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Angoulême 2025 : la plume enchantée de Kamome Shirahama

by Nouvelles

Dans L’atelier des sorciersla magie repose non pas sur des pouvoirs innés mais sur un savoir-faire et des connaissances. C’est à travers le dessin et une encre spéciale que les sorts prennent vie. Une vérité cachée à la population par une poignée de sorciers, ce que réalise la jeune Coco. Ce récit initiatique met en avant la détermination et l’entraide, avec de multiples questionnements sur la place des sorciers et de la magie dans la société. Toujours en cours de parution, l’œuvre a reçu différents prix, comme le 11e prix Manga Taishō en 2018 et le Daruma d’or manga de la Japan Expo Awards 2019.

L’architecture en pierre de l’hôtel et l’illustration de Coco devant la fenêtre nous donne l’impression d’arriver dans l’atelier d’un Maître sorcier. Les ornements dans la roche évoquent les symboles, que dessinent les sorciers pour lancer des sorts. Le choix du lieu pour l’évènement s’accorde bien avec l’ambiance de l’œuvre exposée. D’autant plus que c’est le genre de bâtiments, dans lesquels on imagine vivre des sorciers.

© Kamome Shirahama

En entrant dans l’exposition, nos pas sont les mêmes que ceux de Coco qui découvre les coulisses de la magie. On observe ici ses premières expériences avec le monde de la magie et sa fascination pour celui-ci. Les expressions de l’héroïne montrent notamment son engouement et sa curiosité face à un sort. Le tout, avec la beauté du trait de l’autrice. On aperçoit également des lieux et plus précisément l’atelier de Kieffrey, qui est l’un des premiers fragments du monde des sorciers révélé à Coco. La découverte se poursuit tout du long, grâce à des loupes accrochées sous certaines planches originales. Ces dernières permettent de voir les détails et de mieux appréhender le travail de l’autrice, qui dessine majoritairement de façon traditionnelle.

© Kamome Shirahama

© Kamome Shirahama

Dans le manga, la mécanique de la magie repose sur de nombreux efforts et de l’entraînement. L’un des thèmes met donc en valeur l’artisanat et la technicité, tous deux complémentaires et nécessaires pour créer des sorts. L’exposition nous montre le caractère méticuleux des personnages, qui travaillent leurs sortilèges, à travers leur visage concentré et sérieux. La précision du tracé et la grâce des sorts font écho au travail de l’autrice, faisant preuve d’une grande exigence et minutie, comme le témoignent ses planches avec peu de corrections.

© Kamome Shirahama

L’accent est mis aussi sur les cadres et la mise en pages, avec des ornements (végétaux, architecturaux…) qui rappellent ce qu’on peut voir dans les ouvrages médiévaux. Les bords ainsi utilisés donnent un rendu dynamique. On remarque aussi que Kamome Shirahama s’amuse dans la composition et tente de nombreuses choses variées.

© Kamome Shirahama

© Kamome Shirahama

© Kamome Shirahama

Au milieu de la pièce se trouve une malle avec des potions, des grimoires et des coussins, qui forment un décor chaleureux et préparé avec soin. Ce qui s’apparente à la chambre de Coco.

© Kamome Shirahama

L’élégance que dégagent les graphismes et le merveilleux omniprésent sont rapidement contrebalancés par une certaine noirceur et des enjeux moraux complexes dans le scénario. Lors de ces scènes, les cases lumineuses deviennent noires et laissent place à une atmosphère malaisante, comme dans le cas de la transformation de Yinny. Dualité ou encore espaces étroits font partie des éléments qui émergent des dessins.

© Kamome Shirahama

© Kamome Shirahama

La suite de la visite insiste sur la symbolique de certaines figures géométriques omniprésentes (le rond, le losange et l’œil) et la présence des motifs folkloriques. Ces derniers ne proviennent pas d’une culture précise, mais sont le résultat de plusieurs influences. Ce qui confère une patte graphique originale, qui dénote avec ce qu’on connait tout en s’appuyant dessus.

© Kamome Shirahama

© Kamome Shirahama

Pour finir en beauté, la dernière série de planches éblouie par la richesse des couleurs démontrant la maîtrise de l’autrice en matière de coloration connue notamment pour ses nombreuses couvertures des comics américains. Quelques chose de joyeux et de fantaisiste ressort des illustrations. Les crayonnés et les croquis également exposés sont particulièrement plaisants à regarder. La visite finit donc sur une note qui ancre avec force l’imaginaire et le talent de Kamome Shirahama dans les souvenirs des visiteurs.

© Kamome Shirahama

© Kamome Shirahama

En bref, l’exposition conçue par Croquet de pauline et scénographié par HALEINE réussi avec sa mise en scène et ses choix artistiques à faire comprendre les différentes facettes de cet univers enchanté travaillé et unique. En sortant, on réalise que le style graphique et d’un haut niveau et que le scénario n’est pas juste merveilleux mais possède sa part d’ombre et de problématiques. Le seul défaut qu’on peut trouver à l’expérience est lié à l’espace des salles. En effet, celles-ci sont exiguës, impactant la circulation déjà très ralentie par l’unique escalier étroit qui permet d’accéder et de sortir de l’hôtel. L’attente est ainsi très longue pour profiter de la visite dans les petites salles.

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

2025-02-01 14:57:00
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