Lors de sa participation à l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 21 janvier, Ndongo Samba Sylla a mis en garde contre des anomalies dans l’évolution du nombre d’électeurs par région sur le fichier électoral entre 2019 et 2023.
Ndongo Samba Sylla tire la sonnette d’alarme concernant le processus électoral en cours en vue de l’élection présidentielle du 25 février prochain. En s’exprimant sur son dernier ouvrage co-édité avec la journaliste française Fanny Pigeaud, intitulé “De la démocratie en Françafrique, Une histoire de l’impérialisme électoral”, lors de son passage dans l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 21 janvier, Ndongo Samba Sylla a souligné que l’évolution du nombre d’électeurs par région sur le fichier électoral révèle des anomalies entre 2019 et 2023. Il a déclaré : “Le fichier électoral n’a pas été favorable à l’opposition. Nous avons constaté une croissance artificielle de l’électorat dans les zones favorables au pouvoir. Dans les régions favorables à l’opposition, la croissance électorale a été inférieure. Il suffit de comparer les données démographiques de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) avec les données électorales du ministère de l’Intérieur”, a noté l’invité de Baye Oumar Guèye.
Poursuivant son explication, Ndongo Samba Sylla a souligné que la région de Dakar, qui représentait 30% de l’électorat en 2012 avant l’érection de Keur Massar en département, a connu une faible croissance de sa population électorale par rapport au Fouta : Podor département et la région de Matam, qui ont enregistré une augmentation de 150 000 électeurs entre 2012 et 2019, alors qu’elles représentaient seulement 6% de l’électorat en 2012, bien loin derrière Dakar avec ses 30%. En continuant à relever les anomalies dans l’évolution du nombre d’électeurs par région, dans le cadre de leur ouvrage, Ndongo Samba Sylla s’est également interrogé sur les données du dernier recensement général qui ont révélé, selon lui, que les deux tiers (2/3), soit 60% de la population locale du “Fouta”, ne possédaient pas de pièces d’identité valides. “Ces 60% de la population n’ont pas de carte d’identification valide, ni de jugement supplétif délivré en cas de non-déclaration à la naissance. En face de cette situation, on se dit que cette évolution de la population électorale dans cette partie nord du pays n’est pas explicable. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond”, a-t-il souligné.
NANDO CABRAL GOMIS