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Angoulême : la fronde des coiffeurs contre les salons à bas prix

C’est une concurrence déloyale et je comprends qu’elle suscite de la jalousie et de l’énervement.

Ce brusque départ résulte…

C’est une concurrence déloyale et je comprends qu’elle suscite de la jalousie et de l’énervement.

Ce brusque départ résulte d’un contrôle réalisé le 15 juin lors des journées d’actions communes européennes contre la traite des êtres humains. « Une action interservices diligentée et coordonnée par le comité opérationnel départemental anti-fraude »informe la préfecture. Elle a « pour objectif de relever les éventuelles infractions commises en matière de travail dissimulé ou de rémunération sans rapport avec le travail accompli ».

Au total, six établissements de l’agglomération ont été visités dont Coiffure Zen, boulevard Gambetta – dix euros la coupe – comme l’indique le gérant qui n’a pas été inquiété : « Ils nous ont demandé les diplômes, les contrats de travail et les fiches de paye. » « Je n’ai absolument rien à cacher, si on veut venir me contrôler, bienvenue ! » lâche, lui, cash, le gérant de Kamel Coiffure, place Victor Hugo

Une pétition des coiffeurs

Ces inspections font suite à une pétition lancée en novembre 2022, soutenue par une quarantaine de professionnels du secteur, dénonçant les pratiques de ces salons. L’un d’eux a saisi la répression des fraudes. Selon nos informations, d’autres lui ont emboîté le pas, à l’instar de l’auteur de la pétition qui préfère rester discret.

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Baisse de rideau précipitée, aussi, chez L’artisto barber, ouvert il y a moins de deux ans rue Montmoreau, sans que l’on puisse lier avec certitude cette fermeture à une intervention anti-fraude. La vitrine, recouverte de bâches noires et de cartons, ne comporte aucun message à l’attention des clients. Joint par téléphone, le gérant assure que le commerce « change de décor » avant une réouverture « le mois prochain ».

Ce coup d’arrêt réjouit les coiffeurs. « C’est une bonne nouvelle, il faut que ça bouge. Certains ne suivent pas la réglementation et s’installent sans diplôme ou alors prennent celui d’un prête-nom lors de l’inscription à la Chambre des métierspose Éléonore Dexet, déléguée départementale de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec). C’est une concurrence déloyale et je comprends qu’elle suscite de la jalousie et de l’énervement. » Pour ouvrir un salon, l’obtention d’un CAP suivi d’un brevet professionnel est obligatoire.

Les professionnels interrogés dénoncent une justice à deux vitesses et demandent plus de transparence de ces salons aux horaires variables : chez Mister Coiffeur, ouvert en mai rue du Sauvage, les habitués joignent directement le patron pour connaître son heure d’embauche. Chez Kamel Coiffure, il est possible de se faire coiffer le dimanche – pour éviter l’attente, il est même conseillé de venir tôt le matin.

« On nous fait chier
à éplucher nos agendas »

Aurélie Lescorail, d’Aurélie Coiff’, installée rue du Sauvage, à une vingtaine de mètres de Mister Coiffeur, fait partie des contestataires : « Lors des contrôles, on nous fait chier à éplucher nos agendas. Eux n’en ont même pas et n’acceptent ni les chèques, ni la carte bleue. » Ces salons fonctionnent sans rendez-vous et certains exigent le paiement en liquide. « Cette différence dans la législation, ça fait quand même mal au cœur »poursuit Ludovic Basson, patron de New Vague, rampe d’Aguesseau où trois coiffeurs à bas prix sont présents dans un rayon de 200 mètres.

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Franck Silva-Morais, gérant avec sa femme d’Hugo Coiffure, rue Saint-Roch, s’insurge lui aussi contre cette différence de traitement. Pour l’illustrer, il dégaine un rapport de la médecine du travail qui l’a contrôlé il y a plusieurs années. Sur le document, il est reproché au salon l’absence de « patins sous les pieds des fauteuils pour faciliter leur déplacement pendant le ménage » ou encore « l’utilisation de sèche-cheveux pour le nettoyage des plans de travail qui remet en suspension dans l’air des particules qui s’étaient déposées. » Un niveau d’exigence en décalage avec les salons à bas prix qui, selon lui, passent sous les radars.

Emmanuel Sennavoine, patron de Louis XVII, rue de Genève, a signé la pétition « par solidarité ». Il s’étonne des prix pratiqués : « Sur une coupe à dix euros, on enlève 20 % de TVA auxquels on soustrait 50 % pour les salaires. Les quatre euros restant servent à payer les charges fixes et les impôts. » Et Franck Silva-Morais, d’Hugo Coiffure, de conclure : « Nous avec des coupes à 25 balles on a du mal à s’en sortir, alors à 10-12 balles, il faut m’expliquer ! »

Dix à douze euros la coupe

Dans ces salons bon marché, sans rendez-vous, les tarifs affichés sont bas : douze euros la coupe au Barbershop La main d’or, boulevard de Bury, dix euros chez Coiffure Zen, boulevard Gambetta. À ce prix-là, pas de shampoing. Ce type de commerce, réservé à une clientèle masculine, a fleuri un peu partout à Angoulême. Il séduit un public n’ayant pas le budget pour une prestation généralement comprise en 25 et 30 euros dans un salon dit classique. Ceux aux cheveux crépus y trouvent aussi un savoir-faire. Au Barbershop La main d’or, la qualité est là comme en témoignent les nombreux commentaires positifs laissés sur Google louant un « personnel professionnel » – la note globale de l’établissement est de 4.8/5. « Efficacité, rapidité et moins cher, on a su s’adapter à la demande, partage un gérant de barbershop proche du Plateau. Aujourd’hui, les gens ne veulent plus attendre et font attention à leur porte-monnaie. »

2023-06-29 10:00:00
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