avec « Maltempo », Alfred clôt sa trilogie italienne

avec « Maltempo », Alfred clôt sa trilogie italienne

Dix ans nous séparent de « Come Prima », premier récit solo du dessinateur Alfred, album dont le succès public et critique, Fauve d’or au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, a littéralement changé sa vie. Dix ans que cet album profondément personnel, deux frères pour un « road trip en Fiat 500 », né des carnets qu’il remplissait lorsqu…

Dix ans nous séparent de « Come Prima », premier récit solo du dessinateur Alfred, album dont le succès public et critique, Fauve d’or au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, a littéralement changé sa vie. Dix ans que cet album profondément personnel, deux frères pour un « road trip en Fiat 500 », né des carnets qu’il remplissait lorsqu’il vivait en Italie, continue de vivre entre BD, concerts, et adaptation en long-métrage. Alfred n’en avait cependant pas fini avec ce pays au sein duquel plongent ses racines familiales. « Senso » a vu le jour en 2019. « Maltempo » vient compléter cette « trilogie italienne ».

Inutile d’y chercher une continuité. Les albums d’Alfred sont des instantanés d’Italie. Des fictions sensibles dont le seul pont commun est de puiser à la mémoire de l’auteur. Musiques, conversations, architectures, sensations… Les sources sont multiples, soigneusement notées dans ses carnets « vide tête », « terreau affectif » sur lequel se développent ses intrigues.

Quitter le village

« Maltempo » suit les efforts de Mimmo, ado issu d’une famille pauvre, qui tente de reconstituer son groupe de rock pour participer à un radio-crochet. Et quitter enfin le village dans lequel il se sent enfermé, entre mafia et pauvreté, dans l’Italie de la fin des années 1980. Cette Italie de la débrouille si bien décrite par le cinéma social des sixties. Au sein du groupe, chacun s’attache, à sa manière, à devenir quelqu’un d’autre. Mais il y a la famille. Et les filles. Tous, à la croisée des chemins, vont devoir faire des choix.


Alfred, en 2021, lors d’une exposition personnelle au musée Marzelles de Marmande (47).

Carine Caussieu

L’auteur se projette dans chaque personnage, à qui il offre un peu de lui-même, les menant à ce point où leurs vies basculent. Alfred, lui-même musicien, introduit un rythme particulier à ce nouveau livre. « J’ai pensé un temps le structurer comme une chanson, avec un refrain, sourit-il. Mais ce n’était pas satisfaisant. » La musique fait malgré tout résonner le récit comme elle aurait plus le faire de sa vie. « J’étais partagé entre la guitare et le dessin », confesse-t-il. L’enfant dessinait dans les coulisses du théâtre dans lequel jouaient ses parents comédiens. L’ado jouait de la guitare avec son cousin, écrivait des chansons en italien « pour épater les filles ». « Mais le dessin était trop ancré en moi. »

« J’ai souhaité aller vers l’essentiel. Moins d‘éléments, moins de détails, pour dire plus de choses »

Tentation de l’épure

Reste ce sens de l’impro qui guide son travail depuis des années. Pour « Come Prima », il avait écrit un synopsis, parti à la poubelle. Il en avait reconstruit l’intrigue de manière plus spontanée, la structure en tête, l’émotion pour moteur. « Maltempo » est de la même veine. Il en a testé les contours à haute voix, enrichissant la trame, explorant de nouvelles voies.

Le dessin s’adapte, son style toujours plus simplifié, tentation de l’épure. « J’ai souhaité aller vers l’essentiel. Prendre exemple sur le théâtre, où un tabouret peut faire office de scooter. Moins d‘éléments, moins de détails, pour dire plus de choses. » L’expression d’une maturité artistique. « Il y a dix ans, je n’aurais pas pu le faire. »

« Maltempo », par Alfred, éd. Delcourt. 184 p. 23,95 €.

2023-11-09 18:03:03
1699543071


#avec #Maltempo #Alfred #clôt #trilogie #italienne

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.