Analyse des accidents mortels liés aux inondations en Wallonie : recommandations et constats

Analyse des accidents mortels liés aux inondations en Wallonie : recommandations et constats

Les futures stratégies

Ce premier constat n’est bien entendu pas le seul élément présent dans ce rapport. Les auteurs expliquent que l’objectif de ce rapport est d’examiner en détail les circonstances des accidents mortels causés par les inondations qui ont frappé la Wallonie en juillet 2021, grâce à des entretiens avec les familles et les voisins des victimes, ainsi qu’une analyse de la presse et des documents officiels. Selon les auteurs, ces observations devraient nous inciter à nous interroger sur les stratégies d’évacuation mises en place lors de ce type d’événement tragique.

Les auteurs soulignent également un autre point, à savoir la répartition équitable entre les victimes de sexe masculin et féminin qui a été observée. Cela est en contradiction avec la plupart des études sur la mortalité liée aux inondations, qui indiquent une proportion plus élevée de victimes masculines. De plus, une sur-représentation nette des personnes de plus de 65 ans parmi les victimes a été observée, ce qui contraste avec la majorité des études internationales où le groupe d’âge le plus touché est généralement celui des 30-64 ans. Les auteurs estiment donc que le fait qu’une grande majorité des victimes soient âgées devrait pousser les autorités publiques à élaborer des plans d’évacuation prenant en compte cette réalité.

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En ce qui concerne les victimes décédées à l’extérieur, il s’agit principalement de jeunes hommes qui semblaient parfois ne pas avoir été suffisamment conscients de la gravité du phénomène. Cela souligne l’importance d’une communication de crise efficace pour mieux informer ces personnes. Le rapport insiste donc sur la nécessité de cibler ces individus via BEAlert ou d’autres canaux afin de leur préciser exactement le danger auquel ils sont exposés.

Il convient également de préciser que les décès sont survenus principalement dans les zones inondables identifiées en Wallonie. Les auteurs du rapport signalent donc que les modélisations réalisées sur le territoire wallon semblent être suffisantes pour repérer les zones à risque de surmortalité. Ils recommandent aux autorités publiques d’inclure dans les messages d’alerte aux citoyens des estimations des zones qui pourraient être touchées.

Rencontrer les proches

En ce qui concerne la méthodologie, les auteurs expliquent qu’étant donné le contexte d’une enquête judiciaire en cours et n’ayant pas eu accès aux dossiers médicaux des victimes, la collecte de données effectuée est nécessairement partielle. Munis d’un questionnaire précis, ils ont rencontré les proches et les voisins des victimes au cours du printemps et de l’été 2022. 33 proches de victimes ont ainsi accepté de témoigner, alors que quatre proches n’ont pu être rencontrés et une famille a refusé de témoigner. Néanmoins, la dynamique des accidents concernés a pu être identifiée en consultant les sources officielles et les articles de presse.

Des proches qui se sentent abandonnés

Le dernier constat relevé par les deux médecins concerne le sentiment d’abandon exprimé par de nombreux proches de victimes interrogés, qui estiment que les autorités publiques ne les accompagnent pas suffisamment à toutes les étapes de leur deuil. Les auteurs recommandent donc aux autorités de prêter une attention particulière à leur accompagnement.

Le Dr Edouard Hosten est médecin urgentiste au CHU de Charleroi, le Dr Hervé Houon est médecin assistant candidat spécialiste en médecine d’urgence à l’Université de Liège. Enfin, la Pr Debarati Guha-Sapir est professeur émérite à l’UCLouvain et spécialisée dans l’épidémiologie des catastrophes naturelles et des conflits.

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