Endetté à hauteur de 60 milliards d’euros à l’échelle de son empire, Patrick Drahi vient de lever 800 millions d’euros d’emprunt pour la filiale Altice International.
De l’argent frais et une façon de tester l’attitude des marchés à son égard. Altice International, une des trois grandes branch de l’empire des télécommunications et des médias de Patrick Drahi, annonce ce lundi avoir levé 800 millions d’euros sur les marchés financiers. Cette dette senior, à échéance 2027, lui permet d’allonger la maturité de sa dette sur cette entité regroupant ses activités au Portugal, en République Dominicaine, en Israël mais aussi la start-up de publicité digitale Teads. “Grâce à cette transaction, l’échéance moyenne de la structure du capital de la dette d’Altice International passe de 4,6 ans à 4,9 ans, contre 4,6 ans auparavant, sans échéance majeure avant 2027”se félicite ainsi le groupe de Patrick Drahi dans un communiqué.
C’est une opération importante pour le groupe du milliardaire, éclaboussé par un scandale de corruption au Portugal visant notamment le cofondateur d’Altice et proche de Patrick Drahi, Armando Pereira. S’estimant trahi par ce dernier, l’homme d’affaires avait néanmoins promis que cette affaire de prise illégale d’intérêt n’aurait aucun impact financier sur son empire, lesté d’un endettement colossal de 60 milliards d’euros. Pour Altice international, cela représente une dette de 8,5 milliards d’euros.
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Ayant fait du désendettement la priorité d’Altice, Patrick Drahi cherche d’abord à se donner de l’oxygène avec des opérations de refinancement lui permettant de faire rouler sa dette sur des maturités plus lointaines. Cela lui permet également, comme ce lundi avec l’emprunt de 800 millions d’euros, de tester la température des prêteurs.
Vente de Teads ?
Contracté à 5,00% au-dessus de l’Euribor, ce nouveau prêt à terme à échéance octobre 2027 devrait s’afficher avec des taux actuariels de 10% selon un analyste. “C’est extrêmement cher. Il n’y a que les secteurs avec des fortes marges d’Ebidta qui peuvent se permettre ce type d’opération. Mais ce sont aujourd’hui les conditions de marché. Par le passé, Altice a déjà eu des périodes avec des taux extrêmement élevés” souligne Benoît Soler, analyste crédit chez Keren Finance.
À plus long terme, Patrick Drahi explore différentes options, et notamment l’entrée de minoritaires au capital d’une ou plusieurs de ses sociétés. Tous les actifs, sur toutes les géographies, sont depuis début septembre mis sous revue, y compris la France avec SFR. Mais certains pourraient être taillés pour des ventes intégrales. C’est le cas de Teads par exemple. La semaine dernière, plusieurs sources affirmaient au site Marché des fusions que Patrick Drahi avait engagé la banque Morgan Stanley pour vendre cette start-up de publicité digitale acquise en 2017 et en récupérer jusqu’à 3 milliards.
La vente de Meo, opérateur télécoms numéro un au Portugal, pourrait également permettre à Drahi de récupérer quelques milliards en coupant au passage le lien avec la branche “pourrie” du groupe impliquée dans l’affaire de corruption. Des opérateurs ainsi que plusieurs fonds d’investissement pourraient être intéressés le cas échéant, selon plusieurs sources.
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