Ce qu’il y a derrière le “salaire brut”
Si l’on extrapole les derniers chiffres de Statbel (octobre 2021) à l’inflation, les salaires médians bruts pointent à 4726 euros à Bruxelles et à 3823 euros en Wallonie. Bizarre, non ? Tout est dans la méthodologie… D’abord, les différences entre ces deux sources tiennent au fait que SD Worx intègre dans les banques de données les plus petites unités d’exploitation (moins de 10 travailleurs), ce que ne fait pas StatBel. Or, il y a environ 20 % de petites entités de moins de 10 travailleurs dans les trois Régions du pays. Par ailleurs, comme le précise Philippe Defeyt dans sa note, les définitions des salaires mensuels bruts ne sont pas exactement les mêmes. SD Worx entend par “salaire mensuel brut” le montant figurant sur la fiche de paie, sans les primes de fin d’année et les pécules de vacances. Ce montant ne tient également pas compte des avantages extra-légaux, ni des coûts de l’employeur. Quant à StatBel “il s’agit toujours du salaire mensuel brut, qui comprend les primes périodiques versées à chaque période de paie. Il peut s’agir par exemple des primes pour le travail de nuit ou de week-end. Les primes versées à titre exceptionnel, comme le treizième mois ou le double pécule de vacances, ne sont pas prises en compte”, relaie l’économiste.
Au service de qui ?
Est-ce que ces deux différences peuvent expliquer l’écart important entre les deux organismes ? “Pas vraiment” pour l’économiste. L’intégration des plus petites unités d’exploitation n’explique pas pareille différence, de même qu’il faudrait une hiérarchie des salaires médians (des temps pleins) dans les plus petites unités très en-dessous de celle dans les entités de 10 travailleurs ou plus (on sait que les salaires moyens sont inférieurs, mais probablement pas à ce point) et/ou des avantages extra-salariaux très importants pour expliquer les différences de niveaux dans les salaires médians entre les deux sources.
Morale de l’histoire, pour Philippe Defeyt : “une fois de plus on se trouve dans une situation où il est compliqué de réconcilier informations privées et données officielles. Rien a priori n’exclut d’ailleurs aussi des faiblesses dans ces dernières”. Comme il l’avait déjà écrit en 2019, dans une note intitulée “Des études comme outil de relations publiques des entreprises”, l’économiste estime que “les entreprises privées doivent, a minima, se doter d’une éthique en matière d’études statistiques. Le faire si cela apporte du neuf, comparer avec d’autres sources d’information et proposer des explications si différences il y a, être plus précis sur les questions méthodologiques, travailler au niveau de la fédération professionnelle, respecter les règles habituelles en matière de citations ou de titres de tableaux, diffuser les données de base et les résultats en open-source, etc.”
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Partenariat public-privé…
Mais ce serait mieux encore d’organiser des partenariats pour compléter les enquêtes officielles (par exemple en finançant un module additionnel) et exploiter les données que les organismes publics n’ont pas le temps de traiter, poursuit-il. Et de conclure : “il appartient aussi à StatBel de sortir de ces vieilles habitudes en enquêtant sur tous les salaires (horaires), pas seulement sur ceux qui font l’objet de l’enquête sur les salaires annuelle”.
De fait, et cela biaise évidemment les chiffres, l’enquête StatBel ne tient pas compte des salaires dans des certains secteurs comme l’agriculture, la pêche, les administrations publiques, l’enseignement, les soins de santé et les autres services aux personnes. Soit un tiers de l’emploi salarié… Tout ceci limite fameusement le champ d’analyse !
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