Fondé en 1961, et spécialisé depuis le début dans l’insuline avec la production de médicaments injectables en flacons ou en stylos injecteurs, le complexe français est devenu un site déjà très imposant, de plus de 1600 salariés, traitant près de 10 millions de patients dans le monde. Le projet va le propulser encore plus comme un centre stratégique pour le réseau industriel de Novo Nordisk, lequel demeure modeste. Outre sa base industrielle au Danemark, massive et historique, le groupe s’appuie seulement sur quatre autres grands complexes dans le monde : aux Etats-Unis, en Chine, au Brésil, et à Chartres. L’usine française reste la seule en Europe en-dehors du Danemark. Elle a même été la première de Novo Nordisk à l’international. Pièce déjà majeure du dispositif productif du laboratoire, le site hexagonal va passer un nouveau cap.
Novo Nordisk prévoit le doublement de surface de l’usine actuelle, déjà particulièrement imposante, jusqu’à un total de 230 000 m2 entre 2026 et 2028. / (Crédit: Novo Nordisk)
L’usine française de Novo Nordisk pourra produire tous les médicaments
En face du site actuel, des terrains ont été acquis, pour permettre un doublement de la surface au sol, sur un total de 230 000 m2. C’est assez monumental. Trois bâtiments industriels seront ajoutés entre 2026 et 2028, dont deux pour augmenter les capacités d’assemblage et de conditionnement, et un autre pour la production aseptique. Sans compter l’ajout d’utilités vertes, pour de l’énergie décarbonée sur ce site qui est déjà neutre en carbone depuis 2022, des bureaux ou encore un nouveau restaurant d’entreprise. Sur le plan industriel, «c’est une mise à l’échelle très importante de notre outil de production, à la fois pour la production aseptique, mais aussi l’assemblage et le packaging», commente Etienne Tichit. Le directeur général de la filiale France précise que le site «couvrira toutes les étapes de production, avec la possibilité de basculer sur différents types de traitements», augmentant la flexibilité des lignes de production. Il ne manquera à l’usine que la production très en amont, celle des principes actifs, qui reste dans les usines de la maison-mère au Danemark.
L’usine s’ouvre en grand aux médicaments phares Ozempic et Wegovy
Désormais, Chartres va pouvoir pleinement participer à l’essor fulgurant de la sémaglutide, la molécule phare du laboratoire danois. Appartenant à la classe des analogues du GLP-1, une hormone intestinale, cette classe révolutionne ces dernières années le traitement du diabète. Elle a aussi démontré une action sur la perte de poids et une certaine protection cardiovasculaire. Novo Nordisk a récemment mis sur le marché deux médicaments qui affichent des croissances mirobolantes. L’Ozempic, d’une part, indiqué et autorisé dans le traitement du diabète de type 2, en France notamment, et le Wegovy, indiqué dans le traitement de l’obésité, lequel a bénéficié d’un accès précoce temporaire en France mais qui n’est pas encore autorisé. La demande de mise sur le marché français sera déposée en 2024. En Europe, malgré l’obtention d’une autorisation depuis janvier 2022, il n’est accessible qu’au Danemark et en Allemagne, et hors UE dans des pays comme la Norvège, le Royaume-Uni ou dernièrement la Suisse. Ces deux médicaments se distinguent principalement par un dosage différent et pour des indications distinctes.
L’une des plus récentes lignes d’assemblage de stylo-injecteurs sur le site de Novo Nordisk à Chartres produit déjà de l’Ozempic. (Crédit: Novo Nordisk).
Succès fulgurant pour Novo Nordisk
Sauf que depuis quelques mois, le Wegovy vit une success story sur le marché américain. Vanté par des stars et des influenceurs, l’engouement outre-Atlantique pour ce traitement anti-obésité a entraîné de véritables tensions d’approvisionnement, au point d’enclencher l’utilisation de l’Ozempic, un peu moins dosé, hors de son indication diabétique, pour traiter l’obésité. Ce qui a ainsi provoqué des tensions d’approvisionnement également sur l’Ozempic et attiré l’appétit du marché de la contrefaçon pour ces best-sellers. D’autant que financièrement, les comptes de Novo Nordisk affichent une croissance folle. Au cours des neuf premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires a bondi de 33% sur un an, avec des taux de +45% sur le segment des traitements du diabète avec des GLP-1, de +46% sur le marché nord-américain, et de 167% sur le segment obésité ! En 2022 déjà, alors que le segment obésité ne représentait que 9% des ventes du laboratoire (contre 79% pour le diabète), il était déjà en progression de 84% en un an. En parallèle, la valorisation en bourse de Novo Nordisk a presque quadruplé en trois ans et le laboratoire pharmaceutique est devenu la première capitalisation boursière en Europe cet été.
Entre la demande qui devient exponentielle et les contrefaçons qui pullulent, Novo Nordisk a donc décidé d’investir en masse pour assurer la production de sémaglutide et celle de ses futurs médicaments. Le groupe, qui reste contrôlé par la Fondation Novo Nordisk (28% du capital mais 77% des droits de vote), a promis le 10 novembre dernier 5,6 milliards d’euros supplémentaires pour ses usines danoises, et investit désormais en masse à Chartres. L’usine française produira ainsi dans les prochaines années l’Ozempic et le Wegovy à grande échelle. Elle produit déjà un volume limité pour l’Ozempic mais l’idée est de la «mettre à l’échelle pour accueillir tous les produits GLP-1 à visée glycémique et cardiométabolique, ainsi que toute la partie obésité», confirme Etienne Tichit. Derrière les deux stars actuelles du portefeuille de médicaments de Novo Nordisk, le pipeline progresse, avec la sémaglutide en développement dans la NASH par exemple, la maladie du foie gras, ou d’autres molécules dans de nouvelles aires thérapeutiques pour le laboratoire danois, comme l’hémophilie, les maladies rénales ou encore les pathologies cardiovasculaire. De quoi envisager un futur prometteur pour ces productions françaises, lesquelles sont exportées à 90% depuis Chartres.
2023-11-27 11:00:00
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