Analyse des dépenses de consultance en Région bruxelloise

Analyse des dépenses de consultance en Région bruxelloise

Cependant, l’inventaire était loin d’être complet, la participation des administrations à openbudgets n’étant pas contraignante.

Face à cette opacité, début février, le MR bruxellois a déposé une proposition visant à mettre en place une commission spéciale sur les frais de consultance de la Région.

En même temps, le PTB s’est employé à collecter des données. Le parti de gauche radicale a interrogé l’ensemble des membres du gouvernement bruxellois afin d’obtenir la liste complète des missions de consultance confiées à des sociétés privées depuis 2019 et le début de la législature, par les différents organismes publics bruxellois sur lesquels ils ont la tutelle. Les sommes déboursées pour avoir recours à ces consultants privés atteignent au total… plus de 300 millions d’euros.

C’est plus que les montants payés par le niveau fédéral, entre 2020 et mi-2023.

Le fédéral a dépensé depuis 2020 plus de 124 millions en frais de consultance

108 millions d’euros pour les big four

Selon les données extraites de l’openbudget par le PTB en croisant les fichiers francophones et néerlandophones, les sociétés du big four (Deloitte, KPMG, EY et PWC) ont facturé ensemble pas moins de 108 millions d’euros aux administrations bruxelloises, depuis 2019.

Deloitte se taille la plus grosse part du gâteau, avec 93,3 millions d’euros, dont 48 millions via les administrations sous tutelle de Sven Gatz (Opend VLD), minister des Finances. Un montant de 25 millions concernait le dossier de la taxe kilométrique (SmartMove), finalement recalé par le gouvernement bruxellois…

KPMG arrive en seconde position, avec 7,8 millions d’euros, devant Ernst & Young (5,3 millions d’euros) et PWC (2 millions d’euros).

157 millions d’euros chez Elke Van den Brandt

Les administrations qui dépendent d’Elke Van den Brandt (Groen), ministre bruxelloise de la Mobilité, ont déboursé 157 millions d’euros en frais de consultance, dont 144 millions rien que pour la Stib.

Plutôt que de consultance, nous préférons parler de l’externalisation d’une série d’opérations, comme le recours aux cabinets d’avocats, les frais techniques, etc. La Stib dépense des centaines de millions par an en investissements et en gros projets d’infrastructure. Ce n’est donc pas étonnant qu’il y ait un montant aussi important pour de la consultance et pour le suivi de ces projets” précise la porte-parole d’Elke Van den Brandt. “Il y a aussi des dépenses pour des audits, mais aussi pour l’externalisation d’une mission urgente pour lesquels il n’y a pas de personnel disponible.”

Le manque de fonctionnaires qualifiés pour certains types de missions revient régulièrement dans l’argumentaire.

Pour pallier ce problème, plusieurs administrations ont recours au corps shopping (NdlR : recrutement de personnel pour des missions de consultance). 49 millions d’euros ont ainsi été engagés par l’organisme public bruxellois Paradigm, auprès de Gartner, Deloitte, Kpmg ou Capgemini, dont une partie significative a été utilisée pour les services de consultants IT (technologies de l’information).

Les frais de consultance en Région bruxelloise ©IPM Graphics

Un manque de personnel qualifié

«Le body shopping est une pratique de plus en plus courante et nécessaire dans le secteur IT, car certains profils ne travaillent plus que sous ce régime-là” précise la porte-parole de Bernard Clerfayt (Défi), ministre bruxellois des Pouvoirs locaux. “Nous reconnaissons que les montants des frais de consultance sont importants. Mais prenons l’exemple de Gartner (NdlR : plusieurs marchés publics IT pour un total de 2,3 millions d’euros). Une fois les chantiers mis en place, cela permettra à la Région de faire des économies de l’ordre de 30 millions euros.”

Bruxelles va mettre l’engagement de fonctionnaires sur pause

“Renforcer notre service public”

Le cabinet de Sven Gatz (Open VLD), ministre bruxellois des Finances, prolonge le raisonnement. “Les pouvoirs publics doivent respecter des procédures légales de marché public et d’ouverture à la concurrence. Ce que nous faisons en toutes circonstances. La réflexion doit plutôt porter sur la meilleure manière de renforcer notre service public d’une part, et peut-être de lancer des marchés de moindre ampleur, d’autre part, pour y favoriser aussi l’accès à des sociétés plus petites.”

Le renforcement du service public ne sera toutefois pas pour cette législature.

guillement

“Sven Gatz s’est attaqué au service public, en décidant d’un moratoire sur l’engagement de fonctionnaires. Or, en faisant ça, il va rendre le gouvernement encore plus dépendant des consultants.”

“En octobre, après le conclave budgétaire, ce même ministre des Finances (Sven Gatz) s’est attaqué au service public, en décidant d’un moratoire sur l’engagement de fonctionnaires. Or, en faisant ça, il va rendre le gouvernement encore plus dépendant des consultants”, regrette Françoise De Smedt, cheffe de groupe PTB au Parlement bruxellois.

Le manque de transparence qui entoure ces dépenses pose également question.

“Il est très difficile d’avoir accès aux dépenses complètes de consultance”, reprend François De Smedt. “Le total de 300 millions d’euros que nous avons calculé ne constitue en fait qu’une estimation minimale.”

Les données incomplètes d’Alain Maron et Barbara Trachte

Ces chiffres restent en effet sous-estimés.

Pour une partie de ses frais de consultance, Barbara Trachte (Écolo), secrétaire d’État à la Transition économique, a renvoyé le PTB à l’openbudget. Alain Maron (Écolo), ministre bruxellois de l’Environnement, s’est quant à lui contenté de communiquer les montants pour l’année 2023, renvoyant pour les autres années au site internet “datastore.brussels“.

guillement

Le gouvernement fournit des documents excel illisibles, des sites web inexistants et des chiffres incomplets.”

Or, il est pratiquement impossible d’extraire les frais de consultance, par ministre, de l’openbudget car les descriptions des missions ne sont pas suffisamment précisées”regrette Françoise De Smedt. “De plus, nous savons que les données de
#350millions #deuros #frais #consultance #les #sommes #dépensées #par #ladministration #bruxelloise #beaucoup #importantes #quannoncées
publish_date]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.