Accusation de droguer une députée: Le sénateur Joël Gerriau suspendu et mis en examen

Une semaine après les faits, la députée de Loire-Atlantique prend la parole. Le 14 novembre dernier en soirée, elle est invitée par Joël Gerriau chez lui pour célébrer sa réélection en tant que sénateur. “Je suis allée, en toute amitié, fêter la réélection de ce sénateur que je connais depuis dix ans, en confiance”commence-t-elle son récit sur le plateau de C à vous ce lundi soir. “Il m’a tout simplement dit que c’était chez lui, car il y aurait moins de monde et moins de bruit, qu’il allait cuisiner des fajitas”précise-t-elle sur BFMTV ce mardi matin.

Elle explique alors que son collègue lui sert une coupe de champagne depuis sa cuisine, alors qu’elle se trouve dans le salon. “Je n’ai pas vu le verre avant de le boire. J’ai bu une première gorgée, j’ai trouvé que le goût n’était pas le même que d’habitude, il était sucré. Je me suis dit qu’il était peut-être de mauvaise qualité”, déroule-t-elle. Elle a toutefois noté un comportement “bizarre” de Joël Gerriau : “Il voulait sans cesse trinquer pour que je boive une gorgée, il me disait ‘mais tu ne bois rien’”.

Autre chose qui a interpellé l’élue, le sénateur jouait avec la lumière. “Il mettait la lumière très forte et la baissait tout à coup”, détaille-t-elle sur BFMTV. “Les médecins m’ont expliqué que c’était pour activer les effets de la drogue”.

Quelques instants après avoir bu ses premières gorgées de champagne, Sandrine Josso ressent des palpitations, des sueurs et des nausées. Pensant que cela était dû au fait qu’elle était à jeun, elle demande à son hôte de manger. Mais les symptômes ne désemplissent pas. Joël Gerriau part lui servir une deuxième coupe dans la cuisine, c’est à ce moment-là qu’elle le voit remettre “un sachet blanc dans un tiroir sous le plan de travail”. C’est là qu’elle comprend qu’elle a été droguée et décide de se sauver.

La députée commande alors un taxi, mais le sénateur insiste pour qu’elle reste. “Je quitte l’appartement. Il me suit, ça a été des minutes épouvantables, il me suit sur le palier, dans l’ascenseur, dans la cour d’immeuble, dans la rue, jusqu’à ce que je m’assieds dans le taxi”, se remémore-t-elle sur BFMTV.

”Je ne tenais plus debout”

”J’ai cru mourir, d’abord d’une crise cardiaque. J’ai cru mourir parce que j’ai cru qu’il allait abuser de moi. Dans l’ascenseur je ne tenais plus debout”. C’est alors qu’elle arrive à l’Assemblée nationale et que ses collègues lui suggèrent de se rendre à l’hôpital. Verdict ? Des traces d’ecstasy ont été décelées dans son organisme. Des sachets de cette drogue ont effectivement été trouvés au domicile de Joël Gerriau après une perquisition.

Ce mardi matin sur BFMTV, Sandrine Josso s’est dit toujours en “état de choc”. Elle profite de son histoire pour sensibiliser sur le “fléau” de la soumission chimique. “Les médecins m’ont dit qu’ils voyaient des gens comme moi tous les jours, trois fois par jour. On peut tous subir ce que j’ai subi. Ce n’est plus possible”.

Vendredi dernier, la police judiciaire de Paris a confronté les deux élus. Joël Gerriau nie les accusations de sa collègue. Il a été placé sous contrôle judiciaire, et a interdiction de rentrer en contact avec la victime et les témoins. “Ça a duré deux heures. Je ne pouvais pas le regarder, j’étais derrière, lui, c’était épouvantable, j’ai pleuré”indique Sandrine Josso sur BFMTV.

L’accusé a également été suspendu de son parti “Horizons”.