Le président le plus jeune du Sénégal, le panafricaniste de gauche Bassirou Diomaye Faye, élu sur la promesse de rompre avec le système en place, prêtera serment mardi après une montée fulgurante, confronté à des défis aussi grands que les attentes placées en lui.
La passation de pouvoirs entre M. Sall et M. Faye se déroulera ensuite au palais présidentiel de Dakar.
Cette alternance démocratique, la troisième dans l’histoire du Sénégal, marque la fin de trois années de confrontation entre M. Sall et le duo gagnant de l’élection présidentielle du 24 mars : M. Faye et celui qui l’a soutenu, Ousmane Sonko, avant d’être disqualifié.
Surnommé “Diomaye” (l’honorable en sérère), M. Faye, musulman pratiquant et premier président polygame du Sénégal avec deux femmes et quatre enfants, incarne une nouvelle génération de politiciens jeunes.
Sa promesse de rupture, le soutien d’Ousmane Sonko et son humilité ont conduit à une victoire écrasante au premier tour de l’élection présidentielle avec 54,28% des voix, seulement 10 jours après sa libération de prison.
Saluée par Paris, Washington et l’Union africaine, son élection a été précédée de trois années de tensions et de troubles ayant entraîné des dizaines de morts. Le Sénégal, connu pour sa stabilité en Afrique de l’Ouest, a traversé une crise en février lorsque le président Sall a reporté l’élection, renforçant la défiance envers les dirigeants.
Admirateur de Barack Obama et Nelson Mandela, M. Faye se présente comme un panafricaniste de gauche, prônant un rééquilibrage des relations internationales.
Il souhaite le retour dans la Cedeao du Burkina Faso, du Mali et du Niger, pays sahéliens dirigés par des juntes tournées vers la Russie après avoir rompu avec la France.
Fonctionnaire des impôts grimpant discrètement les échelons aux côtés de M. Sonko, M. Faye a évoqué ses priorités après sa victoire : baisse du coût de la vie, lutte contre la corruption et réconciliation nationale.
Élu sur le désir de changement des Sénégalais, il devra relever des défis importants. Ses projets concrets restent vagues, tout comme la place réservée à M. Sonko.
Il devra former un gouvernement composé de compétents et intègres, locaux et de la diaspora, en l’absence de majorité à l’Assemblée. Des alliances seront nécessaires pour faire adopter des lois avant une éventuelle dissolution.
Ses actions seront particulièrement scrutées sur le front de l’emploi, dans un pays où 75% de la population a moins de 35 ans et un taux de chômage officiel de 20%, poussant de nombreux jeunes à fuir vers l’Europe pour échapper à la pauvreté.
