Aux petits soins des plaisanciers – Entre modernité et tradition, le chantier naval de Corsier-Port navigue au rythme des saisons. En été, il fait office de marina avec son port à sec, tandis qu’en hiver, il restaure de vieux bateaux.

Aux petits soins des plaisanciers – Entre modernité et tradition, le chantier naval de Corsier-Port navigue au rythme des saisons. En été, il fait office de marina avec son port à sec, tandis qu’en hiver, il restaure de vieux bateaux.

Aux petits soins des plaisanciers

Au chantier naval de Corsier-Port, on vit au rythme des saisons: en été, on gère une marina hypermoderne, et en hiver, on restaure de vieux bateaux.

Publié aujourd’hui à 05h15

La marque Corsier-Port, issue du chantier naval éponyme, a eu son heure de gloire dans les années 50-60. La production a cessé dans les années 70, mais on y restaure toujours d’anciens bateaux.

FRANK MENTHE

En ce début juillet, où la saison de la navigation de plaisance bat son plein, on s’active sans relâche au chantier naval de Corsier-Port. L’endroit qui, en été, fait principalement office de marina, est ouvert sept jours sur sept pour permettre aux plaisanciers de disposer de leurs bateaux à leur gré. “Le week-end dernier, je crois que nous avons battu notre record d’affluence, se réjouit Serge Patry, l’un des deux patrons du chantier naval. Nous avons mis à l’eau et rentré plus de cinquante bateaux en une journée.”

La particularité de cette marina, c’est que la plupart de ses places ne se trouvent en effet pas sur le lac, mais bien sur le plancher des vaches, dans un vaste hangar. Quand ils ne naviguent pas, les canots à moteur y sont remisés sur des sortes de grandes étagères, où on les hisse à l’aide d’une imposante machinerie.

En été, le chantier naval fait principalement office de marina, avec un port à sec, où les canots à moteur sont remisés dans un vaste hangar.

FRANK MENTHE

Entre modernité et tradition

On appelle ça un port à sec. Deux longs bras se faufilent sous la coque de l’embarcation pour la sortir de l’eau. Cette espèce d’énorme monte-charge glisse ensuite sur des rails et pivote afin d’amener le bateau jusqu’à son espace de rangement. L’opération ne prend que quelques minutes. Le hangar peut abriter plus de soixante-dix canots, une façon ingénieuse de répondre au manque de places d’amarrage à Genève. Par ailleurs, pendant la saison froide, il y a en tout près de 300 bateaux qui sont entreposés sur le site pour l’hivernage.

Voilà près de quinze ans que Serge Patry et son associé, Thierry Plojoux, ont repris l’activité. Aucun des deux n’était du métier, mais en devenant patrons de ce chantier naval – qui est l’un des plus anciens de Suisse romande – ils ont en quelque sorte perpétué l’héritage familial: l’entreprise appartenait à la famille de Thierry Plojoux depuis les années 30, et le père de Serge Patry en a été l’administrateur.

Avec son port à sec, une des rares installations du genre autour du Léman, le chantier naval de Corsier-Port navigue entre modernité et tradition. Car il n’a pas renié son passé (lire ci-dessous) même s’il ne fabrique plus les canots à moteur classiques qui ont fait sa renommée.

Les bateaux sont entreposés sur des sortes de grandes étagères, où on les hisse grâce à une imposante machinerie.

FRANK MENTHE

Un savoir-faire préservé

La production a été abandonnée dans les années 70, mais le savoir-faire est resté, puisqu’on continue d’entretenir et de retaper des bateaux – notamment ceux en bois – dans le bâtiment d’origine, classé pour sa valeur patrimoniale. En ce moment, cinq bateaux, dont un voilier, y sont en cours de restauration. Tous ont vu le jour dans ce chantier naval, à diverses époques.

Certains étalent dans un tel état qu’il faut presque entièrement les reconstruire, à l’instar du canot “Ida”. Construit à Corsier-Port en 1913, il a été récemment retrouvé en Angleterre – toujours muni de son moteur d’origine – et racheté par la Fondation MJVP 1909. Liée au chantier naval, celle-ci a pour but de préserver le patrimoine industriel genevois du début du XXe siècle, notamment dans le domaine du nautisme.

“Je préfère de loin travailler sur des bateaux en bois. Le polyester, ça n’est pas un matériau vivant. Sur une coque en bois, chaque pièce est unique.” Pierre Foin, constructeur de bateaux

“Sur “Ida”, nous avons refait la quille et changé toutes les membrures cassées”, explique Pierre Foin, l’un des constructeurs de bateaux du chantier. “On essaie d’avoir un résultat aussi proche que possible de l’original.” Cet ancien ébéniste avoue préférer de loin travailler sur des bateaux en bois: “Le polyester, ça n’est pas un matériau vivant. Sur une coque en bois, chaque pièce est unique.”

Travaux saisonniers

En été, ces travaux se font toutefois au ralenti, les constructeurs, les mécaniciens et le peintre étant affectés eux aussi aux tâches de la marina.

Le chantier naval Corsier-Port a déjà formé de nombreux apprentis durant son existence. “Mais le métier n’attire plus autant que par le passé”, constate Serge Patry.

La grande époque des canots à moteur

Le chantier naval de Corsier-Port a été fondé en 1909 par Jules Mégevet pour y construire des bateaux à moteur de course. Passionné de motonautisme, l’industriel genevois s’est notamment illustré en battant des records du monde aux meetings internationaux de Monaco, au début du XXe siècle.

La marque de canots à moteur Corsier-Port a eu son heure de gloire dans les années 50-60. Elle comptait alors parmi sa clientèle l’acteur hollywoodien Yul Brynner et le roi de Thaïlande. Mais dans les années 70, quand les coques en fibre de verre ont remplacé celles en bois, la construction de bateaux à proprement parler a cessé. “Le grand-père de mon associé n’a pas voulu fabriquer des bateaux en plastique, raconte Serge Patry. À raison.”

En 2009, pour célébrer ses cent ans, le chantier naval a brièvement renoué avec son histoire de constructeur de bateaux. Un prototype de canot à moteur, au design futuriste, a été construit pour un mécène. “Nous venions de reprendre le chantier naval et voulions savoir ce que cela signifie de construire un bateau de A à Z”, confie Serge Patry.

Antoine Grosjean est journaliste à la rubrique genevoise depuis 2001. Il couvre l’actualité régionale, notamment dans les domaines de l’environnement, des enjeux climatiques et de la transition énergétique. Il a aussi travaillé plusieurs années à la rubrique Suisse.

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