Publié
Pologne: Après s’être abrité chez le président, l’ancien ministre a été arrêté
En appel, Mariusz Kaminski et son proche collaborateur avaient été condamnés à deux ans de prison ferme. Ils avaient été invités au palais présidentiel par Andrzej Duda, où la police les a arrêtés.
En Pologne, le ministre de l’Intérieur du gouvernement précédent – populiste – et un collaborateur, recherchés par la police pour être emmenés en prison, ont été arrêtés mardi soir au Palais présidentiel, où ils étaient réfugiés après l’invitation du président.
“Arrêtés conformément à la décision du tribunal”, a écrit un vice-ministre de l’Intérieur, Czeslaw Mroczek sur X, une information ensuite confirmée par la police.
“C’est une situation inédite”, a commenté le Premier ministre pro-européen Donald Tusk, “les personnes condamnées, qui doivent être emmenées par la police dans un lieu d’isolement, choisissent un autre lieu d’isolement, probablement plus confortable, le Palais présidentiel”.
Grâce présidentielle controversée
En décembre, un tribunal polonais avait infligé en appel une peine de deux ans de prison ferme au ministre Mariusz Kaminski et à son proche collaborateur, Maciej Wasik, pour avoir outrepassé leurs fonctions dans une affaire datant de 2007.
“Les personnes condamnées, qui doivent être emmenées par la police dans un lieu d’isolement, choisissent un autre lieu d’isolement, probablement plus confortable, le Palais présidentiel.” – Donald Tusk, Premier ministre polonais
Personnalité controversée, Mariusz Kaminski avait occupé les fonctions de coordinateur des services secrets à l’époque et incarne, aux yeux de ses critiques, les tendances autoritaires au sein du parti nationaliste et populiste Droit et justice (PiS), ce dernier ayant perdu le pouvoir à l’issue des élections législatives d’octobre.
Lundi soir, un mandat d’amener avait été émis contre les deux hommes. Ils clament leur innocence, évoquant une grâce présidentielle controversée accordée par le président Andrzej Duda en 2015, qui a été par la suite remise en question par la Cour suprême.
“Nous ne nous cachons pas…”
Élus députés lors des élections d’octobre, les deux hommes ont vu leurs mandats annulés vendredi, ce qu’ils refusent de reconnaître. Alors que la police est arrivée à leur domicile dans la matinée, sans les trouver, les deux hommes sont apparus au côté du président Andrzej Duda lors d’une cérémonie.
Dans l’après-midi, ils ont fait une déclaration dans la cour du Palais présidentiel. “Nous ne nous cachons pas, nous sommes ici avec le président, nous savons que des forces de police sont rassemblées à proximité de la présidence afin de nous arrêter”, a déclaré Mariusz Kaminski. “Si nous finissons en prison, nous serons des prisonniers politiques”, a-t-il ajouté, sans préciser si lui et son collaborateur comptaient quitter la présidence.
Le chef du gouvernement pro-européen a, quant à lui, indiqué que personne n’allait utiliser la force contre la présidence, accusant “le camp politique qui a gouverné la Pologne pendant huit ans” d’avoir provoqué “un chaos juridique sans précédent”.