Anatomie d’une chute : un précis de cinéma sur les affres d’un couple d’écrivains

Anatomie d’une chute : un précis de cinéma sur les affres d’un couple d’écrivains
Sandra (Sandra Hüller), dans «Anatomie d'une chute», de Justine Triet.

L’AVIS DU «MONDE» – À NE PAS MANQUER

Une écriture remarquable, des acteurs parfaits, un secret bien gardé et une atmosphère vénéneuse. Oui, tout est là, mais il y a quelque chose en plus dans cette Anatomie d’une chute qui a valu à sa réalisatrice, Justine Triet, 45 ans, la Palme d’or, à l’issue de la soixante-seizième édition du Festival de Cannes. Son quatrième long-métrage examine les affres d’un couple d’écrivains, dont l’un des deux trouve la mort. Suicide, meurtre ? On ne saura jamais, mais le chemin qui mène à ce mystère est un passionnant précis de cinéma.

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Devant les jurés de la cour d’assises, l’accusée, Sandra (Sandra Hüller), révèle les méandres de son intimité avec son compagnon, Samuel, avant qu’il meure – Samuel Theis, qui reste hors champ, sauf dans quelques scènes cruciales. Ecrit avec Arthur Harari, le réalisateur de Diamant noir (2016), d’Onoda, 10 000 nuits dans la jungle (2021), et compagnon de Justine Triet, le récit condense les obsessions de la cinéaste tout en les injectant dans un récit aussi minimal que terrifiant : vivre en couple tue.

Les films de Justine Triet – La Bataille de Solférino (2013), Victoria (2016) et Sibylle (2019) – sont des tourbillons mettant au défi les comédiennes de jouer des êtres impurs, lorsque les vies intime et professionnelle de leurs personnages se télescopent avec fracas. Et, en matière de trouble et d’impureté, Sandra Hüller excelle.

Un air de médium

Anatomie d’une chute s’ouvre dans l’énergie et la confusion d’une discussion qui ne pourra avoir lieu. Nous voici dans un chalet sur les hauteurs de Grenoble, juste avant le drame. Un escalier en bois menant sous les combles, une musique tonitruante emplissant tout l’espace…

Lire l’entretien avec Sandra Hüller : Article réservé à nos abonnés « Les personnages simples ne m’intéressent pas »

Deux femmes se parlent, dont les visages sont filmés en plan serré : Sandra, écrivaine, reçoit une étudiante (Camille Rutherford) venue l’interviewer, mais le bruit est tel que l’entretien doit être interrompu. A l’étage, Samuel a monté le son à fond. Sans doute pour embêter sa femme. Auteur lui aussi, il est en panne de récits. Sandra dit au revoir à l’étudiante, monte les marches de l’escalier. Cut. On ne verra pas la suite.

La caméra nous transporte dehors. Dans la neige. Daniel (Milo Machado Graner), le fils du couple, âgé d’une douzaine d’années, est parti en promenade avec son chien. L’enfant est malvoyant, et ses yeux bleu glacé lui donnent un air de médium. Quand il revient devant la maison, il découvre son père allongé, inerte, son sang figé dans les cristaux de glace. Une enquête est ouverte et Sandra ne tarde pas à être mise en examen. Un ancien ami (Swann Arlaud), avocat, vient lui prêter main-forte et prend sa défense devant la cour d’assises.

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