Le génocide au Rwanda s’est déroulé il y a trente ans. Pour commémorer cet événement, Deutsche Welle vous présente “A la reconquête de l’Histoire”, une série documentaire en sept épisodes qui explore les racines coloniales du génocide contre les Tutsi et les origines de la division dans la société rwandaise.
Le réalisateur Samuel Ishimwe, lui-même touché par la perte de ses parents et d’une partie de sa famille, a entrepris un voyage sur le terrain pour rencontrer des témoins et des historiens.
“Quelle était notre identité avant que les Allemands et les Belges ne colonisent le Rwanda ? Qui a créé la division entre Tutsi, Hutu et Twa ? Est-ce nous-mêmes ou le colonialisme ?” s’interroge le réalisateur en enquêtant dans son pays et en Europe, à la rencontre de divers personnages.
Il analyse l’émergence de l'”appartenance ethnique” dans le discours, ainsi que la signification des termes Tutsi, Hutu et Twa.
Samuel Ishimwe revisite avec des survivants les lieux désormais marqués par les massacres ou par la division au sein de la société rwandaise, comme cette école fréquentée par sa famille.
“A l’école, on nous enseignait que les Hutu étaient victimes de l’empire Tutsi”, raconte l’oncle de Samuel. “Nous étions seulement deux Tutsi dans la classe. On était sévèrement battus, sans raison valable, ou alors on en inventait une.”
Samuel Ishimwe avait dix ans lorsque les corps de ses parents ont été retrouvés. “C’est difficile à expliquer à quelqu’un étranger au Rwanda. C’était considéré comme normal. Ce n’était pas un événement spécial. Les gens ne pleuraient pas. C’était une partie normale de mon enfance”, confie-t-il.
Le documentaire soulève la question cruciale : aurait-il été possible d’éviter ce génocide ? La question est posée au lieutenant général Roméo Dallaire, ancien commandant de la mission des Nations Unies pour le Rwanda.
Trois mois avant le génocide, il avait alerté l’ONU sur la situation, mais ses appels sont restés sans réponse.
“Il est indéniable que je suis reparti avec la conviction que tous les êtres humains ne sont pas traités de manière égale. Nous avons envoyé 67 000 soldats en Yougoslavie, mais je n’ai même pas pu conserver les 450 hommes dont je disposais. Je n’ai jamais obtenu les renforts nécessaires”, dénonce Roméo Dallaire.
Les témoignages poignants et empreints d’humanité que vous entendrez dans ce documentaire sont puissants et bouleversants.
“Nous avons pardonné à ceux qui ont détruit nos maisons. Nous avons choisi de leur pardonner, pour apaiser nos cœurs et pouvoir continuer à vivre en paix”, partage l’oncle de Samuel.