par Maurizio Porro
Il souffrait d’emphysème depuis des années. La famille a annoncé la nouvelle avec une publication sur Facebook. En 2020, l’Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière
David Lynch, le grand réalisateur américain, né dans le Montana le 20 janvier 46, qui avait créé un style en cohabitation avec les arts picturaux, comme une installation de l’esprit, cultivant partout des fans avides, est décédé subitement à seulement 78 ans. et remporter des Palms, des Lions et un Oscar pour l’ensemble de sa carrière en 2019. Mais il a toujours trop fumé, même lorsqu’il enseignait la méditation au Lido de Venise : un décès annoncé par le directeur lui-même a provoqué un emphysème pulmonaire. Le décès a été annoncé par la famille sur Facebook, avertissant de “regarder le beignet et non le trou”.
Lynch laisse derrière lui quatre femmes, trois enfants, 10 films et 5 productions télé, contribuant d’abord au rejet de la division manichéenne entre les mondes du cinéma et de la télévision, à tel point que les Cahiérs du cinéma ont récompensé “Twin Peaks the Return” comme le meilleur film de l’année.
Né à Missoula, il adore peindre, il se débrouille, il fait même office d’huissier lors de la cérémonie d’investiture de Kennedy, avant de rejoindre l’Europe pour étudier Kokoschka. Mais après un voyage à Salzbourg, il ne rentre chez lui qu’au bout de 15 jours, et non de trois ans. D’abord peintre (avec des œuvres aujourd’hui exposées au MOMA), réalisateur, scénariste et producteur, maître absolu de son cinéma qu’il a écrit, monté, réalisé et conçu, son compris. En 1970, on raconte l’histoire d’un enfant qui donne naissance à sa grand-mère à partir d’une graine : le premier et unique adjectif sera toujours dérangeant. Visionnaire comme les grands, fils de la culture européenne de la psychanalyse alliée aux révolutions américaines, Lynch fait ses débuts avec « Elephant Man », 1980, produit par le réalisateur de « Frankenstein Jr. », le comédien Mel Brooks : récit impressionnant et plein de pìetas d’un homme difforme de l’époque victorienne (John Hurt) qui fait naître en lui une profonde bonté d’âme : 8 nominations aux Oscars.
Dans « Eraserhead » en 1977, il raconte une histoire monstrueuse qui excite Kubrick mais le conduit à la pauvreté, l’obligeant à dormir sur le plateau : le nouveau-né vu dans le film semble avoir été créé à partir du fœtus embaumé d’un veau. Un grand voyage a commencé sans domicile connu dans l’inconscient qui se nourrit de solitude et de paysages métropolitains mais lorsqu’il essaie la carte à succès «Dune», avec 45 millions de la tirelire de De Laurentiis, c’est un fiasco méconnu dû à des disputes et à des coupes, dont l’Auteur exigera désormais le contrôle. Avec le même producteur il réalise « Blue Velvet », qui joue avec les couleurs pastel sur une aliénation qui se nourrit du sentiment du difforme et du pervers, exemples de violence et d’oppression (nous sommes en 1986, aujourd’hui ce serait « hors limites » ) et la bande originale de la première colonne de Badalamenti.
Et puis viennent les « Secrets de Twin Peaks ». Lynch s’installe dans une petite ville inquiétante, aux mystères bien loin des Peyton’s Sinners : il y a l’enquête de Kyle Mac Lachlan sur la mort de Laura Palmer, une étudiante. Six épisodes, à partir du 8 avril 90 sur ABC, qui passent de culte à phénomène de masse, gagnant la couverture de « Time », exportant l’argot, et acquérant la parodie de « Saturday Night Live ». En conflit avec la plateforme pour révéler l’identité du meurtrier, Lynch bloque les épisodes et revient au cinéma avec “Wild at Heart”, une odyssée policière avec évasion romantique qui récupère des modèles du vieux cinéma américain.
Il lance Nicholas Cage et Laura Dern, brûle le feu des fétiches kich aux States chez Antonioni et reçoit la Palme de Cannes des mains d’un Bertolucci ému : Lynch est désormais une marque. Mais ensuite ça revient, c’est le destin, à l’héroïne de la plateforme, Laura Palmer et ses 7 derniers jours, dans « Fire, walk with me », ’92, un flop très intrigant avec la participation de David Bowie et un soupçon de maniérisme d’auteur. Plus normal et linéaire, pour ainsi dire, “Lost Roads”, 96, mais passionnant car opposé à toutes ses logiques et obsessions, “Une histoire vraie”, 99, celle d’un vieil homme de l’Iowa qui parcourt 600 km. sur une tondeuse à gazon pour embrasser son frère malade 😮Ra est le fils prodigue qui vous émeut vraiment.
La suite est la grande énigme d’un film étonnant, labyrinthique et déconstruit, “Mullholland drive”, né à la télé mais ensuite deuxième Palme à Cannes, suivi du dernier numérique “Inland empire”, qui se déroule ouvertement dans le cerveau d’un concert de Duran Duran et des dernières aspirations de “Twin Peaks”.
16 janvier 2025 (modifié le 16 janvier 2025 | 23h49)
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