équipes cynophiles au sein de la police municipale, soit un investissement de 15.000 €.

13 M€ d’emprunts envisagés en 2024

Au 31 décembre 2023, l’encours de la dette de la Ville de Chartres (tous budgets confondus, hors aménagements) s’élève à 127,56 M€. La Ville pourrait emprunter près de 13 M€ cette année. Le délai de désendettement (nombre d’années nécessaires pour le remboursement complet de la dette par l’épargne brute) est estimé à 11,07 ans, à fin 2024. La majorité projette de repasser en dessous des 10 ans en 2025.

“Vous avez pris goût aux projets toujours plus grands, toujours plus chers”

Le débat qui a suivi la présentation du rapport sur les orientations budgétaires 2024 de la Ville de Chartres a tourné en grande partie autour de la dette et des choix d’investissements de la majorité municipale.

Jacqueline Marre, élue du groupe Chartres à gauche, déplore :

Le budget d’investissement pour les dépenses du quotidien existe heureusement, mais il ne pèse pas grand-chose face aux gigantesques projets dont vous vous enorgueillissez. Pourquoi construire un nouvel équipement culturel sous le parvis de la cathédrale, alors que vous pourriez reprendre le projet de Saint-Brice qui date de 2011 ?

La conseillère municipale regrette que “la plupart des services publics augmentent de 10 %.”

Le maire, Jean-Pierre Gorges, rappelle qu’il a été élu “il y a 23 ans dans une ville qui était sous réseau d’alerte”. Il précise :

“En 1993, les salaires des fonctionnaires étaient payés par la dette. Il n’y a plus eu d’investissements à partir de 1998. On fait le contraire. Mais l’investissement vous donne des boutons.”

Jean-Pierre Gorges (maire de Chartres)

Ladislas Vergne, ancien adjoint au maire, est très critique sur la politique de la majorité municipale. “Endetter pour investir, vous n’avez chaque année que ce mot à la bouche”. Il poursuit :

Vous avez pris goût aux projets toujours plus grands, toujours plus chers. Le Colisée, je vous laisse le nom, on n’est pas à Rome, il en fallait un, mais si on le met à côté de la gare, autant prévoir des trains retour à la sortie des concerts ! Le dernier en date ? Enterrer 30 millions d’euros sous le parvis de la cathédrale pour un musée de la fouille.

“C’est grandiose. Vous critiquez ce modèle alors que pendant deux ans, vous m’avez courtisé sur les marchés et vous avez participé à l’élaboration du programme”, rétorque Jean-Pierre Gorges.

Quentin Guillemain (Chartres Écologie) s’inquiète que la Ville “se rapproche du seuil d’alerte fatidique de 12 ans” de délai de désendettement. L’élu écologiste explique que son groupe s’oppose aux orientations budgétaires “qui prévoient un tiers des investissements pour votre folie des grandeurs.” Ce à quoi répond Jean-Pierre Gorges : “J’ai l’impression que vous n’aimez pas cette ville. On réalise notre programme.”

Hélène Bonnet

2024-03-26 10:00:00
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