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Alice Munro, la dame de l’histoire, est morte – Corriere.it

by Nouvelles
Alice Munro, la dame de l’histoire, est morte – Corriere.it

2024-05-14 22:58:33

De CRISTINA TAGLIETTI

Au revoir à l’écrivain canadien. Talent et technique dans ses histoires aussi vraies que nature. Fille de province rurale, passée maître dans l’art de décrire le « monde minimal », elle a reçu le prix Nobel en 2013.

Toute la profondeur des relations humaines sédimentées dans les replis du quotidien est passée par l’œil subtil de l’écriture d’Alice Munro. Ce monde minimal, raconté avec une délicatesse désillusionnée mais jamais cynique, était le terrain de chasse littéraire de l’écrivaine, décédée lundi 12 mai à l’âge de 92 ans, reine d’un genre, la nouvelle, peu fréquentée et peu promue par le même industrie de l’édition qui lui colle l’étiquette facile de Tchekhov (autrefois Maupassant) canadien.

Comme ces illustres prédécesseurs, Alice Munro a su retrouver la mesure d’or de l’histoire, mais il l’a fait d’une manière originale qui, comme c’est le cas pour tous les grands écrivains, absorbe les leçons des maîtres pour activer une vision personnelle du monde et de l’écriture.

Née à Wingham, en Ontario, le 10 juillet 1931, dans une famille d’éleveurs de renards et de volailles issue d’une ancienne immigration écossaise, elle était admise dans une maison de retraite depuis un certain temps, mais déjà en 2013, il annonce qu’il n’écrira plus rien. Les villes de l’État canadien dans lequel elle est née n’étaient pas seulement le décor de ses livres, mais « la matière » dont ils étaient faits : les paysages, les atmosphères, la lumière de ce petit monde rural valent autant dans l’écriture. comme la vie, souvent pauvre et humble de ses protagonistes. Plus souvent que ses protagonistes, confrontés aux épreuves continues de la vie. Des personnages complexes résolus simplement, en l’espace de quelques pages, habitent les maisons et les villages canadiens que l’auteur connaissait bien. Elle a grandi dans une petite ferme dans une zone peu peuplée, où la vie sociale était réduite à néant. Dès l’âge de douze ans, elle devait s’occuper de sa mère qui souffrait très tôt de la maladie de Parkinson et son père, avec qui elle entretenait une relation d’ombres et de lumières, la frappait avec des ceintures si les tâches domestiques n’étaient pas accomplies, comme le révèlent les dernières histoires de Chère vie, par elle-même
présentés comme des pièces autobiographiques.

Dans le seul roman publié, La vie des filles et des femmesécrit en 1971 et sorti en Italie par Einaudi en 2018, la dimension autobiographique apparaît clairement dans l’histoire de la protagoniste, Del Jordan, fille d’un éleveur de renards de l’Ontario, élevée dans un environnement sauvage qui, au fil du temps, rencontre différents modèles féminins, un monde de possibilités complètement nouvelles jusqu’à ce qu’elle découvre l’écriture.


Aux côtés d’auteures telles que Margaret Laurence, Margaret Atwood, Mavis Gallant, Anne Michaels, Alice Munro a contribué à ouvrir les frontières de la littérature canadienne, notamment féminine. Elle expliquera elle-même : «J’avais le sentiment que seules les femmes étaient capables d’écrire sur des choses marginales, étranges, anormales… J’en suis arrivée à la conclusion que c’était notre territoire, alors que le grand roman sur la vie réelle était le territoire des auteurs masculins. Je savais qu’il y avait quelque chose, une certaine façon de voir le monde, certains grands auteurs, dont j’étais coupé, mais je ne comprenais pas vraiment ce que c’était.”

Une heureuse combinaison de technique et de talent a illuminé son style, souvent traversé d’un humour subtil et animé de petits rebondissements, de renversements de perspectives, de carrefours imprévisibles, dans une capacité inimitable à raconter l’universel à travers le particulier. Il n’y a pas de réalisme magique dans ses récits, mais plutôt un naturalisme sec, le résultat d’une observation précise autant que d’une habitude personnelle, toujours magnifiquement rendue par une écriture d’un grand raffinement linguistique. “La vérité de son récit est si inattaquable que parfois j’ai l’impression de vivre dans une histoire d’Alice Munro”, a écrit sa fille Sheila dans ses mémoires. Vies de mères et de filles. Grandir avec Alice Munro, la biographie aimante de sa mère qui, d’une certaine manière, est aussi la sienne. C’est elle, en 2013, qui reçut à l’Académie de Stockholm, des mains du roi Gustav, il Nobel, alors que la mère avait déjà commencé son lent retrait de la scène littéraire, évitant toute apparition publique.

Munro il avait commencé à écrire à 14 ans publier sa première histoire, Les dimensions d’une ombre, en 1950, alors qu’elle était étudiante à l’Université Western Ontario. Au cours de sa carrière, il a publié quatorze recueils de nouvelles, en commençant par Danse des ombres heureusespublié en Italie par Tartaruga en 1994, puis par Einaudi qui a également publié ses autres livres, tandis qu’en 2009 une sélection de son œuvre a été publiée dans Meridiani Mondadori avec l’introduction et l’édition de Marisa Caramella.

Ce premier tome révélait déjà la maîtrise de l’auteure et la naissance d’un univers poétique auquel elle restera toujours fidèle. Il suffit de penser à des personnages comme la femme qui s’occupe de sa mère qui souhaite être ailleurs, ou à des scènes comme la fête musicale dans la maison du vieux professeur de piano qui culmine dans le final dans lequel les enfants trisomiques apparaissent et jouent. Avec ce livre, Munro a reçu la plus haute distinction canadienne, le Prix du Gouverneur général, qu’elle recevra plus tard deux fois de plus. Au fil des années, des collections telles que Ennemi, ami, amant…

qui contient, entre autres, L’ours a traversé la montagnel’histoire d’un couple âgé, toujours lié par une intimité faite de tendresse et d’humour, aux prises avec l’apparition de la maladie d’Alzheimer, sur laquelle est basé le film Loin d’elle, réalisé par Sarah Polley. Une histoire déchirante mais pas larmoyante et évocatrice le sort qui attendra alors l’écrivain, Je souffre de démence sénile depuis une décennie.


Et puis En vol (huit histoires, dont trois sont liées entre elles dans une histoire sur laquelle Pedro Almodóvar a basé son film en 2016 Juliettedéplaçant le décor du Canada vers l’Espagne
), La vue depuis Castle Rock (dans lequel il reconstruit, à travers
souvenirs de famille, documents, voyages en Ecosse, son histoire familiale),
Lâcher, Trop de bonheur, Sortir vivant. «Des histoires inventées à partir de la réalité» Caramella les définit.

En 2009, elle lui décerne le Booker Prize pour l’ensemble de son œuvre le jury du prix littéraire britannique a noté dans les motivations que «dans chaque histoire, Munro atteint une profondeur, une sagesse et une précision égales à celles des plus grands romanciers dans les œuvres de toute une vie». En ce sens, elle a été une pionnière de la littérature contemporaine et il est agréable de penser qu’avant sa mort, elle a été reconnue.

14 mai 2024 (modifié le 14 mai 2024 | 21h58)



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