Alors que le transport aérien est essentiel pour le développement économique et les échanges en Afrique, de nombreuses obstacles entravent sa croissance. Une enquête du journal Le Monde et de l’AFP met en lumière les politiques protectionnistes et les taxes qui rendent les voyages aériens en Afrique particulièrement coûteux.
Les “droits de trafic” restreints sont l’une des principales barrières selon les experts. Ces droits, accordés de manière limitée par les Etats, déterminent le nombre de liaisons directes et la fréquence des vols entre les pays. Une étude de l’IATA réalisée en 2021 à la demande de l’Union africaine a révélé que seulement 19% des 1 431 liaisons possibles entre les 54 pays de l’UA bénéficiaient d’au moins un vol direct par semaine. Cette situation limite fortement le réseau aérien africain, selon Linden Birns, consultant du secteur.
Les “mécanismes protectionnistes” favorisant les compagnies nationales sont également pointés du doigt. Ils entravent la concurrence et font augmenter les prix, contribuant à un trafic aérien cher et mal desservi en Afrique, comme le souligne l’analyste Guy Leitch.
En plus de ces restrictions, les taxes élevées sur le transport aérien en Afrique et le coût du kérosène, plus cher en raison des capacités de raffinage limitées sur le continent, contribuent à la cherté des billets. Malgré des initiatives de libéralisation comme le Marché unique des transports aériens africains lancé en 2018, des restrictions persistantes freinent le secteur, selon Robert Lisinge de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique.
Cette situation pénalise également le commerce intra-africain et la croissance économique. Le développement des liaisons aériennes est crucial pour désenclaver le continent, surtout dans une Afrique où les liaisons routières sont peu développées et les réseaux ferroviaires limités, comme le souligne Robert Lisinge.
Une étude de l’IATA de 2014 a montré qu’une libéralisation du transport aérien dans douze pays pourrait générer 1,3 milliard de dollars d’activité économique supplémentaire et créer 155 000 nouveaux emplois. Ces avantages sont freinés par les obstacles actuels.