La police bangladaise a tiré samedi à balles réelles sur des manifestants qui ont défié le couvre-feu dans la capitale, Dhaka, tandis que les forces armées se sont massivement déployées dans les villes du pays pour contenir les manifestations en cours contre le gouvernement.
Au moins une personne a été blessée alors que des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le quartier résidentiel de Rambora, défiant le couvre-feu annoncé par le gouvernement qui est entré en vigueur hier soir à minuit pour tenter de contenir les troubles.
Alors que l’ambassade américaine à Dhaka parlait hier de « centaines, voire milliers de blessés », le porte-parole de la police métropolitaine, Farouk Hussein, a rapporté qu’au moins 300 policiers avaient été blessés lors des affrontements qui ont eu lieu hier avec des manifestants dans plusieurs endroits de Dhaka.
Le porte-parole a indiqué qu'”au moins 150 policiers ont été transportés à l’hôpital et 150 autres ont reçu les premiers soins”, soulignant que les forces de l’ordre ont affronté “des centaines de milliers” de manifestants lors d’affrontements qui ont fait au moins 105 morts.
L’armée a été déployée en force aujourd’hui dans les villes du Bangladesh à la demande du Premier ministre Sheikh Hasina Wajid, après que la police n’a pas réussi à contrôler les troubles. Le ministre de l’Intérieur, Asaduzzaman Khan, a déclaré que du personnel militaire serait déployé dans la capitale, Dhaka, et dans d’autres régions.
L’attaché de presse du cabinet du Premier ministre, Naeemul Islam Khan, a déclaré que le gouvernement avait décidé d’imposer un couvre-feu et de déployer l’armée pour assister les autorités civiles.
Les rues de Dacca semblaient presque vides samedi à l’aube, et l’armée effectuait des patrouilles de soldats et de véhicules blindés dans la vaste capitale de 20 millions d’habitants.
La suspension des services d’Internet et de messagerie texte, entamée jeudi, a continué d’isoler le Bangladesh du monde, tandis que la police a pris des mesures strictes face aux manifestations qui se sont poursuivies malgré l’interdiction des rassemblements dans les lieux publics.
Les troubles à travers le pays ont d’abord éclaté à cause de la colère des étudiants face au nouveau système gouvernemental de quotas d’emploi qui prévoyait une allocation de 30 pour cent aux membres des familles des combattants qui ont pris part à la guerre de sécession du Pakistan en 1971.
Au cours des derniers jours, la police a tiré des gaz lacrymogènes et lancé des grenades assourdissantes pour disperser les manifestants lors des troubles qui se sont propagés à travers le pays, alors que les manifestants affrontaient le personnel de sécurité, leur jetaient des briques et incendiaient des véhicules.
Les manifestations, les plus importantes depuis la réélection de Cheikh Hasina pour un quatrième mandat consécutif cette année, ont été intensifiées par le taux de chômage élevé des jeunes, qui constituent près d’un cinquième de la population d’environ 170 millions d’habitants.
Les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont critiqué la suspension du service Internet et les actions des forces de sécurité. L’Union européenne s’est dite profondément préoccupée par la violence et les pertes en vies humaines.