Au total, les États membres de l’UE devraient réduire les salaires annuels d’un million d’infirmières ou de 1,5 million d’enseignants l’année prochaine.

Au total, les États membres de l’UE devraient réduire les salaires annuels d’un million d’infirmières ou de 1,5 million d’enseignants l’année prochaine.

Un âne ne frappe pas deux fois la même pierre. Mais dans le débat sur les règles budgétaires européennes, c’est exactement ce que les États membres européens risquent de faire. Les politiques d’austérité strictes et dogmatiques qui ont suivi la précédente crise financière et économique ont détruit la prospérité, la croissance et l’emploi en Europe. C’est une erreur que nous ne devons pas répéter.

Revenons à la première moitié de la décennie précédente. La crise bancaire, qui s’est propagée depuis les États-Unis en 2008, a dégénéré en une véritable crise financière en Europe, puis en crise de la dette. Le sauvetage des banques et la grande incertitude ont encore fait dérailler les finances publiques dans toute l’Union européenne. Pour maîtriser cette situation, des règles budgétaires de grande envergure ont été introduites. Il fallait réduire les dettes. Sauvegarder, sauvegarder, sauvegarder est devenu le nouvel ordre de marche.

Les États membres l’ont d’abord fait en réduisant les dépenses et les investissements sociaux. Cette réflexion à court terme a eu son effet. Les États membres européens se sont dirigés directement vers une récession. Le fait que presque tous les États membres ont commencé à réaliser des économies en même temps a encore aggravé la récession.

La politique sociale et les investissements publics en ont été particulièrement les victimes. Entre 2009 et 2013, plus de 110 milliards d’euros d’investissements dans les écoles, les soins de santé et les nouvelles infrastructures ont été supprimés.

3 000 euros par Européen

Environ 1,35 billion d’euros. C’est ce que dix ans d’économies dogmatiques ont coûté aux citoyens européens. Cela représente 3 000 euros par habitant de l’Union européenne, selon les calculs de l’ONG européenne Finance Watch. Chaque année encore. Cette hache émoussée n’a pas seulement eu des conséquences pour les citoyens, elle a également affecté la résilience de l’Union européenne et de notre économie face à de nouveaux chocs.

Nous ne l’avons vu que bien plus tard. Pendant la pandémie, par exemple, lorsque des années d’économies ont mis les systèmes de santé de nombreux États membres européens aux prises avec le coronavirus. Ou lors de la crise énergétique, lorsque l’incapacité des gouvernements à investir dans l’énergie durable et la rénovation des maisons a fait exploser les factures d’énergie.

Avec dix ans d’épargne dogmatique, sans aucune vision sur l’importance des investissements sociaux et durables, l’Union et les États membres se coupent la peau.

Vieux fantômes

Ces dernières années, la politique d’austérité a été suspendue. En temps de crise, les gouvernements ne peuvent pas se permettre de lésiner sur les politiques de relance. Nous avions appris cette leçon de toute façon. Mais aujourd’hui, le spectre de l’austérité hante à nouveau l’Union européenne.

Cette semaine, les dirigeants des gouvernements européens se réuniront à Bruxelles pour discuter de la révision des règles budgétaires. En réalité, la proposition actuelle ne changera probablement pas grand-chose. Selon leur proposition, les pays ayant un déficit budgétaire supérieur à 3 pour cent doivent encore réduire leur dette de 0,5 pour cent du PIB. Les investissements ne bénéficient d’aucun traitement différent.

Si ces règles sont introduites, la majorité des États membres seront dans le même temps contraints de se serrer sévèrement la ceinture. Au total, les États membres devraient économiser l’année prochaine les salaires annuels d’un million d’infirmières ou d’un million et demi d’enseignants. Et ils y parviendront en réduisant une fois de plus les investissements publics, sociaux et durables.

Tourné vers le futur

L’Union européenne ne doit pas se limiter au rôle de comptable strict qui régule les déficits et les excédents. L’Europe a besoin d’une politique budgétaire à part entière. Une politique qui, d’une part, permet aux États membres d’œuvrer à la réduction de la dette, mais le fait d’une manière socialement juste et durable.

Dans les années à venir, l’Union européenne et ses États membres seront confrontés à des défis particuliers. Nous devons réduire notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles sales provenant de pays tiers et opérer la transition vers une énergie durable et abordable provenant de notre propre pays.

Nous souhaitons isoler rapidement nos maisons vétustes afin de réduire structurellement nos factures énergétiques et simultanément lutter contre nos émissions. Nous voulons construire l’économie durable de demain en Europe et créer de nouveaux emplois.

Des investissements qui soutiennent les entreprises et les familles dans la transition durable sont désespérément nécessaires. De plus, nous récupérons ces investissements. Ils créent des emplois, stimulent la prospérité, réduisent les inégalités et renforcent l’Europe sur la scène géopolitique. Les États membres doivent avoir la possibilité d’exclure ces investissements de leurs calculs budgétaires.

Dans le même temps, l’Union européenne doit renforcer son pilier social. Les crises de ces dernières années ont montré que des services publics solides, tels que les soins de santé, l’éducation et la garde d’enfants, sont essentiels pour accroître notre résilience. Cela nécessite également une politique d’investissement judicieuse.

Chacun a sa part

Le dernier élément de cette politique budgétaire concerne des impôts équitables. Chaque année, 1 000 milliards d’euros, soit un multiple du budget européen, sont perdus en Europe à cause de la fraude et de l’évasion fiscales. La concurrence fiscale organisée par certains États membres permet aux grandes entreprises, aux multinationales et aux très riches de maximiser leur capital au détriment de la société.

Mais la part de chacun n’est pas de trop. Si nous voulons partager équitablement la charge, l’Union européenne doit intensifier la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales. L’Europe a encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine.

2023-12-12 14:06:43
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