Baisse de régime de Pauline Peyraud-Magnin : la gardienne des Bleues doit se ressaisir pour aller loin

Elle est entrée dans les vestiaires du Suncorp Stadium de Brisbane avec une expression sévère, pressée d’aller sous la douche, visiblement énervée, probablement déçue. Après la victoire des Françaises contre le Brésil (2-1), la gardienne tricolore se démarquait du reste de l’équipe, dont les visages rayonnaient de bonheur. Il faut dire que sa performance a été bien en deçà de la performance collective globalement satisfaisante de l’équipe. En première mi-temps, la gardienne de la Juventus a accumulé les erreurs et les lenteurs dans le jeu au pied, causant plusieurs frayeurs à son équipe. Si elle n’a rien pu faire sur l’égalisation de Debinha (58e), il y a également eu ce moment étrange de confusion plus tard dans la deuxième mi-temps. Sur un long ballon brésilien à la 79e minute, l’ancienne gardienne de l’OL et de l’OM n’est pas sortie, obligeant sa défense à revenir plusieurs fois pour arrêter l’offensive sud-américaine.

Les Bleues vont avoir besoin de la meilleur performance de Pauline Peyraud-Magnin
En somme, un match sans pour la gardienne qui a également défendu les couleurs d’Arsenal et qui a pris la succession de Sarah Bouhaddi en équipe de France depuis 2020. Alors que la gardienne avec 8 Ligues des champions avait pris sa retraite internationale après une brouille avec Diacre, avant de revenir sur sa décision, elle se lamente désormais, à travers des tweets réguliers, de regarder cette Coupe du Monde depuis son canapé. Elle sait pourtant que Peyraud-Magnin ne lâchera pas sa place de sitôt.

Interrogé ce mardi au Sydney Football Stadium sur la possibilité de faire jouer Constance Picaud, future numéro 1 du PSG, pour le troisième match de phase de groupe contre le Panama, Hervé Renard a indiqué que la joueuse avec 43 sélections gardera probablement sa place dans les cages malgré tout. “Le poste de gardienne est spécial. Ce qu’il faut prendre en considération, c’est que nous ne sommes pas encore qualifiés avant ce troisième match. Ce n’est pas la même chose lorsque nous sommes déjà qualifiés pour le prochain tour, lorsque nous n’avons pas de pression”, a déclaré l’homme en chemise blanche.
“Nous sommes toujours dans la compétition, nous avons seulement 4 points, restons concentrés. Une joueuse de haut niveau est capable de renouveler ses efforts le plus souvent possible”, a-t-il ajouté. Et c’est justement parce qu’il faudra compter sur la meilleure performance possible de Pauline Peyraud-Magnin jusqu’au bout, même lorsque le travail se raréfie comme contre la Jamaïque, que cette baisse de régime soudaine face au Brésil interroge.

Pour aller loin en Australie, l’équipe de France aura besoin de son meilleur niveau de jeu. Malgré l’émergence de Picaud, qu’il avait titularisée contre le Canada en avril pour raviver la concurrence, Hervé Renard n’a pas surpris en choisissant Peyraud-Magnin comme numéro 1 dans la hiérarchie des gardiennes. “Pourquoi le coach l’a choisie, je ne pourrai pas le dire, je ne suis pas dans sa tête. Mais je comprends parce qu’elle a toutes les qualités pour être numéro 1 en équipe de France et dans son club”, a déclaré la numéro 3 Solène Durand lors d’une conférence de presse commune le 19 juillet. Elle a tissé de véritables liens d’amitié en dehors du terrain avec Peyraud-Magnin.

“Quand on est dans une équipe, que ce soit en club ou en sélection, il y a une rivalité qui s’installe. Parfois c’est une bonne rivalité, parfois c’est une mauvaise rivalité. Avec Pauline, nous avons toujours eu une bonne mentalité, c’est un plaisir de travailler avec elle”, a déclaré la gardienne de Sassuolo. “C’est la première fois que je vis une compétition avec une concurrence aussi saine au sein du groupe”, a ajouté Picaud.

“Elle n’a pas eu une carrière facile, elle est arrivée sur le tard et elle a su faire ses preuves, mais j’apprends vraiment grâce à elle”, a poursuivi la gardienne du PSG à propos de celle qui est longtemps restée dans l’ombre à Lyon, avant de briller à Issy, puis à Saint-Etienne, et de confirmer à Marseille lors de la montée du club en D1.

Une joueuse “dans son monde”
“C’est une joueuse qui a un caractère particulier. Soyons honnêtes, elle est dans son monde”, a plaisanté Durand, soulignant combien la native de Lyon l’a soutenue lorsqu’elle a été victime d’une rupture des ligaments croisés en 2022. Un soutien qu’elle lui a rendu l’été dernier lors de l’Euro, lorsque Peyraud-Magnin a perdu subitement sa compagne.

Malgré ce drame, elle a tenu son rôle en Angleterre, contribuant pleinement à la progression des Bleues jusqu’en demi-finale, solide sur sa ligne, rassurante dans les airs avec sa taille de 1,75 mètre, et seulement vaincue par une Alexandra Popp insatiable. Un travail collectif avec les autres gardiennes qui affiche une belle complicité. “Personnellement, j’observe beaucoup les coéquipières autour de moi, qui ont des qualités différentes des miennes. Pouvoir apprendre des personnes qui vous entourent est important”, a déclaré la principale intéressée avant de participer à son premier Mondial.

“Je fais tout pour l’équipe, en oubliant parfois moi-même, si le collectif est fort, nous serons fortes”, a-t-elle souligné pour mettre en avant l’importance d’un groupe solidaire. A-t-elle été submergée par la pression lors de ce premier choc contre le Brésil, dans une enceinte surchauffée ? La trentenaire ne doit en tout cas pas être trop dure avec elle-même après le match, consciente des lacunes qu’elle a pu montrer, mais sans exagérer non plus. Ses hésitations n’ont pas eu de conséquences, et elle essaiera de rebondir, peut-être dès ce mercredi à Sydney, pour rappeler à tous ceux qui en doutaient que c’est bien elle la chef.
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