Aux États-Unis, les gaffes de Joe Biden n’amusent plus personne

Durant de nombreuses années, le président américain, Joe Biden, était présenté comme le « tonton un peu radoteur » de la politique nationale, spécialiste des gaffes et formules alambiquées mais les inquiétudes sur son âge ont totalement changé la donne.

Le point de bascule : sa prestation calamiteuse lors du débat face à son concurrent républicain, Donald Trump, le mois dernier, où 50 millions de téléspectateurs l’ont vu enchaîner les moments d’absence, être incapable de terminer ses phrases et se perdre dans ses formules.

Ses difficultés de communication ne sont pourtant pas une nouveauté et trouvent notamment leurs origines dans le bégaiement dont il souffre depuis l’enfance, qu’il a appris à contrôler mais qui parfois revient à la surface.

Ces problèmes d’élocution lui ont toujours valu une certaine réputation de politicien à la fois verbeux et gaffeur, durant son demi-siècle de carrière politique, en tant que sénateur puis vice-président de Barack Obama.

Au fil de ces décennies, Joe Biden, désormais âgé de 81 ans, s’est taillé l’image d’une figure majeure du Sénat, où les législateurs peuvent parler durant des heures, devant une chambre à moitié vide et sans personne pour les arrêter, une pratique dont il est devenu l’un des visages.

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« Je tiens à souligner que, peut-être pour la première fois dans l’histoire, Joe Biden est 40 secondes sous son temps de parole », soulignait ainsi en 2006 le président d’une des commissions du Sénat, après une intervention de 30 minutes.

Cette propension à trop s’exprimer est l’une des causes de sa défaite lors des primaires démocrates de 1988, où il a cependant gagné en notoriété pour ses anecdotes de vie, tels que ses trajets en train ou son enfance à Scranton, en Pennsylvanie (est), sujets qu’il apprécie toujours aujourd’hui.

Sa seconde tentative, en 2008, lui vaudra le surnom de « tonton un peu radoteur » de la part de l’acteur Robin Williams : « Joe est comme votre oncle qui vient de tester un nouveau médicament et n’a pas encore le bon dosage. »

« Impitoyable »

Devenu vice-président en 2009, les échos de la Maison Blanche soulignent les moqueries régulières de la part des conseillers du président Obama au sujet du manque de style rhétorique et de précision de Joe Biden.

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« Je ne me souviens pas exactement à quoi Joe a fait référence, sans grande surprise », a même déclaré M. Obama lors de sa première conférence de presse en tant que président.

Mais après huit ans de vice-présidence puis le tumultueux mandat du républicain Donald Trump, les approximations verbales de Joe Biden ont été vues comme une facette familière et innocente de la vie politique américaine.

« Divaguer, trébucher, marmonner, c’est quelque chose de commun à de nombreuses personnalités politiques, même parmi les plus respectées, et Joe Biden en fait partie », souligne Robert Thompson, professeur à l’Université de Syracuse en culture populaire et médias.

« Mais ce n’est pas ce que nous avons vu, de manière crue et inoubliable, durant le débat », estime-t-il, interrogé par l’AFP.

À l’écran, le président américain ne s’est pas seulement montré vague ou imprécis, il a semblé à bout de souffle, alors qu’il marmonnait, et parfois hagard.

Depuis, souligne M. Thompson, ses moindres faits et gestes sont scrutés, les journalistes politiques à Washington se montrant doublement vigilants après avoir essuyé une bordée de critiques sur leur incapacité à porter à l’attention du public l’état du président avant le débat.

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« Il est juste stupéfiant de voir tout le pays, même les journalistes les mieux informés, être choqués par la réalité crue et douloureuse de la performance de M. Biden lors du débat », a écrit Jill Abramson, ex-rédacteur en chef du New York Times, sur le site Semafor.

Cela force Joe Biden à être irréprochable désormais, comme l’a de nouveau souligné la conférence de presse donnée à l’issue du sommet de l’OTAN, à Washington et durant laquelle ses moindres bourdes ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux.

« Les présidents font sans arrêt des gaffes », nuance pourtant Matt Dallek, professeur à l’Université George Washington, « mais à cause de sa performance lors du débat, la moindre bourde prend d’énormes proportions ».

Il fut un temps où parler de M. Trump comme de son « vice-président » était vite oublié mais ce n’est plus le cas.

« Donald Trump utilise tout ça pour moquer votre âge et l’état de votre mémoire. Comment combattre ce type de critiques ? », lui a demandé un journaliste après une nouvelle gaffe.

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