2024-08-01 16:48:01
Lors du Forum économique mondial de 2024 à Davos, Li Qiang, en tant qu’invité chinois de plus haut rang, a souligné que la Chine est un pays digne de confiance, qui respecte les traités internationaux et prône un système multilatéral fondé sur des règles. La Chine continuera d’être le moteur du développement économique mondial et restera ouverte aux investisseurs étrangers. Dans le même temps, la Chine vise un leadership technologique mondial dans des domaines clés avec la double stratégie de la Nouvelle Route de la Soie et du Made in China 2025. Il veut ériger son système capitaliste d’État en modèle alternatif de prospérité et ainsi déstabiliser l’Occident. L’UE ne doit pas répondre à la stratégie protectionniste et interventionniste de la Chine par un protectionnisme indifférencié et un déni des valeurs occidentales, mais elle ne doit pas non plus être naïve. Il est essentiel de renforcer votre propre compétitivité et votre coopération internationale.
Après de très bonnes années, le développement économique de la Chine a récemment été décevant. Outre une augmentation rapide de la dette privée et publique, la République populaire est aux prises avec une crise immobilière. La confiance de la population chinoise, mais aussi des entreprises étrangères, a considérablement diminué en raison des mesures drastiques prises pendant la pandémie du coronavirus. À cela s’ajoutent les tensions géopolitiques, l’incertitude juridique et l’influence croissante du gouvernement chinois sur l’économie. En outre, les États-Unis, le Canada et l’Europe en particulier réduisent les risques vis-à-vis de la Chine en se diversifiant davantage, d’une part, mais aussi en prenant des contre-mesures protectionnistes, d’autre part. Les conséquences sont une baisse des exportations et des investissements directs chinois. Au troisième trimestre 2023, pour la première fois, les investisseurs ont retiré de Chine plus de ressources financières qu’ils n’en ont afflué vers le pays.
Avec sa double stratégie Nouvelle Route de la Soie et Made in China 2025, la Chine poursuit non seulement des objectifs économiques et technologiques, mais aussi des objectifs politiques et militaires, notamment pour trouver de nouveaux alliés pour un ordre mondial multipolaire et propager son propre capitalisme d’État. système comme nouveau modèle de prospérité. L’objectif de la stratégie Made in China 2025 est de devenir un leader mondial sur le marché et en technologie dans dix secteurs clés, dont les technologies de l’information, l’automatisation, la technologie médicale et les énergies renouvelables, d’ici 2049 (100 ans après l’arrivée au pouvoir du Parti communiste). Dans le cadre de la Nouvelle Route de la Soie, la Chine réalise depuis 2013 des projets d’infrastructures dans le monde entier.
Si cette double stratégie a bien fonctionné dans les années 2010, elle n’a connu aucun succès depuis le début de la pandémie du coronavirus. Le nombre de fusions et acquisitions chinoises en Europe a considérablement diminué, tout comme les investissements chinois dans les infrastructures. En outre, le projet de la Route de la Soie est perçu de plus en plus d’un œil critique en Occident, car on craint que les petits pays ne deviennent dépendants de la Chine. Certains pays se sont donc retirés.
Depuis que la Chine a rejoint l’OMC en 2001, l’attitude relativement naïve de l’Occident à son égard a changé. Il y a eu une renaissance de la politique industrielle qui cherche à promouvoir les « industries du futur » dans le pays, et les règles en matière de rachats et de fusions ont été renforcées pour empêcher les entreprises chinoises d’acquérir des majorités dans les infrastructures critiques. En outre, l’UE a introduit des contrôles stricts des subventions avec ce qu’on appelle le « Règlement sur les subventions étrangères » afin de limiter les effets de distorsion des investissements publics étrangers sur le marché intérieur de l’UE. Avec la stratégie de connectivité lancée en 2018, qui a été relancée sous le nom de Global Gateway en 2021, l’UE a également apporté sa propre réponse à la nouvelle route de la soie. D’ici 2027, 300 milliards d’euros seront disponibles pour combler le déficit d’investissement mondial dans l’intérêt stratégique de l’UE. L’attribution des fonds d’investissement est liée aux exigences en matière d’État de droit et de démocratie ainsi qu’aux normes sociales et environnementales. Il reste à voir dans quelle mesure les pays bénéficiaires sont prêts à se conformer à ces exigences ou à préférer l’alternative chinoise, largement inconditionnelle.
La rivalité du système chinois place l’Occident face à un dilemme réglementaire : d’une part, l’Occident doit empêcher la Chine d’imposer ses règles du jeu ou de perdre face à des pratiques déloyales. D’un autre côté, les mesures protectionnistes telles qu’une politique industrielle excessive, des droits de douane ou des restrictions sur les investissements directs contredisent l’ordre concurrentiel d’une économie de marché libérale. La balance ne doit pas basculer vers le protectionnisme et le déni des principes occidentaux. Les interventions interventionnistes ne doivent avoir lieu que dans des cas bien fondés, étroitement et clairement définis. Le fait que de plus en plus de partenaires de la Nouvelle Route de la Soie et de Made in China 2025 tournent le dos à Pékin en raison de leur déception économique ou de leur indignation politique, plaide également en faveur d’une plus grande retenue dans les mesures interventionnistes. Pour ces pays, la Chine s’est désenchantée.
Au lieu de répondre au manque de liberté par le manque de liberté, l’UE devrait renforcer sa propre compétitivité en créant des conditions-cadres favorables à la croissance et en investissant dans la numérisation, la protection du climat et l’éducation. Il est également important de conclure des accords de libre-échange avec des personnes partageant les mêmes idées. L’UE devrait profiter de la faiblesse actuelle de la Chine pour renforcer sa propre position de négociation. Elle peut ainsi passer de la défensive à l’offensive et souligner l’attrait du modèle occidental de prospérité.
Un avis: Cette note d’orientation a été créée sur la base de la réunion ECONWATCH « Marchés ouverts contre capitalisme d’État : comment gérer le système rival de la Chine avec le Dr. Christian Geinitz (FAZ).
Articles de blog sur le sujet :
Henning Klodt (IfW, 2024) : Les subventions chinoises. Accepter ou refuser ?
Jörn Quitzau (Bergos, 2022) : Chine – D’un moteur de croissance à un facteur de risque
Podcast sur le sujet :
Chine : d’abord moteur de croissance, désormais facteur de risque
Dr. Jörn Quitzau (Berenberg) en conversation avec Prof. Dr. Marc Taube (Université de Duisbourg-Essen)
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