Article invité sur la politique scientifique : les icebergs à venir

Article invité sur la politique scientifique : les icebergs à venir

2023-09-13 08:01:30

HSi Edward John Smith avait pu regarder plus loin, un léger tour de volant aurait suffi. Mais le capitaine du Titanic a aperçu l’iceberg trop tard pour modifier le cap de son navire. La leçon tirée du naufrage de ce qui était alors le plus grand navire à passagers du monde se lit comme un truisme : si vous voulez éviter les dangers, vous devez les reconnaître tôt et réagir à temps.

La science joue aujourd’hui un rôle important à cet égard. Il doit identifier les risques, proposer des mesures préventives et, dans le meilleur des cas, élaborer des solutions. Ce dernier objectif a été atteint de manière impressionnante lors de la crise du Covid, grâce au développement rapide de vaccins. Toutefois, cela était moins vrai pour la prévention.

Ni la science, ni la politique, ni les autorités n’étaient bien préparées à l’urgence d’une zoonose qui se propagerait à l’échelle mondiale. La pandémie a pris le monde par surprise et a révélé de nombreuses connaissances et, surtout, des déficits de mise en œuvre. En Allemagne, par exemple, il est apparu clairement qu’il manquait une infrastructure de données qui permettrait, par exemple, d’équilibrer les lits de soins intensifs, de registres de vaccination ou de partager efficacement les informations médicales pertinentes entre les secteurs ambulatoires et hospitaliers.

Des changements radicaux sont imminents

La politique et le système scientifique allemand doivent être mieux préparés aux crises. La science elle-même doit faire face à des changements radicaux : pour la première fois depuis longtemps, le budget du ministère fédéral de la Recherche diminue. Même si les investissements dans la recherche et le développement restent importants pour la Confédération et ne proviennent pas uniquement du budget du ministère de la Recherche, l’époque de la croissance constante pourrait être révolue dans un avenir prévisible compte tenu de l’augmentation des coûts liés à la lutte contre les conséquences du changement climatique et des dépenses de sécurité plus élevées.

À cela s’ajoute le changement démographique, qui s’accompagne d’une baisse du nombre d’étudiants et donc d’une future pénurie de travailleurs qualifiés, y compris dans le domaine scientifique. D’autres problèmes incluent, par exemple, la menace d’une dépendance numérique à l’égard des entreprises mondiales, la gestion du concurrent déclaré de la Chine et la concurrence en général, dans laquelle l’Allemagne et l’Europe ont perdu du poids.

Il est donc important d’éviter non pas un, mais plusieurs icebergs. Comme les géants océaniques, les systèmes complexes ne répondent aux impulsions de contrôle qu’avec un certain retard. Les corrections de cap doivent donc être apportées rapidement et avec prévoyance. Construire une capacité informatique allemande et européenne suffisante pourrait réduire la dépendance numérique et renforcer l’Europe en tant que site d’intelligence artificielle. La qualité et l’efficacité de l’enseignement doivent être améliorées et une carrière scientifique doit devenir plus attractive.

Changement de paradigme dans le secteur de la santé

Dans le secteur de la santé, un changement de paradigme de la médecine réparatrice à la médecine préventive pourrait non seulement produire de la qualité mais aussi réduire les coûts. L’IA, qui sert à rendre plus efficaces les processus de travail complexes et parfois monotones dans les instituts de recherche et à créer ainsi plus d’espace pour la recherche créative, pourrait également être utile. Le système dans son ensemble doit devenir plus flexible et plus maniable. Réduire la bureaucratie au lieu de maximiser les règles doit être le principe directeur.

Le Conseil scientifique travaille actuellement sur des recommandations appropriées pour le développement ultérieur du système scientifique. Nul besoin d’une boule de cristal pour prédire que, comme par le passé, la ressource critique ne sera pas la quantité d’idées intelligentes, mais leur mise en œuvre malgré des budgets serrés.

Par conséquent, quels que soient les pourcentages d’augmentation budgétaire promis, la science et la politique doivent chercher des moyens d’utiliser les ressources disponibles de manière intelligente et efficace pour surmonter les défis décrits.

Nous devons investir dans la qualité et la créativité ainsi que dans les domaines d’avenir dans lesquels l’Allemagne et l’Europe ne doivent pas être laissées pour compte, mais doivent être leaders. Seul un système scientifique fort et compétitif au niveau international peut remplir son rôle en aidant à faire face aux crises ou, mieux encore, en les prévenant.

L’auteur est directeur général de la clinique neurologique de l’hôpital universitaire de Heidelberg et président du Conseil scientifique.



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