Nouvelles Du Monde

Addition salée redoutée sous les serres des horticulteurs de l’Allier

Addition salée redoutée sous les serres des horticulteurs de l’Allier

Comme à son habitude, il affiche sa bonne humeur. Et pourtant, Bernard Combeau aurait des raisons de faire la grimace. La guerre en Ukraine a provoqué une hausse du coût de l’énergie et de nombreuses professions en souffrent.

C’est le cas des horticulteurs du bassin de Montluçon qui n’ont pas d’autre choix que de chauffer leurs serres pour y faire pousser leurs plants de légumes et de fleurs.

De grandes surfaces à chauffer

« Nous possédons 3.000 m² de serres et nous les chauffons grâce à de l’air pulsé », explique le maître des lieux. Alimentés au fioul et au gaz propane, les appareils de chauffage utilisés par Bernard Combeau grèvent une grosse partie du budget de l’entreprise qui emploie sept salariés.

Le premier poste de dépenses est celui du personnel et l’énergie vient juste après.

bernard combeau (Horticulteur)

Chaque année, la facture est d’environ 25.000 euros. Ce chiffre pourrait bien grimper en flèche dans les mois qui viennent si la situation internationale n’évolue pas dans le bon sens… et si les conditions météorologiques ne sont pas favorables.

Quand les températures sont très basses la nuit, le mercure descend très vite dans les serres.

bernard combeau (Horticulteur)

Pour assurer la croissance de ses plants, l’horticulteur de Lavault-Sainte-Anne a commencé à chauffer ses installations fin janvier et il le fera jusqu’en mai car « des gelées tardives ne sont pas à exclure ». Dans ce laps de temps, la surveillance est constante.

Recevez par mail notre newsletter éco et retrouvez l’actualité des acteurs économiques de votre région.

NL {“path”:”mini-inscription/MT_Decideur”,”accessCode”:”14274158″,”allowGCS”:”true”,”bodyClass”:”ripo_generic”,”contextLevel”:”KEEP_ALL”,”filterMotsCles”:”1|13|100|130″,”gabarit”:”generic”,”hasEssentiel”:”true”,”idArticle”:”4274158″,”idArticlesList”:”4274158″,”idDepartement”:”221″,”idZone”:”6119″,”motsCles”:”1|13|100|130″,”premium”:”false”,”pubs”:”banniere_haute|article|article2|article3″,”site”:”MT”,”sousDomaine”:”www”,”urlTitle”:”addition-salee-redoutee-sous-les-serres-des-horticulteurs-de-l-allier”}

Car l’enjeu est énorme comme le rappelle Bernard Combeau : « Si les appareils tombent en panne en pleine nuit, c’est la catastrophe. Dans ce cas, il faut être très réactif car vous êtes seul au monde ».

Pour prévenir l’accident industriel, le maître des lieux est relié via son smartphone aux appareils de mesure des températures installés dans les serres.

Malheureusement, parfois, les sondes se dérèglent et lorsque vous arrivez le matin et que vous constatez les dégâts, vous n’avez plus qu’à mettre toute la production à la benne.

bernard combeau (Horticulteur)

Un scénario que Bernard Combeau préfère éviter en ces temps trop incertains : « Je connais mes coûts de production mais j’ignore ce que cela va me coûter en énergie parce que ce poste-là, je ne peux pas le maîtriser ».

Dans ces conditions, Bernard Combeau fait appel au système D pour atténuer l’effet délétère de l’augmentation du coût de l’énergie.

Autre solution : l’allongement de culture. « Une tomate, on peut la produire en huit ou neuf semaines. Nous, on la produit en dix ou onze semaines. Ce qui nécessite moins de chauffage et le produit est meilleur car il s’acclimate davantage à son environnement », explique l’horticulteur.

Face à l’incertitude, Bernard Combeau préfère positiver.

On se dit que cela va aller parce que je n’ai pas le choix, je suis dans le système. J’ai besoin de fioul. Je paie.

Bernard Combeau (Horticulteur)

Et l’horticulteur de lancer un appel à l’État pour aider la profession : « Pour l’instant, on ne voit rien venir et il y a urgence car, dans les cinq ans qui viennent, 35 % des horticulteurs de France vont partir à la retraite et ils risquent de ne pas être remplacés ».

L’horticultureDominique Lourtioux en connaît un rayon. Dominique Lourtioux dans l’une de ses installations
Installé à Montluçon depuis 1985, il veille quotidiennement sur ses plants de fleurs et de légumes. À l’heure d’évoquer la hausse du coût de l’énergie, l’horticulteur ne montre pas de signe d’inquiétude : « J’ai un contrat en cours avec un fournisseur et l’électricité n’est pas ma préoccupation majeure pour l’instant ». Et si les prix continuent d’augmenter ? « Il faudra peut-être que j’augmente le prix de mes plants pour compenser ». En professionnel averti, Dominique Lourtioux n’a pas attendu la crise internationale pour faire des économies : « J’ai installé sur certaines serres des panneaux double polycarbonate qui limitent la perte de chaleur ». Sale temps pour les jeunes pousses Une politique de prévention qui permet à l’heure actuelle de limiter les effets pervers de la crise énergétique mais qui « m’empêche de me projeter sur le long terme », regrette Dominique Lourtioux qui évoque le sort de ses confrères anglais « incapables aujourd’hui de chauffer leurs serres ». Face à l’incertitude que fait planer la hausse du coût de l’énergie, l’horticulteur montluçonnais affiche un flegme tout britannique : « Je ne peux rien y faire. Ce n’est pas moi qui fixe les tarifs. On ne peut que subir » avant d’afficher une mine plus sévère : « Pour être franc, je suis davantage préoccupé par le manque d’eau qui frappe déjà nos régions ». Ce déficit hydrique risque d’impacter sévèrement son activité dans les semaines qui viennent : « Mes clients vont certainement me dire qu’ils n’achèteront pas de fleurs cette année si c’est pour les laisser crever dans deux ou trois mois ».

Lire aussi  En images : la traditionnelle fête foraine de septembre fait son retour à Montluçon (Allier)

Texte : Martial Delecluse

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT