À Sarcelles, le torchon brûle entre un collectif d’agents mécontents et la municipalité

À Sarcelles, le torchon brûle entre un collectif d’agents mécontents et la municipalité

Ils se définissent tous comme des « agents en souffrance ». Des personnels de la mairie de Sarcelles (Val-d’Oise) se dressent contre leur employeur. « Nous voulons dénoncer de mauvaises conditions de travail, un mal-être au travail, du mépris, la politique du deux poids deux mesures, de la diffamation sur des agents et des dysfonctionnements de la hiérarchie », clament une dizaine d’entre eux, très remontés, lors du lancement de leur collectif. Un collectif pour se faire entendre, qu’ils définissent « ouvert à tous et apolitique ».

Ils ont recensé « au moins cinq plaintes » pour des faits de « harcèlement moral » ou de « discrimination », dont trois que nous avons pu consulter. Elles visent la municipalité, des membres de leur direction ou d’autres agents, selon les cas. Tous rapportent comme élément déclencheur de ces conflits, « le fait d’avoir réclamé leurs droits ».

Des plaintes et des contentieux

Laurent Collin, membre du bureau de la CGT et élu CAP-CT, est en arrêt de travail depuis mars 2021 et souhaite faire reconnaître son état dépressif en accident du travail. Il a déposé plainte pour « harcèlement moral » à la gendarmerie d’Asnières-sur-Oise. Souffrant de problèmes de santé, il ne pouvait plus exercer aux archives et affirme ne plus avoir eu ni réelle fonction, ni bureau, suite à un droit de retrait. Ce qui, selon lui, serait à l’origine de « l’acharnement » dont il est victime.

Assya Breton, secrétaire générale de la CGT, pour sa part, est en contentieux administratif. Celui-ci doit être jugé au tribunal administratif prochainement. « Son statut n’a jamais été respecté et elle souffre d’un handicap qui n’a pas été pris en compte. Quant à M. Collin, nous avons saisi le procureur et nous sommes en attente d’un avis du parquet », indique leur avocate Me Karine Shebabo.

Cette dernière défend aussi le couple engagé par le maire suite à la campagne des municipales : Charles Novak, dont le CDD n’a pas été renouvelé, et Sandy Attia, mise à pied à titre conservatoire à son retour de congé maternité. Celle-ci avait retrouvé une autre personne à son poste. « Quelque chose me semble totalement gangrené dans cette commune et la situation se dégrade. Il y a des manquements réguliers aux règles du droit du travail et même des infractions pénales dans le cadre du travail », poursuit Me Shebabo.

« Ce sont des cas isolés »

« Nous sortons 2 000 fiches de paye à la mairie de Sarcelles. Ce sont des cas isolés. Ces agents font de l’agitation en déposant des plaintes dont je ne présume pas de l’issue mais qui pour moi sont dénuées de fondement. Ce sont des gens qui utilisent la justice à mauvais escient et bien souvent manquent de fiabilité, de loyauté et de rigueur dans leur travail. J’ai besoin de gens qui travaillent et ne font pas d’histoires », réagit le maire Patrick Haddad (PS).

Quant au couple Novak-Attia, Patrick Haddad réaffirme avoir reçu « des signalements contre elle pour des propos racistes et contre lui pour des propos sexistes ».

Sur le jeune collectif d’agents en colère, le maire explique « croire au dialogue social. Ce comité court-circuite le travail des syndicats. Ils défendent leurs situations personnelles car ils n’ont pas obtenu satisfaction à un moment donné. Je les invite à venir travailler au sein des instances paritaires ». Or, les élus de la CGT disent ne pas se sentir « en sécurité » lors de ces réunions. Ce qui fait bondir le maire : « C’est fallacieux, la sécurité de tous est assurée ! ».

Des départs aussi parmi les membres de la direction

Au contraire, le maire socialiste se félicite de son grand coup de ménage. « Nous avons résolu un nombre colossal de conflits managériaux ankylosés notamment à la police municipale, à la salle Malraux, au service de propreté urbaine, à la maison de quartier des Chardonnerettes, au centre communal d’action sociale (CCAS). D’ici un an, nous aurons fini d’organiser les services municipaux », salue-t-il.

Il réaffirme à cette occasion son soutien à son directeur général des services (DGS) et à sa directrice des ressources humaines (DRH). Récemment, le directeur du CCAS, dont « dix personnes se plaignaient » et qui fait l’objet, selon le maire, de « cinq plaintes pour harcèlement moral » a d’ailleurs été suspendu à titre conservatoire pour quatre mois. Une enquête administrative serait en cours.

À cela s’ajoutent, depuis plusieurs mois, des départs de cadres à des postes clés de la direction générale, comme les finances, qui délient les langues. Une manière, selon plusieurs sources concordantes, de « libérer de gros postes » et « de faire des économies ».

« Soit les gens s’adaptent, soit ils vont rejoindre d’autres collectivités »

« Cinq DGA (directeur général adjoint) sont partis ou sont sur le point de le faire. Deux sont arrivés depuis un moment. Trois postes vont ouvrir prochainement. Ce sont des mouvements naturels au sein d’une collectivité, balaie Patrick Haddad. Soit les gens s’adaptent, soit ils vont rejoindre d’autres collectivités. Je suis très enthousiaste que de nouvelles personnes nous rejoignent et contents pour ceux qui ont trouvé ailleurs. »

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.