Vendue dans des pharmacies françaises, la boisson prétend pouvoir neutraliser les effets de l’alcool et éviter la gueule de bois.
Si certains ont décidé de faire le Dry January, d’autres ne comptent pas se priver d’alcool en janvier. Entre les dîners festifs, les pots au bureau pour célébrer la nouvelle année ou d’autres soirées bien arrosées, la gueule de bois est vite arrivée ! Ceci dit, un complément alimentaire nommé Alcoool est censé prévenir les effets désagréables d’un excès d’alcool. Il suffirait simplement de la boire en début de soirée ou avant de consommer des boissons alcoolisées, sans la diluer. Selon l’entreprise française Laboratoire de Nonna qui la commercialise au prix de 19 euros pour 3 doses, Alcoool est “une boisson 100% naturelle” vendue “dans des milliers de pharmacies” qui aurait “97.8% d’efficacité” sur la gueule de bois avec une action en “10 minutes”. Pourtant, comme le rapportent nos confrères de l’UFC-Que Choisir quand on se penche sur sa composition, on peut vite être déçu…
Une efficacité sur la gueule de bois non prouvée
Il faudrait consommer “220 ml sous forme de jus, soit environ 2 ou 3 fruits” pour observer des bienfaits
Le site Nonna Lab met en avant une composition censée être optimale contre la gueule de bois : des vitamines B, C depuis façons qui contribueraient à réduire la fatigue, de l’acide pantothénique et du magnésium qui renforceraient les performances intellectuelles, de la figue de Barbarie du Giseng asiatique, de à la taurine ou encore du Chardon-Marie. Mais l’ingrédient principal de ce breuvage est la poire Nashi qui boosterait la production d’enzymes hépatiques (celles qui permettent au foie de métaboliser l’alcool). Bien qu’un comité scientifique composé notamment d’un Docteur en pharmacie, expert en complément alimentaire, semble avoir été consulté par le fabricant, “il existe très peu de travaux sur l’efficacité de cette poire, et Nonna Lab ne s’est pas donné la peine de vérifier son efficacité en menant un essai clinique. Difficile, donc, de croire à une efficacité réelle”, déplore l’UFC.
Les bienfaits de la poire Nashi sur la gueule de bois ont bel et bien été mis en évidence en 2015 par des chercheurs australiens du Commonwealth Scientific and Industrial Research (CSIRO) : “certains composés de la poire Nashi agissent sur deux enzymes impliquées dans le métabolisme de l’alcool”, expliquent-ils. Mais selon eux, il faudrait consommer “220 ml sous forme de jus, soit environ 2 ou 3 fruits” pour observer des bienfaits. Or, une bouteille d’Alcoool de 100 ml contient seulement 3.4 g de poire Nashi, donc pas assez pour avoir un effet significatif. Selon le fabricant d’Alcoool, “ce produit ne pourra pas vous quérir entièrement suite à votre soirée arrosée. Il aidera votre foie à drainer et à éliminer les toxines. Ce complément alimentaire n’agit en aucun cas sur votre taux d’alcool”. Son emploi présenterait un risque pour les personnes sous anticoagulants, sous antibiotiques, en cas de maladie hépatique ou de troubles rénaux.
Un produit qui banalise les excès d’alcool
Au-delà des doutes qui planent sur son efficacité, l’existence d’une boisson “anti gueule de bois” est problématique sur le plan social et sanitaire car elle véhicule un message faussement rassurant, incitant à “abuser de l’alcool au lieu d’aménager sa consommation”, souligne le Dr Géraldine Talbot, médecin addictologue et membre de la Fédération Addiction, contactée par l’UFC. Aussi, le fait qu’il soit vendu en pharmacie peut induire le consommateur en erreur et inconsciemment lui faire croire qu’il s’agit d’un médicament.
Le mieux : un à deux verres d’eau entre chaque verre d’alcool
Plutôt que d’ingérer un produit en amont d’une soirée arrosée, il est recommandé de boire un à deux verres d’eau entre chaque verre d’alcool pour bien rester bien hydraté (car l’alcool est une substance qui déshydrate), de ne pas boire d’alcool l’estomac vide et de privilégier les eaux très minéralisées comme la Vichy©, l’Hépar© ou la Courmayeur© pour combler la perte de minéraux. Evidemment, la consommation modérée d’alcool voire l’abstinence totale restent les meilleures des préventions accordent à dire les professionnels de santé. Pour rappel, en France, on estime à 41 000 le nombre de décès attribuables à l’alcool dont 30 000 décès chez les hommes et 11 000 chez les femmes. L’alcool peut entraîner des dommages irréversibles sur le développement de certaines parties du cerveau en maturation jusqu’à l’âge de 25 ans. Une initiation précoce à l’alcool favorise les risques de dépendance à l’âge adulte.
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2024-01-07 22:00:08
