Antonio Guterres est un homme de principes. Selon lui, il est essentiel de progresser vers la paix au Proche-Orient et de mettre fin à l’occupation.
Il existe plusieurs moyens de savoir si quelqu’un est du bon côté de l’histoire ou non. L’un de ces moyens est d’être insulté de tous les noms par le ministre des Affaires étrangères d’un gouvernement aussi raciste et déconnecté de la réalité que celui dirigé par Benjamin Netanyahou en Israël.
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a été confronté à cet “honneur” particulier. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, lui reproche d’avoir affirmé que “l’attaque terroriste du Hamas ne vient pas de rien”, mais “de 56 années d’occupation”. Le 24 octobre 2023, Eli Cohen lui a répliqué sans aucune inhibition : “Monsieur le Secrétaire général, dans quel monde vivez-vous ? Ce n’est certainement pas le nôtre”.
Antonio Guterres est incontestablement un homme de principes. Il est également constant dans ses idées. Lors d’une visite en Terre sainte en août 2017, quelques mois après sa nomination, il a déclaré que “la solution à deux États reste la seule voie pour réaliser les droits inaliénables du peuple palestinien et assurer la sécurité d’Israël”. Cette déclaration était une “lettre d’intention” adressée à la région. Il a également réaffirmé, lors du sommet arabe précédent à Alger en novembre 2022, que “la position des Nations Unies est claire : la paix doit progresser, l’occupation doit prendre fin. Notre objectif commun reste la coexistence pacifique et sécurisée de deux États, Israël et la Palestine, avec Jérusalem/Al-Quds comme capitale des deux États”. Il est rare de voir un Secrétaire général de l’ONU aussi en faveur de la Palestine, ou pour être plus précis, aussi en faveur de la justice. Le dernier à avoir été aussi engagé était probablement l’Autrichien Kurt Waldheim, qui a présidé l’ONU de 1972 à 1981. Cependant, il a fini par en payer le prix en termes de réputation et de carrière politique. En mars 1986, son passé dans la Wehrmacht, l’armée allemande sous le IIIe Reich, a été mis en avant lors d’une campagne médiatique clairement à charge et largement orchestrée par le Mossad, les services de renseignement extérieurs israéliens. C’est également sous la présidence de M. Waldheim que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) s’est vu accorder le statut d’observateur par l’Assemblée générale des Nations Unies en novembre 1974. Antonio Guterres sera-t-il un jour impliqué dans une affaire avec Salazar, l’ancien dictateur portugais ?
Israël pourrait y trouver son intérêt, mais il ne serait pas le seul dans ce cas. Parmi ceux que le courage et l’audace d’Antonio Guterres ont mis en porte-à-faux au cours des dernières années, nous pouvons citer un client bien connu au Maroc, à savoir l’Algérie. Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à prolonger le mandat de la mission de paix de l’ONU au Sahara marocain, la MINURSO, l’Algérie a mis en marche toute sa machine de propagande contre le diplomate portugais, dans le but évident de discréditer ses efforts. Les récents rapports, y compris celui qu’il a présenté en octobre 2023 sur la situation au Sahara marocain, mettent clairement en évidence la responsabilité historique et actuelle de l’Algérie dans ce différend, en tant que partie prenante, tout comme le mouvement séparatiste du Front Polisario. Mais Antonio Guterres doit désormais être habitué à cela, étant donné qu’il a été accusé il y a plus d’un an par la presse algérienne d’être corrompu par le Maroc et d’avoir passé ses dernières vacances à Fès, aux frais prétendument du “Makhzen” (le gouvernement marocain). Ces accusations infondées ont été réfutées à l’époque par le porte-parole d’Antonio Guterres, Stéphane Dujarric, mais cela n’a pas empêché le chef de l’ONU de continuer à avancer, guidé par sa conscience.
Finalement, de quel monde Antonio Guterres fait-il partie, comme l’a demandé Eli Cohen ? Il ne fait sans doute pas partie du même monde que lui, ni même de celui de la “Casa d’El-Mouradia”, comme elle est souvent appelée en Algérie. Mais son monde est certainement meilleur et plus vertueux. C’est le monde du côté duquel se trouve l’histoire, et le Maroc est fier de le soutenir.
