Il y a ces petites choses qui ne sautent pas aux yeux — le positionnement de cette prise, la hauteur de cet interrupteur, la dimension de ce couloir… —, mais qui changent beaucoup de choses pour une personne en situation de handicap. À un an des Jeux paralympiques, qui auront lieu du 28 août au 8 septembre 2024, la ligne d’arrivée approche pour les ouvriers affairés à construire le futur village olympique — qui sera donc aussi paralympique. Le chantier mené en bord de Seine, entre Saint-Ouen et Saint-Denis, doit s’achever en fin d’année.
Si 14 500 lits seront nécessaires pendant les JO, ce seront ensuite 9 000 couchages qui seront prévus pour les para-athlètes, moins nombreux mais qui pourront être accompagnés d’aidants. Si les logements prévus à L’Île-Saint-Denis pendant les JO ne seront donc pas utilisés pendant les JP, un autre mini-village paralympique accueillera des délégations au centre national du tir à Châteauroux (Indre).
Des tables d’orientation tactiles et sonores
N’y cherchez pas, cependant, de différences avec les logements qui accueilleront les athlètes des JO. « La dimension d’accessibilité a été prise en compte dans l’ensemble du projet de Paris 2024 : on ne s’est jamais dit qu’on allait avoir un projet pour les Jeux olympiques et un autre pour les paralympiques qui devrait prévoir des aménagements spécifiques, précise Ludivine Munos, ancienne nageuse paralympique, triplement médaillée d’or et aujourd’hui responsable de l’intégration paralympique à Paris 2024. C’est pour cela que ce seront les mêmes lieux emblématiques qui seront utilisés, poursuit-elle. Et ils donneront une image fantastique des compétitions, comme le cécifoot au pied de la tour Eiffel, l’escrime-fauteuil au Grand Palais… »
En Seine-Saint-Denis, le village se transformera, après les Jeux, en quartier comptant 6 000 habitants et autant de salariés. L’inclusion s’y jouera d’abord dans l’espace public, avec des bancs disposant, par exemple, de solides accoudoirs pour les personnes ayant des difficultés à s’asseoir ou à se relever, et que l’on pourra trouver tous les 50 m au maximum. Dans le quartier, les tables d’orientation seront tactiles et sonores, tandis que des systèmes au sol alerteront des dangers.
Des plans adaptés aux personnes déficientes mentales
L’attention aux personnes en situation de handicap ira même… jusqu’à la couleur des bâtiments, qui ont permis la création de plans adaptés aux personnes déficientes mentales. « En travaillant avec des associations, elles nous ont dit que parler de bâtiment vert ou de bâtiment rose peut aider des personnes qui ont du mal à se repérer », expliquait début août Julia Watson, la directrice adjointe du village pour la Solideo (société de livraison des ouvrages olympiques).
Elle assistait alors à la pose des premiers tronçons d’une rampe hélicoïdale, d’une taille de 100 m de long et accessible à toutes les personnes à mobilité réduite, sur la future place olympique. Pendant les Jeux, un partenariat a également été noué avec Toyota pour la mise en place de navettes qui tourneront en permanence dans le village. D’autres systèmes plus individuels seront aussi proposés, comme des fauteuils électriques ou une trottinette électrique qui pourra s’intégrer sous un fauteuil roulant.
Le village atteindra par ailleurs les 100 % de logements accessibles (quand la loi n’impose qu’un seuil de 20 %). Un appartement témoin était ouvert pour une visite presse le 24 août. « Ce qu’on peut observer, c’est que les logements bénéficient tous de surfaces supérieures à la normale, comme cette chambre double, d’une taille de 11,6 mètres carrés », désigne Marion Leturque, directrice de programme chez Vinci Immobilier. Dans cette salle de bains, on découvre aussi une vasque sans son meuble. « Cela permet à des personnes en fauteuil de pouvoir y accéder facilement », note la responsable.
La visite se poursuit : toutes les douches seront sans ressaut, et la forme des matelas « adaptée au cas par cas selon les demandes des délégations », précise la Solideo. L’espacement des portes est de 90 cm, celui des couloirs atteint 150 cm, permettant à des fauteuils de se croiser. « C’est très important, notamment dans le cas où il faudrait évacuer rapidement les lieux », observe Laurent Lejard, journaliste spécialisé sur le handicap, qui se déplace lui-même en fauteuil et qui a pu assister à la visite.
Il n’a, d’ailleurs, pas été totalement convaincu : « Déjà, les appartements sont intégralement blancs : les murs, les plafonds, les sols… Donc une personne malvoyante se retrouvera dans le brouillard, estime-t-il. Ensuite, la douche qu’on a visitée n’est pas adaptée à une personne paralysée, car la barre de maintien se situe au fond de l’alcôve et sera donc inutilisable… »
« On sait que tout n’est pas encore parfait »
« ll y a encore des éléments qui vont être travaillés et qui doivent évoluer, répond Pierre-Antoine Leyrat, chef de projet accessibilité à la Solideo. On sait que tout n’est pas encore parfait, mais on cherche en permanence des solutions adaptées. » Chaque trimestre, le comité d’organisation réunit 115 associations spécialisées sur l’accessibilité afin de présenter les dispositifs prévus, tandis que deux groupes « d’experts d’usages », composés chacun de 12 personnes en situation de handicap qui viennent contrôler les aménagements prévus.
2023-08-27 10:00:00
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