La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image propose souvent de passionnantes expositions, toutes à la fois exigeantes, pédagogiques et populaires.
Avec “Croquez ! la BD met les pieds dans le plat” en coproduction avec la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon, la Cité d’Angoulême s’affirme une nouvelle fois comme un espace de culture et de découvertes, accessibles aux plus jeunes comme aux amateurs confirmés de la BD.
Des aliments caractéristiques des personnages
L’exposition débute avec un quizz ludique : saurez-vous retrouver à quel personnage renvoie chaque aliment ? La salsepareille, pas de difficultés ; les épinards, un peu moins facile peut-être car ancien ; le cuissot de sanglier, évident. Mais les barres “Funky”, les hamburgers ou la soupe ? Plus difficile…
Dans la veine humoristique, chacun connaît les : « Jo, quand est-ce qu’on mange ? Tais-toi Averell. » « Rôti ou à la croque au sel, le sanglier est mon plat préféré » (dans La Serpe d’or) ; la recette de la morue aux fraises à la chantilly mayonnaise aux câpres …
Le visiteur pourra ainsi admirer des planches originales d’Uderzode Morris et de Franquin prêtées par les héritiers et pour la plupart, visibles pour la première fois dans une expo. Un pur bonheur.
Les damnés de l’or brun (Francis Vallès, Fabien Rodhain et Didier Alcante)
Planche originale. Le monde des plantations de cacao au début du XIXème siècle.
Les pratiques alimentaires racontent les évolutions et les excès d’une époque
La BD parle de la place de l’agriculteur, des vignerons et des cuisiniers dans nos sociétés contemporaines.
Les étiquettes sur les bouteilles de vin ont permis à des vignerons dits indépendants de se différencier de leurs concurrents et d’affirmer une identité artisanale.
Etienne Davodeau témoigne de la ruralité et des difficultés d’être agriculteur.
Vecteur de transgression, la nourriture s’affiche en une de Fluide glacial ou de Charlie hebdo. Manu Larcenet dans Blast, en fait l’élément auto-destructeur du personnage. Là encore, le visiteur aura le plaisir d’admirer des planches originales et apprécier l’esthétique noir et blanc, déjà perceptible dans le format des pages reproduites dans les albums publiés.
Une centaine d’auteurs internationaux
Le manga est aussi mis à l’honneur dans cette expo. On y découvrira la richesse de la cuisine japonaise et son importance dans la société nippone. “Ecole” de BD ayant poussée la segmentation du lectorat, le manga culinaire constitue même une sous-catégorie spécifique. Des dessinateurs de toutes les époques et de différents pays sont présents : Quino, Posy Simmonds, Jim Bishop, Winsor McCay,…
Bouchées doubles, les nourritures du futur
La dernière partie de l’expo propose des duos chef- essinateur avec 14 récits sur la cuisine du futur. Les chef (et cheffes) étoilés Claire Vallée, Alix Lacloche, Jérôme Ferrer, Mauro Colagreco, Cyril Bordarier (etc.) associés à des auteurs majeurs comme Mathieu Bablet, Emilie Gleason, Jean Louis Tripp, Sole Otero, Mathieu Sapin … pour de courts récits croisant les talents respectifs des uns et des autres et imaginant l’avenir sous le prisme alimentaire.
Parler alimentation, c’est questionner les ressorts scénaristiques (à des fins humoristiques, de tension dramatique, de provocation,…) autant que réfléchir sur nos sociétés et leurs enjeux. C’est constater une démarche d’introspection autant que de reportage journalistique. C’est enfin un dialogue entre l’art culinaire et la BD.
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2024-01-27 13:38:28
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